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Issa Camara dit Laye : UN LIBRE D’ESPRIT S’EN EST ALLÉ

Notre chroniqueur de la rubrique «décentralisation», Issa Camara dit Laye, n’est plus. La grande faucheuse est brutalement passée par là, en cette fin de matinée du mercredi dernier et l’a emporté.
C’est en raison de sa passion pour la littérature depuis les petites classes qu’il a pris le sobriquet « Camara Laye », en référence au célèbre écrivain guinéen, auteur de « l’Enfant noir de Dramouss » et de bien d’autres romans enseignés dans les écoles africaines.

Il a créé et animé la rubrique «décentralisation» au sein du Quotidien national depuis deux ans environ. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa chronique avait du succès auprès, non seulement, des élus municipaux, mais aussi des administrations, des collectivités, des professionnels du secteur de la décentralisation, voire du grand public. Elle traite des questions et problématiques précises, liées à la décentralisation, comme par exemple la série sur la fiscalité dans les collectivités.
La finesse de sa plume ne laissait aucun lecteur indifférent. Il recevait, à longueur de journée, des réactions et commentaires encourageants au sujet de telle ou telle parution. La preuve ? Peu de temps avant de tirer définitivement sa révérence, il a été invité par l’Ordre des ingénieurs conseils du Mali à participer à un panel sur la décentralisation.
Laye avait une somme d’expérience et de savoir-faire, accumulée au fil des année s qu’il a passées à l’Association des municipalités du Mali (AMM), où il occupait le poste de chargé de communication. Avec le DEF obtenu à l’école fondamentale d’Hamdalaye plateau, ce brillant esprit va être orienté d’abord à l’École normale secondaire (ENSEC) de Badalabougou dans la section lettres, histoire et géographie de 1983 à 1987. A partir de 2008, il rentre à l’Institut de gestion et de langues appliquées aux métiers (IGLAM) de Bamako du Dr Hamadoun Ousmane Cissé pour décrocher une maitrise en « Communication & Journalisme » en 2012.
Après avoir enseigné dans des écoles privées pendant quelques années, il se lance dans la presse écrite. Il est recruté en 1992 par l’hebdomadaire le « Démocrate » de Toumani Djimé Diallo. En 1996, il se retrouve avec des amis comme Fakoroba Coulibaly, Modibo Diallo, Abidine Kounta dans le journal « Le Temps », un organe réputé pour son sérieux, sa rigueur dans le traitement de l’information et surtout son indépendance. Fakoroba Coulibaly, directeur de publication d’alors garde de Laye l’image d’un homme intègre, un journaliste à l’esprit ouvert et très disponible. Il était prêt à écrire sur n’importe quel sujet. De la politique au sport, en passant par l’économie, la culture etc. « C’était pratiquement du bénévolat et les journalistes ne gagnaient pratiquement rien, poursuit notre interlocuteur. Mais, ils étaient tous dévoués à cette tâche d’information de nos concitoyens. Il n’y avait pratiquement pas de publicité, d’annonce et les ventes étaient assez limitées mais avec des gens comme Laye, nous devrions continuer à entretenir la liberté d’opinion et la liberté de la presse que nous venions d’acquérir à partir de 26 mars 1991.
Laye n’acceptait jamais de négocier sa liberté d’écrire ou de parole. C’était, par ailleurs, un assoiffé du savoir. Il lisait beaucoup, témoigne Modibo Diallo. Il était un « esprit libre », et ne se laissait pas conter. Il avait une grande capacité de compréhension, d’analyse et de proposition et restait en même temps un gros travailleur. Conscient de cette force il refusera beaucoup de propositions pour la création d’un nouvel organe de presse, ou la reprise du journal « Le Temps ». Car, estiment ses amis, il ne voulait pas être un journaliste à la solde d’intérêts inavoués. Il était jaloux de son indépendance et de sa liberté. Parallèlement, Camara Laye avait lancé « Le temps.ml », la version numérique du journal « Le Temps ». Un site internet qui lui permettait de s’exprimer sur l’actualité de son pays et du monde. Ce site internet propose plutôt des analyses, commentaires et points de vue sur les faits politiques, économiques et sociaux.
De chargé de communication à l’AMM au départ, il s’est vu confié de nombreux dossiers et participera à des ateliers, forums et autres missions dans les différentes communes du Mali. Ce vécu lui a permis d’avoir une grande maîtrise des problèmes auxquels sont confrontées les mairies.
Youssouf DOUMBIA

 

Source: Essor

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