Ce mardi 10 décembre 2013 est célébrée la journée mondiale des droits de l’homme. Oxfam en partenariat avec IMC et WiLDAF poursuit l’exposition « De l’ombre à la lumière » dans les rues de Bamako.
Une exposition organisée dans le cadre de la campagne des « 16 jours d’activisme contre les violences liées au genre » et débuté le 29 novembre dernier. Cette campagne prend fin ce mardi mais les grands formats des photos affichés dans les rues de Bamako resteront encore quelque temps. Le visuel dévoilé pour ce dernier jour est une composition de six photos réalisée avec « nos leaders de demain afin de promouvoir un message de paix » explique Vincent Trémeau, chargé de communication d’Oxfam Mali.
De l’ombre d’une galerie à la lumière de la rue les installations dévoilées lundi 09 décembre recouvrent 4 piliers de l’échangeur en face du cinéma Babemba à Bamako. Les photos affichées représentent la suite de la série de portraits d’histoires de violence recueillies. Chacune des 4 photographies mesurent 5,5m x 3,5m pour cette installation.
L’une des caractéristiques des violences basées sur le genre, et de la violence sexuelle en particulier, est l’absence de plainte. Les actes violents évoquent honte et culpabilité, entrainant souvent une stigmatisation des victimes, et un rejet de la part de la famille ou de la communauté. Certaines femmes ont ainsi pris l’initiative de s’engager en partageant leurs histoires, ou en racontant leur rapport à la violence. Elles ont choisi de rester dans l’ombre, devenant l’espace d’un instant, actrices et acteurs de leur histoire.
Un hommage à Mandela … par coïncidence
Un grand format de photos d’enfants tenant un message de paix est visible sur le mur du Centre d’Etude et de Culture pour Jeunes sis à Hamdallaye, en face du lycée Prosper Kamara non loin de l’hôpital « Le Luxembourg Mère, enfant ». « A noter que le lieu a été choisi avant le début de la campagne pour la citation de Nelson Mandela, et n’est donc que coïncidence avec l’actualité récente » rappelle Vincent Trémeau.
L’exposition photo a aussi eu lieu dans la région de Gao, elle se déroule actuellement à Tombouctou également. Pour cette cinquième installation en grand format à Bamako, la visite d’Amadou et Mariam venus soutenir l’exposition et adresser un message de paix pour le Mali a été salutaire.
En octobre 2013, Oxfam et WiLDAF ont publié un rapport de recherche sur l’impact du conflit sur les relations sociales parmi les communautés originaires du Nord du Mali. Ce rapport est le fruit d’une enquête qualitative basée sur 168 groupes de discussion et 166 entretiens individuels organisés, simultanément, en Juin 2013, au Nord du Mali, à Bamako et dans deux camps de réfugiés Maliens au Burkina Faso.
Les résultats de cette étude montrent que, malgré le traumatisme du conflit et les divisions sociales, le fossé entre les communautés n’est ni définitif ni insurmontable et qu’il existe une volonté affichée parmi la vaste majorité des personnes interrogées d’instaurer un processus de dialogue et de réconciliation.
De la même manière, il y a une véritable prise de conscience que cette réconciliation devra démarrer à l’échelon local et être facilitée par les acteurs détenant la confiance des populations.
L’enquête a également identifié un fort potentiel encore non-exploité, qui met en lumière le rôle positif des femmes dans les efforts menés pour l’amélioration des relations sociales. La participation des femmes aux efforts de réconciliation et de dialogue a été évoquée par toutes les populations interrogées. Toutefois, malgré plus de la moitié des groupes de discussion ont soutenu que les femmes sont écoutées lorsqu’un conflit éclate, leur attribution d’un rôle formel dans le processus de dialogue est incertaine.
En fait, les personnes interrogées affirment que les femmes ne sont écoutées qu’à «certaines conditions » : si elles sont âgées et considérées comme sages, si elles sont directement impliquées dans les disputes en tant que victimes et/ou témoins, et si elles ne s’exposent pas en public. Intervenant traditionnellement dans la gestion des conflits au niveau de l’espace domestique (privé), il semblerait que les femmes trouvent difficile d’aller au delà du niveau informel et de ce rôle de « conseillères de leur mari », et d’accéder ainsi à un niveau de prise de décision plus élevé (public) et à des rôles formels dans la société relate le rapport.
L’ensemble des acteurs concernés par la réconciliation doit veiller à garantir que tout processus de réconciliation soit inclusif et participatif, impliquant tous les Maliens sans distinction, avec une attention particulière sur la promotion du rôle des femmes telle que mentionnée dans la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il doit également prendre en compte les nouvelles dynamiques de pouvoirs émergeant du conflit, et intégrer les acteurs qui inspirent le plus de confiance – tels que les femmes– au cœur des efforts de réconciliation.