Le statut de l’Unité de formation et de production cristallise le mécontentement des travailleurs qui revendiquent la propriété de la structure pour l’avoir créée
Après 48 heures de grève les 23 et 24 février dernier, puis 72 heures les 1er, 2 et 3 mars, les enseignants de l’Institut universitaire de gestion (IUG) de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) remettent ça. Ils ont, cette fois, décrété une grève illimitée depuis le mardi 8 mars. Les responsables du comité exécutif du Syndical national de l’enseignement supérieur de l’IUG ont organisé hier au centre Djoliba à Torokorobougou une conférence de presse pour donner des éclaircissements sur le débrayage. La rencontre était animée par le secrétaire général par intérim, le secrétaire aux revendications et le secrétaire aux relations extérieures du comité syndical de l’IUG, respectivement Oualy Badji Sissoko, Boubou Doucouré et le Dr Alassane Sidibé.
Les revendications des enseignants portent sur la révision de l’article 2 du contrat autorisant les contractuels à donner 12 heures en cours du soir ; le paiement immédiat et intégral des heures supplémentaires de cours au titre du 2è semestre de l’année universitaire 2013-2014 et des frais de surveillance, de correction et de secrétariat au titre du 2è semestre de l’année universitaire 2013-2014. Les grévistes réclament aussi le paiement immédiat et intégral des frais de surveillance, de correction et de secrétariat au titre des 1er et 2è semestres de l’année universitaire 2014-2015, du reliquat (38,07) des heures supplémentaires de cours au titre du 2è semestre de l’année universitaire 2014-2015 et la mise en place immédiate d’une commission de relecture des textes régissant l’Unité de formation et de production (UFP) de l’IUG.
Ces doléances, ont précisé les syndicalistes, peuvent être regroupées en trois points essentiels : le contrat octroyé à six vacataires, les arriérés liés aux avantages et les textes de création de l’UFP. Cette Unité de formation et de production constitue le différend principal entre le rectorat de l’USSGB et les enseignants de l’IUG. Créée le 28 novembre 2000 par les enseignants de l’Institut universitaire de gestion conformément aux textes, l’UFP a été inspirée de l’expérience du Canada, ont expliqué, les syndicalistes de l’IUG. Des enseignants, dont le secrétaire à l’information du comité syndical de l’IUG, Ibrahim Koné, ont même bénéficié de formations dans ce sens au Canada. L’unité assure la formation continue et de production. C’est-à-dire qu’elle donne légalement des cours à distance à des auditeurs. Il faut entendre par « auditeurs » ceux qui viennent pour des formations continues et paient pour cela 360.000 Fcfa par an. Située dans l’enceinte de l’Institut universitaire de gestion, l’UFP, expliquent Oualy Badji Sissoko, Boubou Doucouré et Alassane Sidibé, a été créée par les enseignants de l’IUG afin d’améliorer leurs conditions de vie et de travail et n’est pas une structure étatique pour diverses raisons. Ainsi, les auditeurs ne paient pas 5.000 Fcfa de frais d’inscription comme les étudiants de l’IUG mais plutôt 360.000 Fcfa pour se former. Ils ne reçoivent pas la même carte que les étudiants. Last but not least, les enseignants de l’UFP versent 50.000 Fcfa par auditeur au rectorat de l’USSGB pour l’utilisation des locaux de l’Etat.
Les syndicalistes ont précisé que les cours à distance à Kayes, Sévaré, Sikasso, Koutiala, San et ceux dispensés dans le district de Bamako sont donnés par les enseignants de l’UFP. Ces derniers versent 50.000 Fcfa au rectorat de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako. Ces cours ont été arrêtés sur décision du recteur de l’USSGB, le Pr Samba Diallo, indiquent les responsables syndicaux de l’IUG. Les auditeurs de ces cours sont prêts à revendiquer leurs droits. C’est à dire les 50.000 que l’administration de l’IUG rétrocède au rectorat de l’USSGB.
« L’Unité de formation et de production de l’IUG est un pur produit de nous enseignants de l’IUG. Nous versons 50.000 Fcfa à l’Etat car nous utilisons ses locaux. Mais le ministère de l’Enseignement supérieur, à travers le rectorat de l’USSGB et la direction générale de l’IUG, veut s’accaparer de notre UFP. En essayant de nous priver des avantages que nous gagnons à l’Unité de formation et de production, le recteur de l’USSGB veut limiter nos gains à nos seuls salaires. Nous ne sommes pas d’accord. Et nous nous opposons à cette volonté du recteur » persistent et signent les grévistes.
S. Y. WAGUE
Source :Essor