La Côte d’Ivoire s’achemine-t-elle vers un confinement général de sa capitale? La question mérite d’être posée au regard de la mesure d’interdiction de sorties et d’entrées d’Abidjan, prise par les autorités ivoiriennes et qui est entrée en vigueur ce jour. Une nouvelle mesure qui vient s’ajouter à celles déjà prises pour mieux lutter contre le coronavirus. Preuve, s’il en est, que le président Alassane Ouattara a pris la pleine mesure du péril. En tout cas, on ne serait pas surpris de voir la Côte d’Ivoire emboîter le pas au Rwanda et à la Tunisie. Car, comme le dit l’adage, « aux grands maux les grands remèdes ».
En attendant de voir l’efficacité de cette nouvelle mesure sur le terrain de la lutte contre le coronavirus, il faut saluer l’esprit d’anticipation du président Ouattara. Il a d’autant plus raison de le faire qu’en l’espace d’une semaine, on est passé de 15 cas à plus de 140 cas déclarés positifs. C’est dire si l’épidémie progresse à une vitesse de croisière. Une situation qui pourrait être liée à l’incivisme dont font preuve certains Ivoiriens. Le cas le plus emblématique et qui aura provoqué l’ire du locataire du palais de Cocody, aura été, sans conteste, le refus de certaines personnalités de faire confiner leurs familles à l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) qui avait été pourtant choisi par les autorités ivoiriennes, comme lieu de confinement pour tous les passagers arrivés en Côte d’Ivoire par les airs. Face à une telle situation, ADO ne pouvait que bander les muscles en prenant des mesures hardies. Car, face à une maladie qui n’a ni remède ni vaccin, la seule arme qui vaille, c’est la prévention. Et en la matière, mieux vaut pécher par excès de prudence que par excès de confiance.
Il faudra prendre des mesures coercitives pour mettre tout le monde au pas
C’est sûr et certain, cette mesure drastique ne manquera pas de provoquer des grincements de dents quand on sait que les Ivoiriens aiment la belle vie. Mais doit-on les plaindre si la limitation de la propagation de la maladie doit passer par la restriction de leur liberté? Non. C’est pour le bien de tous. Cela dit, c’est un coup dur pour l’économie ivoirienne voire de celle de la sous-région. Faut-il le rappeler, la Côte d’Ivoire demeure la plus grande économie de l’espace UEMOA et sa capitale, Abidjan, constitue l’une des plaques tournantes des affaires de la région ouest- africaine. C’est dire si les conséquences d’une telle mesure ne sont pas à minimiser. C’est en cela qu’il serait bien que le gouvernement ivoirien qui a décidé de débloquer 96 milliards de F CFA pour mieux lutter contre le Covid-19, pense aussi aux familles qui tirent le diable par la queue et qui se voient davantage fragilisées par la crise sanitaire. Cela est d’autant plus nécessaire que seul le respect des mesures de prévention, pourrait permettre de briser la chaîne de contamination du virus. L’application du couvre-feu se fait à coups de matraques et de ceinturons dans certains quartiers d’Abidjan. Le besoin de faire bouillir la marmite, au quotidien, n’y est pas étranger. Quoi qu’on dise, il faudra prendre des mesures coercitives pour mettre tout le monde au pas. Il y va de la santé de tous.
Dabadi ZOUMBARA
Source: lepays