La Direction régionale des eaux et forêts de Bamako a commémoré, hier mercredi, la Journée internationale des forêts, à travers l’organisation d’une conférence-débat sur le thème mondial : ‘’les forêts au service des villes durables’’. La conférence s’est déroulée dans la salle de conférence de la Direction régionale à la zone industrielle, avec comme conférencier le Directeur régional des eaux et forêts de Bamako, le Commandant Ousmane SIDIBE et le chargé à la communication du ministère de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable.
Le directeur régional des eaux et forêts de Bamako a rappelé que le 21 mars a été institué par les Nations unies Journée internationale des forêts, en 2013. Il a saisi l’occasion pour faire la situation des forêts au Mali, l’intérêt des forêts dans la ville, l’état des lieux des forêts de Bamako, les contraintes pour rendre la ville de Bamako verdoyante, les solutions apportées et les perspectives.
Le conférencier a informé que notre pays compte 107 forêts classées qui couvrent 7 88 111 ha. La région de Kayes, explique-t-il, se taille la grosse partie avec 260 545 ha de forêts, suivie de Sikasso avec 213 383 ha, et Bamako qui se place en dernière position avec 2010 ha. Aussi, dit-il, 26 domaines sont consacrés à la faune sauvage pour une superficie de 9 010 757 ha.
L’on apprend du responsable de la direction régionale des eaux et forêts que notre pays ne dispose que de 6 % de son territoire occupé par les forêts, contre 16 % arrêtés par les Nations comme la norme internationale. Il a déploré que les forêts de notre pays sont fortement entamées par l’incivisme, la pression démographique, l’exploitation minière, l’orpaillage, les feux de brousse, la concurrence foncière…
Comme importance, le Directeur régional des eaux et forêts de Bamako a affirmé que la forêt, sur le plan écologique et environnemental, contribue à l’amélioration de la pluviométrie et le rehaussement du niveau des nappes phréatiques, la séquestration des gaz à effet de serre. Sur le plan économique, il a fait savoir que le commerce international du bois et des produits forestiers non lignés ont connu un développement exponentiel ces dernières décennies au Mali. Selon le Commandant SIDIBE, le bois, en dehors de sa valeur énergétique, est utilisé dans la construction et la confection des meubles et dans le transport. Les produits forestiers non lignés, dit-il, font gagner à notre pays des milliards de FCFA chaque année. Il a également confié que les forêts peuvent être utilisées pour les besoins de défense nationale au niveau des frontières.
Concernant les difficultés par rapport à la gestion des forêts, le conférencier a dénoncé le déficit de civisme, les occupations anarchiques, l’insuffisance des effectifs des agents des eaux et forêts, la faiblesse des moyens logistiques et financiers, l’instabilité au niveau de la hiérarchie avec la fréquence des changements de ministres, le manque de mesures de compensation de la part des sociétés minières, les feux de brousse, la pauvreté en milieu rural…
Comme perspectives, le Commandant Ousmane SIDIBE a souligné que l’adoption de la Politique forestière nationale en 2017 permettra d’avoir un grand impact dans la protection des forêts au Mali. Il a également noté le transfert des compétences aux responsables des collectivités qui s’occuperont de la protection des forêts avec l’accompagnement de l’État. De même, l’on apprend que des projets importants présentés par le Mali et approuvés lors de la COP 22 seront mis en œuvre pour renforcer l’adaptation de notre pays aux effets des changements climatiques.
S’agissant du cas spécifique de Bamako, le Directeur régional des eaux et forêts de Bamako a déploré que la seule forêt classée qui longe la route de Koulouba et de Point G est en train de disparaitre pour donner place à des ‘’Villas classées’’. « Il existe seulement une petite bande de forêts qui jouxte le Palais de Koulouba. La végétation est fortement entamée et plus de 45 % de cette forêt sont déjà morcelés », a regretté le Commandant SIDIBE.
Le conférencier a informé que sur les 189 espaces verts répertoriés dans la ville de Bamako, 60 % sont totalement occupés et beaucoup d’autres ont été détournés de leur vocation qui est de créer des micros climats et contribuer à séquestrer les gaz à effet de serre. Néanmoins, il a rassuré que des synergies d’actions sont en train d’être développées entre les services des eaux et forêts et plusieurs structures pour préserver le peu d’espaces verts qui reste dans la ville de Bamako.
PAR MODIBO KONE
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