Le 29 juin, au Palais des Sports de Bamako, le président du Haut conseil islamique a été clair : les forces étrangères doivent pouvoir trouver des réponses aux interrogations des Maliens. Le Haut conseil islamique a donné le ton d’une interpellation sans complaisance de ces forces créditées d’expériences utiles à la construction de la paix et de la stabilité.
Ce que les leaders religieux chrétiens et musulmans du Mali ne comprennent pas est que l’on tue les Maliens comme des mouches au nez et à la barbe des forces étrangères ayant accouru au chevet du pays en 2012. Le comble, c’est que personne ne sait qui tue et brûle le Mali. En tout cas, disent-ils, ces crimes ne ressemblent pas aux Maliens qui ont vécu ensemble pendant des centaines d’années sans problèmes entre différentes ethnies ou religions.
Pour les chefs religieux, il y a près de 14000 soldats étrangers venus spécialement au Mali pour aider le pays à se relever, et elles ne peuvent pas échouer de cette manière lamentable à combattre le mal sans une explication rationnelle. La vérité doit être cachée quelque part, et les religieux sont déterminés à découvrir le pot aux roses.
Pour en avoir le cœur net, les religieux ont décidé d’entamer à partir de cette semaine des rencontres avec les représentants de la MINUSMA, la force onusienne. L’objectif est de savoir la vérité sur les tueries de masses auxquelles les Maliens sont désormais habitués. Ce que les religieux ne comprennent pas, c’est pourquoi la MINUSMA dont la mission principale est de protéger les civils contre les crimes est impuissante face aux massacres.
La plupart des leaders religieux disent ouvertement que la MINUSMA ferme les yeux sur les auteurs de crimes graves contre les civils dans la région de Mopti. Pendant plusieurs fois, des tueurs que la MINUSMA n’arrive pas à identifier exécutent des innocents et rasent des villages entiers et disparaissent sans laisser de trace dans la nature. Au regard des moyens et de la mission humanitaire dont se targue la MINUSMA, les casques bleus devraient mettre la main sur ces assaillants.
La force française Barkhane aussi est dans le viseur des religieux qui sont déterminés à jouer leur partition dans la résolution de la crise malienne. Le Haut conseil islamique ira dans la semaine à la rencontre des responsables de Barkhane. Les soldats français qui sont présents au Mali en vertu d’un accord de défense sont aussi comptables du bilan lourd de la crise au centre du Mali, selon les religieux.
Avec tous les moyens aériens, de transports et de surveillance dont disposent les français, les religieux trouvent scandaleux que les tueurs ne soient pas démasqués. Et l’imam Mohamed Traoré de s’interroger : « Avec quels moyens, quels outils électroniques et de communication communiquent les tueurs ? Comment arrivent-t-ils à se parler pour se rassembler ? Nous voulons avoir des réponses à ces questions-là».
Toutefois, les religieux maliens n’en veulent pas plus aux forces étrangères qu’aux forces maliennes déployées sur le terrain pour assurer la sécurité de la population. C’est pour cela que les autorités sont attendues de pieds fermes sur la corruption systémique qui paralyse les services de sécurité alors que la population paye les impôts. Une action particulière sera conduite pour obliger le gouvernement à clarifier cette situation
Source: La Sirène