Né vers 1993 à Bamako, Mohamed Camara est célibataire sans enfant domicilié chez son père Bandiougou Camara à Lassa, en commune IV du District de Bamako. Pour des faits de parricide, il a comparu à la barre des Assises le jeudi 26 août 2021. C’était dans la salle ”Boubacar Sidibé” de la Cour d’Appel de Bamako. Les jurés ont condamné cet individu à la peine de mort pour avoir mis fin à la vie de sa mère.
La parricide c’est le fait de tuer un de ses parents, soit le père ou la mère. Ce fait est prévu et puni par les articles 199 alinéa 4 et 200 aliéna 1 du code pénal. Le 16 décembre 2016, aux environs de 9h, Mohamed Camara est rentré dans la chambre de sa mère et lui a assené des coups de bâton sur la tête. Elle a été transportée de toute urgence par la protection civile à l’hôpital Gabriel Touré où elle a succombé de ses blessures. Ainsi, l’accusé a été conduit devant le parquet du tribunal de grande instance de la commune IV du 5ème arrondissement. Devant le juge instructeur, l’inculpé n’a pas reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a insinué ne pas se souvenir de ce qui s’est réellement passé. Mohamed Camara serait possédé depuis qu’il a vu un cobra sur le site d’orpaillage de Kantéla.
Il faut noter que le rapport du médecin de la maison centrale d’arrêt n’a pas été versé dans le dossier de la procédure.
Bandiougou Camara, le père de l’inculpé témoigne à la barre : ”Un jour, Mohamed est venu nous dire à sa mère et moi qu’il veut aller sur le site d’orpaillage de Kantéla. On lui a fait savoir que depuis que ce site existe, personne de notre descendance n’a jamais essayé cela et qu’elle en ait sorti indemne. Ainsi, je lui ai cherché un véhicule afin qu’il soit chauffeur parce qu’il savait conduire. Sa mère, feue Oumou Diallo aussi lui a acheté une moto pour le dissuader d’abandonner son idée, mais rien à faire, il est parti.
Un jour, on a appris qu’il est parti dans une brousse se trouvant sur ce site et qu’il n’est pas retourné. Tout le monde parle d’un cobra pas ordinaire dans cette brousse. On l’a cherché pendant deux mois sans aucune nouvelle. Un soir, un jeune est venu nous informé qu’il y a un bandit qui les empêche de passer et lorsque nous sommes parti voir, on a trouvé que c’était Mohamed”, relate le père de l’accusé.
Il continue en ces termes :”On l’a mis dans un véhicule pour l’amener et sur la route, il s’est jeté du véhicule et quand on l’a rattrapé, on l’a attaché. Arrivée à Kita parce que nous sommes de là-bas, un médecin l’a fait une injection qui m’a coûté 75 000 FCFA. Je me suis dit que c’était mieux que je l’amène à Bamako pour des soins approprié. Et lorsque nous y sommes arrivés, il a reçu quelques soins au niveau du centre de sante de lafiabougou. Un jour à ma grande surprise, Mohamed m’a dit que ça ne sert à rien que je gaspille mon argent parce qu’il ne va plus suivre le traitement. En même temps, il suivait des traitements tradi-thérapeute. Alors, je l’ai abandonné et c’est comme ça qu’un jour il est parti assassiné sa mère à son absence”, s’en larme Bandiougou Camara.
A l’entendre, il a été appelé de toute urgence par une sœur de Mohamed pour l’informer de l’assassinat de leur mère. ”Je suis parti trouver que les gens l’avait attaché, et je lui ai dit Mohamed tu as tué ta mère Oumou, il m’a répondu en me demandant : je lui ai tué ? je n’ai pas fait exprès”, indique-t-il. Pour terminer, le vieux Camara a fait savoir aux jurés qu’il a pardonné son fils et qu’il ne demande rien parce qu’il se dit fatiguer de la situation. A l’en croire, il a une vingtaine d’enfants parce qu’il est polygame, mais depuis ces faits, personne d’autre ne s’occupe de Mohamed à part à lui depuis son arrestation jusqu’à aujourd’hui.
Aux dires du Président de la Cour, le certificat d’expertise mentale n’a pas été versé au dossier, malgré le fait qu’il divaguait dans ses propos. A la barre, l’accusé n’a fait que répété seulement : ”On m’a dit que j’ai tué ma mère, je n’ai pas fait exprès, excusez-moi”.
A la question du ministère public à savoir s’il ne s’est pas rendu compte de son acte au moment des faits, Mohamed Camara répète encore : ”On m’a dit que j’ai tué ma mère, je n’ai pas fait exprès, excusez-moi” Malgré la plaidoirie de son avocat, Mohamed Camara n’a pas échappé à la lourde sentence de la Cour, car il a été condamné à la peine.
Marie DEMBELE
Source: Aujourd’hui-Mali