Après le lancement, la semaine dernière, du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie pilotée par Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition et candidat malheureux à l’élection présidentielle du 29 juillet dernier, un autre Front politique est en gestation.
C’est l’unique sujet au menu de cet entretien, que le président de la Rue publique a bien voulu nous accorder. C’était le week-end dernier, à sa résidence privée de Sébénikoro.
Après le lancement, il y a quelques jours, du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie par le chef de file de l’opposition, un autre Front baptisé « Convergence des Forces Patriotiques », est dirigé par Poulo, Moussa Sinko Coulibaly et Dr Oumar Mariko. Qu’en pensez-vous ?
Rien du tout ! quel crédit les Maliens accorderont- ils à un Front politique, créé tout simplement parce que son leader n’a pas été nommé ministre ?
Vous voulez parler de qui ?
Bien sûr de Housseïni Amion Guindo, alias Poulo. Mon ex-ministre des Sports, puis de l’Education Nationale avait démissionné de son poste. Parce qu’il croyait dur comme fer que cette démission pourrait faire de lui un « faiseur de Roi » entre les deux tours de la présidentielle. Mauvais calcul.
Pour attirer mon attention, il occupait le premier rang à mon investiture au Palais de la Culture. Tout cela, pour que je me rappelle de sa tronche pendant la formation du premier gouvernement de mon second quinquennat.
Manque de pot, son cousin Boubeye n’a pas pensé à lui. Moi non plus, d’ailleurs.
Alors, c’est pour me faire payer cet oubli, qui n’en est pas un, qu’il a initié ce Front politique mort-né.
Comment un Front mort-né ?
C’est bien un Front mort-né. D’abord, parce qu’il n’y a aucune convergence entre Poulo, Sinko et Mariko. Ensuite, ce Front politique est plus un « mariage de déraison » que de raison. Ces trois hommes « pourritiques » ont un seul dénominateur commun : la haine contre moi.
Alors, dites-moi, quel crédit les Maliens accorderont ils à un Front politique créé sur la base de la haine de l’autre ?
D’ailleurs, ceux qui connaissent le trio de tête de ce Front politique savent bien qu’ils ne s’entendront jamais. Tôt ou tard, ce Front politique finira par leur exploser à la figure.
Pourtant, Mr le président, l’objectif de ce Front, selon ses initiateurs, est de « Ramener les Maliens aux vrais problèmes de ce pays et toucher du doigt l’incapacité du régime IBK à gouverner ».
Donc, si je comprends bien, mon régime est en train de détourner les Maliens des vrais problèmes du pays ?
Si Poulo, Moussa Sinko Coulibaly ou Oumar Mariko connaissaient les vrais problèmes de notre pays, ils ne seraient pas derniers à l’élection présidentielle.
Quant à toucher du doigt l’incapacité de mon régime à gouverner, ils peuvent toujours rêver. Plus on est fou, plus on rit !
Et le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie de Soumaïla Cissé ?
Même pipe, même tabac ! Si mon jeune frère « Soumi » avait gagné l’élection présidentielle, qu’est-ce qu’il a à foutre avec un misérable Front politique, qui ne lui rapportera que dalle ?
Ce Front, aussi, déclare que son objectif est de « combattre le mépris arrogant affiché par une oligarchie prédatrice, face aux revendications des travailleurs de toutes catégories, rétablir la vérité des urnes, restaurer la confiance en nos institutions, instaurer une gouvernance vertueuse » …
Ah bon ? Mon régime, selon lui, est devenu une « oligarchie prédatrice ». Bizarre !
Avant de restaurer la confiance en nos institutions, faudrait-il que lui-même ait confiance à nos institutions. Lesquelles m’ont déclaré vainqueur à l’issue du second tour de l’élection présidentielle.
Cette déclaration n’est, ni plus, ni moins, qu’une rhétorique d’opposant en mal de crédibilité.
Apparemment, vous ne prenez pas ces deux Fronts politiques au sérieux. Mais, selon les observateurs de la scène politique malienne, ils pourraient rendre la vie difficile à votre régime ; surtout, dans un contexte social aussi tendu.
Ils ne pourront rien contre moi ! Rien ! Ma victoire a été reconnue par la France et l’ONU avant même la publication des résultats du second tour par la Cour constitutionnelle. Ça veut tout dire !
Et ce ne sont pas des opposants alimentaires qui pourront troubler mon sommeil.
Propos recueillis
par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé