Le ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed ALI, a présidé, hier lundi 8 novembre, à Ségou, la cérémonie d’ouverture de la première session du cadre harmonisé d’analyse et d’identification des populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au titre de l’année alimentaire 2021-2022. C’était en présence du gouverneur de Ségou ; du maire de Sébougou ; du Coordinateur du cluster sécurité alimentaire, Theodore KABORE ; des experts du CILSS, du PAM, de la FAO…
Dans son intervention, le Coordinateur du Cluster sécurité alimentaire, Theodore KABORE, a affirmé que la campagne agricole qui vient de s’achever a été extrêmement mitigée.
Une campagne marquée par divers chocs à savoir la sécheresse, les inondations, les impacts de l’insécurité.
M. KABORE a révélé que 300 000 hectares de terre ont été complètement dévastés du fait de ces chocs. Pour lui, cet atelier est une opportunité de faire une analyse sans complaisance de la situation alimentaire.
Pour aboutir à des résultats tangibles, le coordinateur du cluster sécurité alimentaire a invité les participants à être assidu ; à apporter des preuves ; à construire un consensus technique pour élaborer un travail rigoureux.
A son tour, le ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali, a rappelé que le Mali, à l’instar des pays du CILSS et des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, s’était engagé depuis quelques années, travers le SAP, dans un processus d’harmonisation des méthodologies d’évaluation de l’insécurité alimentaire appelé Cadre Harmonisé.
Selon lui, le Cadre harmonisé, en tant qu’outil consensuel et fédérateur, est renseigné et mis en œuvre à partir des informations issues des différentes évaluations de la situation alimentaire et nutritionnelle à travers le pays. Cela, précise-t-il, est renforcé par les données classiques produites par les structures nationales, les partenaires techniques, les ONG, les organisations de la société civile, ainsi que toutes autres données crédibles.
Le ministre a indiqué que les principaux instruments de cette évaluation consensuelle sont entre autres : les résultats issus de la situation alimentaire selon le Système expert du SAP ; les résultats obtenus selon l’analyse de l’économie des ménages (HEA) ; les résultats de l’Enquête Nationale de Sécurité alimentaire et Nutritionnelle (ENSAN) ; et les résultats de l’enquête SMART.
« Les résultats de la campagne agro-Sylvio-pastorale 2021-2022 sont des facteurs contributifs déterminants et influents sur les principaux indicateurs de résultats, donc importants pour l’évaluation de la situation alimentaire et nutritionnelle dans notre pays », a souligné Redouwane Ag MOHAMED ALI.
Il a indiqué que les informations déjà recueillies faisaient état d’une pluviométrie capricieuse avec des poches de sécheresse plus ou moins importantes et un arrêt précoce sur l’ensemble du pays ; d’une crue faible ayant entraîné des problèmes d’irrigation ou d’inondation de rizières à submersion libre et contrôlée ; d’une décrue précoce qui pourrait impacter négativement les cultures de submersion, l’inondation des mares et lacs, la production halieutique et autres.
Le ministre craint que ces faits impactent les perspectives de récoltes à travers le pays.
« Les nombreux semis tardifs dont les cycles n’ont pas pu être bouclés convenablement et les cas d’inondations par endroits engendreront des baisses de rendement des cultures », a-t-regretté.
Le ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire a informé que sur le plan pastoral, la soudure 2020-2021 a été difficile dans les zones de concentration au nord du pays. Pour cette année 2021-2022, déplore-t-il, le niveau de la biomasse est inférieur à celui de l’année dernière et des déficits importants sont signalés dans certaines zones frontalières.
Aussi, prévient-il que les descentes précoces de troupeaux transhumants pourraient provoquer des concentrations inhabituelles dépassant les capacités de charge de parcours et créer des risques de conflits entre les éleveurs et agriculteurs.
« La pêche est également victime de la mauvaise crue, avec la mauvaise inondation des frayères pour la reproduction des espèces. Là aussi, les perspectives ne sont guère reluisantes », a indiqué le ministre.
En plus de tous ces inconvénients, s’ajoute l’insécurité qui persiste et s’installe au centre du pays, dans des zones où les populations peinent à se relever des difficultés antérieures.
Toutes ces difficultés laissent présager d’une tendance de situations difficiles cette année pour les populations de certaines zones.
« Comme vous le savez, le Cadre Harmonisé est devenu l’outil de référence de toutes les actions de sécurité alimentaire conjoncturelle au Mali. C’est pourquoi les résultats de vos travaux sont vivement attendus pour permettre au Gouvernement et ses partenaires d’anticiper sur la gestion des questions de vulnérabilité alimentaire » a affirmé le ministre, avant d’inviter les participants à examiner attentivement l’ensemble des informations à leur disposition.
Il s’est dit convaincu que les discussions contribueront à cibler sans complaisance, selon l’approche cadre Harmonisé, les populations les plus vulnérables et à proposer les réponses les mieux appropriées.
PAR MODIBO KONE
Source : Info-Matin