Molobaly est un célèbre pêcheur à Djicoroni.
Agé de 23 ans, le brave, envié par certains et admiré par d’autres est également un spécialiste en natation.
Travaillant en solitaire, Molobaly qui ne revient jamais bredouille après une partie de pêche, arrive très souvent, lorsqu’il est de bonne humeur, à attraper des poissons même à la nage témoignent ses amis. C’est pourquoi, une jeune équipe de pêcheurs, composée de 6 hommes ont convaincu depuis deux mois le vaillant pêcheur, à faire partie de leur équipe.
Maître Molobaly, de refus à refus accepta finalement de travailler en équipe. Mais, il s’est vite fait distinguer au cours des parties de pêche, par des comportements bien particuliers.
En effet, notre ‘bozo ne porte jamais de vêtements, pêchant à la ligne ou au filet. Et nombre de fois, les autres pêcheurs ont tenté d’avoir une réponse au fait qu’il travaille toujours nu comme un oisillon, mais celui-ci maintient comme leitmotiv : “c’est une tradition que m’a léguée mon grand-père et le port de vêtements en pêchant est un totème familial dans l’eau, on est habillé par l’eau. L’eau protège plus que la culotte, disait-il.
Une belle philosophie dont notre pêcheur doutera désormais de la véracité.
En effet, le 5 novembre dernier, alors que la petite équipe retirait ses filets de l’eau, chacun s’occupait à enlever les poissons piégés pour les placer dans la pirogue de nos pêcheurs. C’est alors que Maître Molobaly sentit quelque chose caressant ce ‘’machin’’ que le nageur ne peut protéger… selon l’adage.
Mais, Molobaly ne se doutait pas que c’était un poisson qui guettait cette complexe partie de son corps.
Mieux, notre champion, fébrile comme un coq de Bougouni prenait goût au jeu qu’il attribuait au balancement du filet.
Non loin, ses co-équipiers l’observaient fermer les yeux. “Que se passe-t-il ?”.
Peu après, l’homme ‘’revint sur terre’’. Mais… tout à coup, la terrible carpe qui était à l’origine du chatouillement, s’empara de son ‘’machin’’, le mordit violemment et s’y accrocha. Du coup, notre célèbre pêcheur lança un effroyable cri de douleur et jeta le filet.
L’indélicat poisson restait toujours accroché à ses “affaires”.
Vite, le malheureux regagna le rive, tout en essayant, à l’aide de ses mains, de broyer le poisson qui ne lâchait toujours pas sa ‘’proie’’.
A présent sur la rive, le pêcheur pêché est “libéré”, grâce à l’intervention des membres de son équipe. Mais le sang jaillissait de tous les côtés.
L’”accidenté” a été évacué chez un guérisseur.
La blessure ne semblait pas très grave et le sang a arrêté de couler.
D’ailleurs, depuis quelques jours, Molobaly va mieux, mais le terrible poisson lui a bien arraché une partie de son ‘’affaire’’.
A coup sûr, notre vaillant pêcheur après guérison, changera de comportement en travaillant et jettera son “totème familial”…à l’eau.
Surtout qu’il ne sait pas encore, si ‘’certaine chose’’ pourrait désormais être… normale.
Comme quoi, même les poissons peuvent être cruels.
Boubacar Sankaré
Source: Le 26 Mars