Invité par les étudiants de la Faculté des lettres et des sciences du langage, Dr. Abdoulaye Sall, le président de Cri-2002, est convaincu que ce défi passe obligatoirement par la déconstruction et l’appropriation des vertus qui ont fondé nos valeurs de civilisation.
« La jeunesse face au défi de la reconstruction nationale », voici donc le thème d’une conférence débats qui a réuni étudiants et professeurs et autres invités venus divers horizons. Organisée par le « Mouvement jeunesse responsabilité », cette conférence marquait le lancement officiel des activités de ladite association et se tient en partenariat avec le Cercle et d’information pour la consolidation de la démocratie (Cri-2002).
Le conférencier a salué la pertinence de la thématique. Evocatrice, a-t-il dit, elle traduit la prise de conscience des jeunes étudiants face à son rôle fondamental dans la sortie de crise que traverse notre pays. Mais, pour Dr. Abdoulaye Sall, lorsqu’on parle de reconstruction, il faut obligatoirement mettre l’accent sur la nécessité de déconstruire d’abord.
« Jouer pleinement son rôle dans la construction nationale, impose en vous la construction de votre citoyenneté. Ceci vous met face au défi de votre comportement dans la société, votre participation à la vie publique », a déclaré le président de Cri-2002, pour qui les chefs et autorités traditionnels jouent un rôle de premier plan dans ce chantier.
Le conférencier, qui a regretté l’effritement des valeurs qui caractérisaient la famille malienne, a déploré que dans le processus de construction de notre démocratie, les chefs et autorités traditionnels aient été relégués au second plan. Or, a argumenté Dr. Sall, des nations ont construit leur démocratie en s’appuyant sur cette composante de la société. C’est le cas, entre autres, du Ghana, de l’Afrique du Sud, etc.
« Nous devons nous approprier nos valeurs qui ont fondé notre civilisation si nous voulons être une nation fière de son histoire et de ses traditions », a martelé Dr. Abdoulaye Sall, pour qui, la famille constitue par excellence le lieu de la micro-démocratie.
La présente conférence débat se tient au moment où la jeunesse malienne fait face à un grand défi : celui de son implication dans la vie publique. Malgré leur poids démographique, les jeunes sont très peu représentés dans les instances électives et de prise de décisions. Pis, le taux de participation aux élections reste fortement en deçà des attentes.
Pour le conférencier, ceci impose aux jeunes une réelle prise de conscience. Il les invités à militer dans les associations et les partis politiques, à participer aux débats, à se former et à former avec eux des citoyens pour être des bons citoyens. « Vous devez véhiculer le message selon lequel une élection se passe dans la paix, sans violence », a recommandé Abdoulaye Sall aux étudiants.
Le processus de renforcement d’une démocratie et de la construction d’une nation se fait à travers la participation, l’implication, et la responsabilité. Lesquelles, a-t-il schématisé, aboutissent à l’autonomisation. Dans ce processus, a révélé Dr. Sall, une pratique est véritablement fondamentale : c’est de la gouvernance, en passe d’être confondue avec la démocratie. La première, a-t-il précisé, est composante de la seconde, et les deux sont complémentaires.
Issa Fakaba Sissoko