De jeunes soldats appartenant à une unité spéciale, sont au cœur d’un incident malheureux, survenu les 4 et 5 février 2024 à Kanadjiguila, dans la Commune rurale du Mandé.
Les faits, survenus entre la nuit du dimanche 4 février 2024 et le lundi matin, ont pour théâtre le quartier Kanadjiguila dans la Commune rurale du Mandé. Une altercation oppose Mamadi, un jeune soldat, à Aziz, réparateur de téléphone devant la concession de ce dernier. D’une simple querelle entre voisins, comme cela arrive souvent, les choses évoluent contre toute attente, en une véritable équipée occasionnant des blessés et des dégâts matériels. L’affaire est portée à la Brigade territoriale de la Gendarmerie de Ouezzindougou qui transfère le dossier à la Police militaire.
Comment en est –on arrivé là ? À en croire Aziz, la victime interrogée par nos soins, tout a commencé le dimanche 4 février 2024, aux environs de 22 heures. «Du haut de la maison qu’il habite, près de la nôtre, Mamadi a échangé quelques mots avec une jeune fille, arrêtée à côté de mon kiosque. J’étais assis avec deux de mes copains. Quand il est descendu pour rejoindre la jeune fille, il m’a fait le reproche de n’avoir pas répondu à sa salutation à la différence de mes deux copains. Je lui ai dit que je n’ai rien entendu car j’étais concentré sur le téléphone que je réparais. Je lui ai néanmoins présenté mes excuses….Mais, il s’est emparé du cadenas de mon kiosque et menaça de me le jeter. Je lui ai dit de ne pas faire ça, sinon je vais lui retourner la même chose. Il a pris alors mon trousseau de clés qu’il me jeta à la figure…Nous en sommes ainsi venus aux mains. Il a intimé à mes deux copains de sortir du kiosque et m’a donné des coups. Je me suis défendu. Il m’a dit de fermer mon kiosque si je ne veux pas avoir de problèmes. J’ai refusé puisque j’avais des réparations à finir».
La suite du film va être plus dramatique, selon des témoignages recueillis sur place. «Il est revenu peu de temps après, habillé en tenue militaire et tenant un pistolet qu’il a pointé sur ma tête. Mes amis se sont mis à l’écart. Il me demanda de répéter ce qui j’avais dit, tout en me donnant des coups sur la tête avec son arme. J’étais obligé de protéger mon visage. On s’est bagarré. Et son arme est tombée puis un de mes amis l’a immédiatement ramassée. Les gens sont venus nous séparer. C’est ainsi qu’il est rentré chez lui. Immédiatement, mon ami et moi nous nous sommes rendus à la Brigade de gendarmerie de Ouezzindougou avec son arme pour porter plainte», souligne le réparateur de téléphones.
Au cours de l’altercation, Aziz a été blessé au niveau de la tête et le jeune soldat à l’une de ses oreilles.
C’est vers 2 heures du matin que le jeune soldat, qui avait semble-t-il rejoint sa Base à la Direction générale des Douanes, est revenu avec au moins 5 de ses collègues. Une fois descendu du véhicule à bord duquel ils sont arrivés, selon les témoignages, les jeunes militaires se sont précipités dans la maison d’Aziz et se sont mis à fouiller la concession de fond en comble, à la recherche de ce dernier. Faute de mettre la main sur lui, ils s’emparent de sa moto garée dans la cour qu’ils jettent dans leur véhicule et l’emportent.
Aux environs de 6 heures du matin, le même lundi 5 février, ce sont plus de 10 soldats encagoulés et armés qui débarquent cette fois-ci à la recherche d’Aziz. Celui-ci reste introuvable. Ils violentent des personnes qui ont eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Un grand frère d’Aziz est ainsi sévèrement torturé par 4 des éléments du corps expéditionnaire. L’un des apprentis d’Aziz et un autre membre de sa famille sont passés à tabac. La famille d’un autre apprenti n’est pas non plus épargnée. Un simple passant reçoit aussi la colère de ces soldats.
Ayant appris qu’Aziz s’est réfugié à la Gendarmerie, ils se rendent là-bas avec l’intention de le prendre pour l’emmener. Les gendarmes s’y opposent. L’affaire prend une autre tournure. Les agents de la Brigade territoriale de gendarmerie, traitent correctement le dossier et rendent compte à leur Commandant qui décide alors de le transférer à la Police militaire.
Le jeune soldat Sylla à l’origine de l’affaire est accompagné dans les locaux de la Direction de la Police militaire par deux gendarmes sur instruction du Commandant de brigade. La victime, Aziz, ses témoins et des membres de sa famille se rendent aussi à la Police militaire. Où chaque partie expose sa version. Les premières mesures tombent. Le jeune soldat est écroué pour quelques jours à la Police militaire. Les frais d’ordonnance des personnes blessées et de réparation des engins endommagés seront calculés et remboursés. Interrogé par nos soins, un membre de la famille de la victime salue le professionnalisme de la Police militaire dans le traitement de cette affaire.
Contacté par nos soins, avec le concours de la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa) le Directeur de la Police militaire, Colonel Amadou Diallo, s’est contenté de nous dire dans son bureau : «On gère et on continue de gérer ce problème».
C D