Depuis quelques jours les Maliens ne cessent d’esquisser le portrait-robot du futur titulaire du perchoir, autrement dit le président de l’Assemblée nationale du Mali débout, comme le serine à longueur de journée le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.
Le peuple électeur du Mali veut savoir si le changement tant vanté par le président de la République sera effectif au niveau de toutes les institutions de la République, en particulier le Parlement qui contrôle l’action gouvernementale. Il faut croire que l’Assemblée nationale est réellement le premier contre-pouvoir dans une démocratie réelle.
Son bon fonctionnement découle en partie de la personnalité du titulaire du perchoir. Avec 66 députés à son compteur, il est évident que le nouveau patron de l’hémicycle sortira des rangs du Rassemblement pour le Mali (RPM). Vu l’échec de sa liste en Commune I dont l’un des candidats (Boulkassoum Haïdara) était pressenti pour succéder à Younoussi Touré, le choix risque d’être réduit pour le parti majoritaire et ses alliés.
Abdrahamane Niang, ex-haut cadre de l’Administration territoriale (élu à Tenenkou), Issaka Sidibé (élu à Koulikoro), Pr. Kalilou Ouattara (élu en Commune III du district de Bamako) sont perçus comme des candidats de remplacement. Dans tous les cas, contrairement aux législatures passées, le futur patron des députés devra se mettre au-dessus de la mêlée, des considérations mesquines et de la politique politicienne pour ne considérer que l’intérêt supérieur de la nation.
Il faudrait que l’Assemblée nationale retrouve sa vocation première qui est le débat responsable duquel jaillit la lumière. Le titulaire du perchoir devra aussi mettre un point d’honneur à instaurer une discipline de fer pour que les élus participent pleinement à tous les travaux. Les questions orales et les interpellations du gouvernement sur des sujets de préoccupation majeure conforteraient l’assise du Parlement national.
Co responsable du drame malien
Jusque-là le pouvoir législatif, malheureusement, s’est révélé un faire-valoir en accompagnant tous les régimes de l’ère démocratique dans leurs turpitudes. Il est l’accusé n°2 de la déchéance dans laquelle notre pays s’était retrouvé. Et dire que le nouveau président de la République vient de cette institution dont il a été le président de 2002 à 2007 !
IBK veut sonner le renouveau dans la gouvernance institutionnelle dans notre pays, mais acceptera-t-il que le Parlement, au sein duquel son parti est majoritaire sans avoir la majorité absolue, soit celui que le peuple attend, c’est-à-dire qui dira non au gouvernement s’il le faut ?
Une chose est de chanter le changement, mais une autre chose est d’en accepter les principes. Beaucoup de présidents africains évoquent l’indépendance dans les relations entre les institutions, mais ne l’acceptent pas dans la pratique surtout au niveau des parlements qui sont transformés en caisses de résonance pour la seule cause du prince du jour. C’est à ce spectacle déshonorant auquel nous assistions ces 20 dernières années dans notre pays et qu’on n’aimerait voir relégué dans les oubliettes de l’Histoire.
Ce serait dommageable qu’après toute la tragédie que notre pays a vécue, par l’irresponsabilité politique au Parlement, qu’on se retrouve encore avec une Assemblée nationale légataire de pratiques décriées.
La nouvelle Assemblée nationale devra alors marquer son territoire en suivant la voie du peuple et non celle du prince. Elle ne doit aucunement être l’Assemblée nationale de nos habitudes, mais celle de nos besoins.