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Insalubrité à Bamako: Bamako, la ville coquette a perdu de son charme

La ville de Bamako menacé à cause de son insalubrité. Un phénomène très préoccupant pour les populations des quartiers populaires généralement.

Des dépôts de transit par-ci par-là, des eaux de ruissellement qui obstruent le passage, voilà à quoi ressemble cette ville qui a longtemps perdu la réputation qui lui a valu le nom de « ville coquette ».

Ozone Mali est une société marocaine de droit malien qui depuis 2015 était chargée du nettoyage de la ville de Bamako. Elle avait pour mission la collecte des déchets, le nettoiement des voies, des rues, des espaces publics et des monuments, l’entretien et le traitement de la décharge finale. Ozone Mali disposait pour ses activités environ 120 camions et avait créé environ 1137 emplois.

La société a-t-il faillit ? Tel est la préoccupation de la population bamakoise. Adama Diarra mécanicien, du haut de ses 30 ans, assise à moins de deux mètres d’un dépôt de transit à Darsalam ou il a son garage.

La situation est désespérante pour lui. « Nous sommes impuissant face à cette situation, les gens viennent déverser les ordures ici quand on est absent. Avant, on ozone venait collecter les ordures régulièrement. Mais depuis quelques temps, elles ne viennent plus et dès lors nous sommes obligés de supporter cette situation d’odeur nauséabonde à longueur de journée et nous sommes exposés à d’énormes problèmes de santé », témoigne-t-il.

Adama Koné, conseiller principal de la direction générale d’Ozone Mali à Bamako a bien voulu exprimer en quelques mots pour nous éclairer. Selon ses dires, ozone Mali depuis ses débuts, a eu des difficultés liées au non-respect de l’état de paiement des factures par l’Etat malien, pour mener à bien ses missions.

Des travailleurs mécontents

A.S. est une jeune femme d’une quarantaine d’années, mariée avec 4 enfants. Elle travaille en tant que balayeuse à Ozone Mali depuis quatre ans. Elle mène cette activité en exerçant son petit commerce de banane plantain à côté selon ses dires, pour pouvoir prendre soin de sa petite famille. A notre arrivée, il est 9h 05 mn, la bonne dame est assise à l’ombre sous le feuillage apaisant d’un manguier. Le visage fatigué par le coût de soleil avec son balai à la main, A. S. nous répond sur un ton de déception : « nous avons commencé ce travail en espérant pouvoir subvenir à nos besoins. Mais hélas, la situation est très difficile pour nous. Nous quittons nos familles depuis 6 heures du matin, car le travail commence très tôt et se termine à 14 heures, nous n’avons que 30minutes de repos aux environs de 9h. Nous aimons bien ce travail mais le payement des salaires n’est pas régulier et cela est vraiment désolant ».

Près d’elle O. D., un homme vêtu de sa tenue de travail avec sa casquette noire, il exprime les mêmes craintes. Marié à deux femmes et père de 12 enfants. O. D. faisait du gardiennage dans une pharmacie, mais après des incompréhensions avec son patron, il a abandonné ce travail. Par la suite, O. D. a eu la chance, selon lui, d’intégrer la société Ozone depuis quatre ans, espérant qu’il pourra subvenir à ses besoins en tant que chef de famille. Mais, selon ses dires, sa surprise a été grande car ses attentes n’ont pas été comblées.

A ces nombreuses difficultés s’ajoute un problème de décharge finale selon le conseiller principal d’Ozone Adama Koné. « Depuis 2015, Ozone n’a pas connu une bonne démarche concernant la décharge finale. Malgré que l’Etat ait investi plusieurs milliards pour l’aménagement d’une décharge finale à Noumoubougou dans la Commune rurale de Tienfala, Ozone n’avait pas accès à ce site. Aujourd’hui Ozone est obligée de déposer les déchets dans des champs à la demande de quelques propriétaires, faute de moyens nécessaires pour disposer d’une décharge finale », déclare-t-il.

Le directeur des Services urbains de la Voirie Oumar Konaté, estime que l’importance accordée à la gestion des déchets est négligée par les décideurs politiques. « Le budget accordé à ce domaine ne dépasse pas les 5 % du budget de la municipalité », dira-t-il.

A ce jour, dira-t-il, la ville de Bamako produit environ 3 000 tonnes de déchets par jour, soit 80 camions semi-remorque. Il n’y a plus de décharge finale, et le dépôt de transit de Médine ne reçoit plus depuis environ deux mois. La voirie est obligée de diriger les déchets collectés vers les champs avec l’accord des propriétaires. Et à cette période de culture, cela devient impossible, ce qui rend le travail de nettoyage très difficile.

Il ajoute que pour corriger cette insuffisance, tout le monde doit s’impliquer, aussi bien les décideurs politiques que la population elle-même. Il suggère l’application du principe ‘’pollueur payeur’’ où chacun doit payer le traitement de ses ordures. Et les décideurs politiques doivent faire une priorité la question de gestion des déchets car qui parle de déchet parle de santé publique.

Selon M. Konaté, la fin du contrat du Mali avec Ozone prend fin dans trois mois, c’est-à-dire en février 2023.

 

Zeïnabou Fofana

Mali Tribune

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