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Iyad Ag Ghaly : des ombres qui parlent

Ils ne sont ni des espions, ni des traitres.

Ils se sont engagés avec AQMI, avec Ansar Dine ou Al Furqan pour des raisons qui leur sont propres et qu’il ne m’appartient pas de juger ici. Mais aujourd’hui, ils n’y croient plus : ils savent qu’Iyad Ag Ghaly ne mènera pas son projet à bien au Sahel et ont réalisé qu’ils ont été bernés. Leurs fractions, leurs familles ont payé le prix fort pour rien. Aussi ils ont fait un choix, celui de la désobéissance. Et ils prennent le risque de parler secrètement. Ce choix ne les déshonore pas, car s’ils en connaissent les enjeux, ils en assument aussi le risque.

Avez-vous remarqué que depuis quelques semaines, les opérations visant le Jamaa Nasr al Islam wal Muslimiin se sont multipliées ? Avez-vous remarqué qu’à Tin Zaouatène, à Tin Aïcha, au sud de Ménaka, les frappes ont été particulièrement précises et ciblées ? Et qu’elles ont toutes atteint leur but, en frappant au cœur du JNIM et en privant Iyad Ag Ghaly de ses principaux cadres ?

Si les frappes visant le JNIM sont de plus en plus précises, ça ne peut être que parce que ceux qui les mènent sont très bien informés. Précisément parce que ce haut niveau d’information vient de proches d’Iyad Ag Ghaly, et même de très proches, si l’on en croit la précision avec laquelle sont menées les attaques des forces internationales.

Qu’ils aient adhéré à AQMI par conviction, à Ansar Dine par fidélité, à Iyad Ag Ghaly par allégeance communautaire, certains hauts cadres du JNIM auraient ainsi basculé de l’autre côté simplement parce qu’ils ne pouvaient plus suivre la ligne de leur leader. Pourquoi ont-ils changé de camp secrètement ? Certainement parce qu’ils avaient cru en un Iyad qui défendait en son temps les intérêts des Touaregs. Mais ils savent qu’aujourd’hui, c’en est terminé : Iyad Ag Ghaly instrumentalise le radicalisme religieux à des fins pour lesquelles plus personne ne le suit.

Ceux qui parlent ne peuvent évidemment prendre le risque d’être démasqués. Ces repentis ne peuvent pas s’ouvrir à leurs motivations. Ils agissent dans l’ombre et assument leur choix parce qu’ils en connaissent l’enjeu. C’est pourquoi personne ne vous révélera leur nom. D’autant que ceux qui ont fait le choix de parler savent bien qu’Iyad Ag Ghaly développe une mentalité paranoïaque et qu’il est susceptible d’utiliser l’accusation de traitre pour justifier l’élimination de n’importe lequel de ses cadres en qui il n’a plus confiance.

Ils ont eu le courage de faire le choix de la désobéissance. Ils ne sont que des repentis, des ombres qui parlent. Vous ne saurez pas leur nom. Mais vous savez qu’ils existent. Et ainsi vous comprenez mieux pourquoi les frappes visant le JNIM tapent juste.

Paul-Louis Koné

@pauloukone

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