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La Minusma et Barkhane face au paradoxe malien

Le Mali sous assistance sécuritaire avec la présence de Barkhane, de la MINUSMA, de l’EUTM, de l’Opération Takuba, s’est de nouveau illustré, ce mercredi, par l’organisation de manifestations déclamatoires. Deux régions étaient au cœur du charivari : Mopti et Gao ; une revendication : la sécurité des personnes et des biens ; deux approches de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

 

A Gao, symbole de la résistance permanente, sous l’égide de la Fédération des organisations de résistance civile de Gao (FORCE-G), les manifestants revendiquent, entre autres, ‘’l’activation des comités de veille et d’alerte ; des contrôles minutieux et des fouilles des véhicules à l’entrée des postes ; la sécurisation des axes routiers et des agglomérations’’.
Les manifestants de Gao demandent expressément ‘’le redéploiement des forces de la MINUSMA et de l’opération Barkhane dans les zones de Bourem, Bamba, Labezanga, Ouatagouna, en coordination avec l’armée malienne’’.
Mieux, pour donner une suite favorable à ses doléances, la Fédération des organisations de résistance civile de Gao a demandé à la communauté internationale, à la MINUSMA et à la force Barkhane à prendre acte de cette déclaration dont la copie a été remise au gouverneur de la région.
A Mopti qui renoue avec la conjuration, c’est un tout autre son de cloche : la MINUSMA doit dégager pour absence de résultat. Il faut dire que la région de Mopti est la cible d’attaques récurrentes occasionnant des morts, des blessés avec tout le corollaire de malheurs.
Pourtant, le 24 juin 2019 a eu lieu, à Mopti, le lancement officiel du secteur Centre permettant aux Casques bleus de la région de Mopti d’avoir un commandement propre à l’instar de ceux de Tombouctou, Kidal, ou encore Gao. La création de ce secteur, fait-on savoir, a pour but d’améliorer la coordination des efforts de la MINUSMA et des Forces de défense et de sécurité du Mali (FDSM), pour mieux protéger les civils et faciliter le retour de l’autorité de l’État dans la région. Il s’agit de faire face aux attaques sur fond de conflits intercommunautaires, amplifiés par l’impunité, le banditisme et la prolifération des groupes terroristes dans le delta central du Niger, justifie la MINUSMA dont les efforts sont jugés toujours insuffisants par les populations de la région de Mopti.
Entre Gao et Mopti, les positions clivantes étalent au grand jour le paradoxe malien. Une région, Gao, sollicite et assigne une mission spéciale à la MINUSMA, tandis qu’une autre, Mopti, l’a en aversion et lui demande de prendre ses cliques et ses claques pour aller se faire voir ailleurs.
On peut également se permettre de parler de paradoxe malien, d’autant plus que Barkhane est l’alter ego de la MINUSMA, en termes de capital sympathie fluctuant au sein de la population. Barkhane qui est née des cendres de Serval a été montée suite à une demande pressante des Maliens pour une mission de sauvetage tout autant pressante toujours en cours.
Ce sont également des Maliens, fussent-ils des énergumènes et des boursicoteurs, qui s’inscrivent dans une logique de ‘’dégagisme’’ obsessionnel à l’égard de cette mission.
Dans la même veine, pendant que les autorités nationales encouragent le partenariat entre nos forces de défense et de sécurité et la MINUSMA et Barkhane, là également la musique est dissonante au sein de l’opinion nationale. Ainsi, si à Gao, le ton est aux missions conjointes FAMa-MINUSMA, à Bamako, pour Yerewolo Debout sur les remparts, pour l’honneur du Mali, les FAMa doivent agir seules, en étant amnésiques sur le fait qu’à chacune de leurs victoires, Barkhane n’est pas loin avec ses mirages et ses hélicos. Sans déprécier bien sûr les efforts QUE NOS FAMa fournissent quotidiennement pour neutraliser les groupes armés terroristes.
Il serait peut-être temps de changer de paradigme au niveau de certains esprits retors et rétro et faire preuve de réalisme et d’humilité.
Le Mali n’a aucune honte à accepter l’aide d’autrui, parce que nous avons aidé et nous aidons encore des pays en difficulté (Haïti, RDC (le Général Mody BERETHE, de nationalité malienne, est le nouveau Chef de la Composante Police de la MONUSCO), Libéria, Sierra-Léone, Tanganyika (l’actuelle Tanzanie) …). Donc, ranger notre patriotisme à la petite semaine, dans le contexte actuel, ne ferait de mal à personne, parce que n’étant pas synonyme de se renier.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN

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