C’était en avril 2012 ! Alors que la Cédéao et la junte militaire de Kati venaient de signer un “accord cadre” pour rétablir l’ordre constitutionnel qui était suspendu depuis le 22 mars de la même année, des hommes politiques, à travers le Front pour la démocratie et la République (FDR) s’étaient levés pour dénoncer des incohérences dans ledit accord, incohérences qui, dit-on, portaient atteinte à la Constitution elle-même.
Au nombre de ces hommes politiques du FDR qui ont brillé par leur combat contre cet accord, figure Me Kassoum Tapo. Homme de robe noire émérite, l’actuel ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat a défendu la Constitution de 1992 lors d’un de ces meetings de contestation. Ce, contre le contenu de l’accord-cadre d’avril 2012. Cinq ans après, la même Constitution est mise en cause face à l’application d’un autre accord plein d’incohérences pour beaucoup.
Dans ce passage, transcrit d’une vidéo réalisée lors d’un de ces meetings de contestation en avril 2012, Me Kassoum Tapo nous dit qu’“aucun doute ne peut mettre en cause” la Constitution de 1992, Constitution qu’il est lui-même en train de combattre aujourd’hui. Lisez :
“… On a dit tolérance zéro à l’accord-cadre. Donc on ne tolère pas une interprétation de l’accord, c’est parce que à Ouaga, nous avons, avec Soumaïla Cissé, Fatoumata Siré (Diakité, paix à son âme, Ndlr), avec Tiéman Coulibaly, Amidou Diabaté et d’autres, nous avons dit que l’accord-cadre doit d’abord respecter notre Constitution.
Cette constitution de “92”, les hommes qui l’ont faite, certains sont encore là, Amidou Diabaté est là, Tiébilé Dramé est là, le Barreau malien qui était à la tête est là… Et nous vous demandons, c’est vous le peuple, c’est par le sang du peuple malien que cette Constitution de 1992 a été rédigée. Elle a été écrite par le sang des martyrs, aucun doute ne peut le mettre en cause. Ils peuvent vous tuer, mais vous vous lèverez peuple du Mali. On dit ‘oui’ à la Constitution (de 92, Ndlr). A partir d’aujourd’hui nous disons tolérance zéro par rapport à la violation de la Constitution, de l’ordre légale, de l’ordre constitutionnelle…”
Djibi Samaké
Source: La Sirène