Parou et Sogobiaye, deux villages de la région de Mopti, se situent entre Bandiagara et Bankas à 5 kilomètres l’un de l’autre. Ce lieu est très souvent le théâtre de plusieurs attaques et massacres des populations locales.
Ainsi le mardi, tôt aux environs de 7 heures, une voiture Peugeot 207 avec 4 jeunes hommes d’une vingtaine d’années se dirige vers Bankass pour le marché hebdomadaire lorsqu’ils ont roulé sur une mine qui a explosé tuant ainsi tous les occupants. Des cas similaires sont monnaie courants dans cette région.
La région de Mopti était surnommée « la Venise du Mali » située au confluent du Niger et de son affluent le Bani. Par son port fluvial actif à l’époque transitaient des centaines, voire, milliers de personnes dans l’année. La plupart se rendent au plateau Dogons. En quelques sortes, on pourrait dire que c’est un passage obligé surtout pour les touristes. Aujourd’hui, cette magnifique ville est au bord d’une crise alimentaire. Une tragédie d’une ampleur sans précédent.
L’économie est non seulement à l’agonie. Selon un élu, la ville accueillait près de 40 000 touristes, mais aujourd’hui personne n’ose se rendre au pays Dogon pour faire du tourisme. Donc, la ville a perdu toutes ses activités économiques liées au tourisme qui générait 80% des ressources de la région. Rares sont les établissements hôteliers qui accueillent des clients. Beaucoup ont mis la clé sous le paillasson. Les meurtres sont commis de façon systématique, pillages et destructions de biens se produisent quotidiennement.
À l’heure actuelle, cette région est dominée par des monstres, ces terroristes qui sont plus dangereux que tous…
Les seules sources de revenus qui restent ; sont la pêche, l’élevage et l’agriculture. Or, Amadou Kouffa et ses hommes installés derrière le fleuve font la loi, et même nos autorités n’osent aller dans ces zones d’occupation.
Pire, les pêcheurs sont attaqués sur le fleuve, les cultivateurs dans leurs champs et les éleveurs dans leurs villages. Ils sont enlevés ou tués par les djihadistes. Leurs moissons brûlées, les bétails, idem. Finalement, les marchés hebdomadaires sont les seuls espoirs des habitants. Des lieux d’attractions et d’échanges. Mais hélas ! Là aussi, les gens ont peur d’y aller par crainte d’être massacrés par les djihadistes qui interdisent même ces retrouvailles. Les déplacements d’un lieu à un autre, sont de plus en plus difficiles vu qu’à tout moment on peut sauter sur une mine artisanale placée sur le chemin pour tuer, tuer par plaisir.
En effet, mardi dernier, c’est dans ce climat de haute tension que Moussa Coulibaly dit Kanté marié, père de quatre enfants et le 5èmeen route puisque sa femme est enceinte, Ibrahim Diarra, marié, père de 4 enfants, et le chauffeur au nom Amadou Sofara et son apprenti, tous dans les trentaines d’âge, ont pris la route du marché de Bankass dans une voiture 207 vers 7 heures du matin afin de pouvoir s’approvisionner pour leurs familles respectives. En cours de chemin, ils ont malheureusement sauté sur une mine sciemment enterrée sur leur chemin de passage par leurs assassins. Tous, ont perdu la vie. L’enterrement a eu lieu mercredi dans leurs familles. Trois dans un quartier de Mopti appelé Médine Coura et le quatrième à Sofara.
Les Maliens de ces zones souffrent énormément. Ils ont le sentiment d’être abandonnés par les autorités. Une injustice qu’ils déplorent avec désolation. Pour eux, nos gouvernants se sécurisent eux et leurs familles avec leurs impôts et taxes payés à l’État et les laissent mourir comme des moins que rien. La Charia est pratiquée dans des endroits où les enfants qui sont nés ne peuvent avoir des actes de naissance faute de présence des autorités. Pas de préfet ni de sous-préfet. Un abandon total de l’État. Qu’adviendront-ils un jour ces enfants nés dans cette période de violence ? Des probables djihadistes, rien d’autre. Les populations crient à l’aide, mais personne ne répond à leur détresse. Tous les jours, au moins une famille est endeuillée par des attaques terroristes. Par exemple, le lieu où se trouve Amadou Kouffa est pratiquement rayéde la carte du Mali. Personne, aucune autorité malienne, aucune force internationale ne peut se déployée dans ces lieux pour protéger les civiles sachant bien que ce sont des nids terroristes.
Un habitant de la région, très en colère, s’adresse dans une vidéo à nos dirigeants : « Bamako n’est pas le Mali. Vous les Autorités, vous vous faites sécuriser avec vos familles par des armes lourdes payées par nos impôts et nos taxes en nous laissant mourir comme des lapins. Il y a des endroits où l’état n’existe pas. Des villages entiers sont à l’abandon. Ici au Centre nous nous battons pour survivre et on ne sait pas de quoi serait le lendemain. Nous sommes tous les jours confrontés à des attaques incessantes qui se soldent indéniablement par morts d’hommes ».
Source : LE COMBAT