Vous pouvez dire Journée de la peau avec consultations gratuites ou lancement du projet Télédermali (une plateforme de télédermatologie qui permet de mettre l’expertise médicale au service de la bonne cause, c’est-à-dire celle des malades un peu partout au Mali). L’un dans l’autre, l’Hôpital de dermatologie de Bamako (HDB) a voulu marquer un grand coup surtout dans un contexte où les rapports entre les établissements hospitaliers et les malades n’ont jamais été autant empreints de défiance, de récrimination, de plainte.
Il faut donc acter cette volonté des premiers responsables de l’HDB de s’inscrire dans une vision où, le malade reste au cœur du projet de soins et retrouve des sensations de sécurité, notamment de soulagement de sa souffrance, une fois admis à l’intérieur de cet hôpital. Il s’agit aussi d’une vision qui rompt avec des pratiques malsaines qui, malheureusement minent nos structures hospitalières à l’exception d’un établissement hospitalier, dont nous tairons volontiers le nom pour qu’il ne cristallise pas la jalouse des autres. cependant nous n’avons aucune intention de jeter l’opprobre sur aucun hôpital, mais juste pour restituer une réalité que les malades et autres usagers vivent aujourd’hui.
La Journée de la peau (journées portes ouvertes avec consultations gratuites) est une opportunité de communiquer, d’augmenter la visibilité de l’HDB mais surtout de mettre un nom sur une institution, a expliqué le Pr Ousmane Faye, directeur général de l’établissement hospitalier; bâti sur les cendres du Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (CNAM).
Il a aussi rappelé qu’aujourd’hui, avec la télédermatologie, tout citoyen où qu’il soit pourrait avoir accès à des soins dermatologiques. Parce qu’aujourd’hui plus de 184 agents de santé ont été formés dans le domaine de la télédermatologie, notamment dans l’utilisation de la plateforme pour bénéficier à distance de l’expertise de spécialistes qui font autorité dans la discipline, la dermatologie naturellement. Le Pr Faye a aussi témoigné de sa reconnaissance au département de la Santé et du Développement social pour le soutien constant et à la Fondation Fabre pour le financement du projet de Télédermali et l’assistance technique apportée.
Pour le conseiller technique au ministère en charge de la Santé, Dr Adama Baridian Diakité, cette activité de télédermatologie s’inscrit en droite ligne de la réforme du système de santé entreprise par son département avec objectif de faciliter l’accès pour tous à des soins de santé de qualité. Et le conseiller technique de rappeler aussi que l’HDB a une longue histoire.
C’était l’ancien Institut central de la lèpre en Afrique occidentale française rebaptisé Institut Marchoux, en 1945, puis Centre national de lutte contre la maladie (CNAM, le 15 août 2001, avant de devenir HDB, depuis le 27 mars 2019. Ces multiples changements d’appellation pendant plusieurs décennies ont contribué à créer un flou dans la tête des gens quant à la mission et les activités réellement menées dans cet hôpital, a-t-il souligné. Pour lui, cet hôpital au passé glorieux, est très réputé dans toute la Région ouest-africaine, depuis des décennies, pour son expertise dans la prise en charge des maladies de la peau qui ont fait des ravages (lèpre, pian, syphilis, leishmanioses etc…).
Il est utile de rappeler l’importance de l’HDB dans la chaîne de soins, notamment ceux contre les affections dermatologiques qui représentent selon les statistiques du ministère de la Santé et du Développement social, la quatrième cause de consultations dans nos établissements de santé, après le paludisme, les infections respiratoires aiguës et les diarrhées. Pour ces consultations gratuites, l’établissement a accueilli près de 300 malades au seul service de dermatologie. 28 autres patients se sont présentés pour le dépistage volontaire du VIH/Sida à travers une clinique mobile. D’autres malades également ont bénéficié de consultations au niveau de la chirurgie.
La Journée de la peau a été aussi l’occasion de faire une visite guidée de l’HDB, notamment l’accueil, dont l’organisation reste un modèle de réussite qui doit inspirer les autres. Au service de dermatologie, des compétences s’emploient à répondre aux attentes des malades. L’HDB, dernier né des hôpitaux, dispose d’une pharmacie hospitalière et veut aussi être élevé au rang de référence nationale en termes de prise en charge des pathologies de la peau.
Bréhima DOUMBIA
Source : L’ESSOR