En effet, selon le discours officiel, 80% du territoire national échappent au contrôle des autorités en charge de l’État. Ces espaces qui sont sous contrôle terroriste ont été abandonnés par l’administration locale et les forces armées et de sécurité à la suite d’attaques violentes ciblées.
En invitant des chefs de village et autres légitimités traditionnelles à Bamako pour qu’ils expriment publiquement leur soutien aux autorités de la transition, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’est-il pas en train de les exposer comme cible aux attaques des groupes extrémistes violents ?
Comment les chefs de village qui n’ont pas pu effectuer le déplacement de Bamako à cause de l’insécurité vont-ils apprécier cette invitation ?
De 2012 à maintenant, toutes les légitimités traditionnelles ou religieuses qui ont refusé d’obéir aux ordres des terroristes en prétextant de soutenir l’administration locale n’ont-ils pas été assassinés ? Les villages qui ont été brûlés ou vidés de leurs habitants n’avaient-ils pas à leurs têtes des légitimités traditionnelles récalcitrants ?
Autant de questions qui valent leur pesant d’or. D’autant plus que le chef suprême de la milice Donzo (Dana Amassago), Issouf Toloba, a indiqué clairement sur les réseaux sociaux qu’il enlèverait le chef de village de Mopti Elhadji Baba Touré dès son retour de Bamako pour avoir tenu ces propos: « La région de Mopti se porte bien. Il y a la sécurité à Mopti. Tant que la Transition continuera comme ça, il y a la sécurité à Mopti… » !
Le vieux Touré dans son rôle
Le pays est en feux, et certains font tout pour faire croire que tout va bien et que tout est sous contrôle en vivant la transition sans vue ni alternative en dehors de slogan de souveraineté pour des masses qui dorment presque debout.. Du moment que ceux qui préviennent et alertent les autorités de transition, finissent avec des mandats de dépôt, le Chef de village de Mopti, Elhadji Baba Touré, qui a affirmé ci haut que tout allait bien dans la région de Mopti, était dans son rôle. Nos autorités refusent de sortir du déni. Toute occasion pour enflammer les discours et animer la galerie de la propagande, est saisie. Le chef d’orchestre et architecte des règles de la communication s’en délecte. Mais ils doivent comprendre qu’IBK avait négligé les manifestations de Sikasso, et Kayes. Il avait tenté de colmater en soudoyant des autorités locales, pendant que les masses s’enflammaient à petit feux un peu partout.
En tout cas, le Mali ne se limite pas à Bamako et la sécurité de tous les Maliens doit être la priorité de nos autorités. On peut élargir la base de soutien populaire au Roi Assimi sans tomber dans la démagogie et le populisme surtout si cela peut causer préjudice à des vies qui ont été jusque-là épargnées.
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate– Mali