SORTIE MÉDIATIQUE DE LA DISSIDENCE DU M5 RFP
Rejeter toute instrumentalisation du M5 à des fins personnelles
Les membres dissidents du M5-Rfp ont animé une conférence de presse, le samedi 28 mai 2022, à la Maison de la presse. But de leur démarche : dénoncer les dysfonctionnements au sein du comité stratégique du mouvement. La rencontre avec les hommes de médias était animée par Ousmane Doumbia, chargé de communication du M5-Rfp, accompagné de Daba Diallo, et aussi d’El Hadj Oumar Abdou Touré, président de l’association Kaoural renouveau international. Elle a enregistré la présence de plusieurs militants et sympathisants du M5.
La tension qui couvait au sein du M5-Rfp entre le camp du Premier ministre, le Dr Choguel Kokalla Maïga, et celui du cinéaste Cheick Oumar Sissoko, a éclaté au grand jour. Les injures envers les aînés, la remise en cause des décisions du comité stratégique par le Dr Choguel Kokalla Maïga, le refus de retirer la plainte du M5 contre le Conseil National de Transition (CNT), la confiscation par le vice-président des correspondances adressées au comité stratégique par des structures du M5-Rfp sans en informer ses membres, la division de la diaspora malienne par Choguel Kokalla Maïga etc. ; sont quelques griefs que le camp de Cheick Oumar Sissoko a contre celui de l’actuel chef du gouvernement. Selon Daba Diallo, qui a lu le communiqué final, les injures envers les aînés ont commencé depuis les premières heures de la nomination de Choguel K. Maïga à la primature. Ce qui a surpris Diallo et ses camarades de lutte, c’est, affirment-ils, le silence du PM face au comportement de ses défenseurs. « Aucune réaction de la part du PM, alors qu’il reçoit tous les messages WhatsApp du comité stratégique. Pourtant, il s’agit de ses proches, souvent des chargés de missions », s’est étonné Daba Diallo. Avant de dénoncer la remise en cause des décisions du comité stratégique par le Premier ministre. « Il a toujours remis en cause toute décision qui ne va pas dans la ligne droite de ses intérêts », a dénoncé Diallo.
Le camp de Cheick Sissoko reproche aussi à l’actuel Premier ministre de n’avoir pas prêté une oreille attentive à la question relative à la plainte du M5 contre le CNT. « Nous avons demandé à plusieurs reprises de retirer la plainte à partir du moment que nous avons décidé de collaborer en acceptant la primature », a fait savoir Ousmane Doumbia, le chargé de communication du M5-Rfp.
De l’avis des conférenciers, cette plainte est une stratégie pour maintenir une pression permanente sur les 5 colonels. Chose que les conférenciers du jour n’ont jamais partagé parce que, ont-ils insisté, « tout partenariat sérieux exige un minimum de sincérité. »
Ainsi, pour restaurer l’unité au sein du M5-Rfp, le camp favorable au cinéaste Cheick Oumar Sissoko a entrepris de rencontrer tous les responsables du comité stratégique. Mais, ont-ils confié à la presse, cette démarche de rassemblement est restée vaine. « Le clan du président du comité stratégique a refusé de faire le débat sur les différents points, et certains nous ont même traités d’ennemis de Choguel et de gens financés par la France et la CEDEAO », ont-ils expliqué. Avant de poursuivre : « C’est à partir de là que nous avons compris qu’il y a une volonté affichée de réduire le comité stratégique en caisse de résonance au service du Premier ministre afin de faciliter la transformation du M5-Rfp en un mouvement à sa solde. »
Faisant référence aux scandales de corruption qui avaient suscité beaucoup de bruits (recrutements à la Canam et au sein de la Police), les conférenciers estiment que le train du “Malikoura” est loin de démarrer : « Les Maliens nous posent de plus en plus des questions sur les scandales auxquels nous assistons, notamment la gestion catastrophique de l’attribution des logements sociaux, les concours de recrutement, la promotion des vidéomans qui n’hésitent pas à insulter tous ceux qui donnent des avis divergents. Nous avons le sentiment que le Malikura auquel aspirent les Maliens n’a pas commencé ».
Les conférenciers sont également revenus sur les événements des 10, 11 et 12 juillet 2020, au cours desquels une vingtaine de civils ont été tués. « Nous rappelons que la Justice n’est pas rendue pour les tueries des 10, 11 et 12 juillet, à Bamako et Sikasso. Justice doit être rendue à ces martyrs », ont-ils réclamé.
Seydou Fané
Source: Les Échos- Mali