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IBK : « Dr Bocary Tréta veut me tordre la main pour se hisser à la primature. Il ne réussira pas son coup, fut-il habile »

INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE

Le limogeage du Premier ministre, réclamé par les manifestants du 05 avril, et la révision constitutionnelle. Tels sont les deux grands sujets de cette interviou, que le président de la Rue publique a bien voulu nous accorder. C’était, samedi dernier, en milieu de matinée, au Palais de Koulouba, dans son bureau ovale.

Mr le président, allez-vous accéder à la demande de Bouyé et de Mahmoud Dicko, en limogeant votre Premier ministre ?

Pour l’instant, je ne sais quelle réponse donner à votre question. Si je limoge Boubeye, qui a tant fait pour moi, et pour le pays, qui mettre à sa place ? Autre question, sans réponse pour l’instant : son successeur, si successeur il y’aura, sera-t-il à hauteur de mission ? Troisième et dernière question, sans réponse : si j’accède à la demande de Boubeye et de Mamoud Dicko, vont-ils, en retour, me gratifier de leur soutien jusqu’à la fin de mon mandat ?
Voilà pourquoi, je ne peux répondre à votre question. Du moins, pas pour l’instant.

Le temps, Mr le président, vous est compté. Puisque ces deux leaders religieux et leurs partisans menacent de descendre, chaque vendredi, dans la rue jusqu’à ce que vous accédiez à leur demande.

C’est pour cela que je réfléchis pour pouvoir prendre la meilleure décision.

Parallèlement à ces deux leaders religieux, les députés de l’Assemblée nationale s’apprêtent à déposer une motion de censure contre votre gouvernement…

Pour les en empêcher, moi-aussi, j’ai menacé de dissoudre l’Assemblée nationale.

Votre « baga-baga » ressemble, à s’y méprendre, Mr le président, à un coup d’épée dans l’eau. Le dépôt de la motion de censure n’est plus qu’une question d’heure. Plus grave, la direction du RPM, votre propre parti politique, vient de donner quitus à ses élus pour qu’ils soutiennent cette motion de censure…

C’est là où, je tombe des nues. Je n’ai jamais imaginé, un seul instant, que Dr Bocary Tréta, l’homme à qui j’ai confié le destin de mon parti pouvait, un jour, me poignarder ainsi, dans le dos.

Dans le communiqué, qui s’en est suivi, il dit que la direction du parti prend l’engagement de cette décision devant le « peuple RPM ». Un commentaire ?

Je vois que le départ de Boubeye est devenu une obsession pour les uns et pour les autres. Je me demande quel crime, Boubeye et moi, avions commis pour que les Maliens se liguent ainsi contre nous.
Pour Tréta, ce n’est pas un secret : depuis mon élection à la présidentielle de 2013, il caresse le secret espoir d’occuper la Primature.

Sera-t-il le cas, cette fois-ci, Mr le président ?

Jamais !

Pourtant, Mr le président, vous avez plus que jamais, besoin du soutien de votre parti et de son président, à un moment où, les partis politiques de l’opposition suspendent leur participation au processus de révision constitutionnelle.

C’est vrai ! Mais j’ai comme l’impression que Dr Bocary Tréta veut me tordre la main pour se faire nommer Premier ministre. Il ne réussira pas son coup.  Même si, je reconnais que c’est une manœuvre politique très habile.

Apparemment, vous êtes seul, aujourd’hui, face à votre révision constitutionnelle…

Pas du tout ! Les Maliens me soutiendront.

Mr le président, les Maliens sont convaincus, aujourd’hui, que la révision constitutionnelle est une nécessité. Mais au rythme où elle va, elle ne vise qu’à satisfaire les désidératas de la France, dont l’objectif inavoué est la partition du pays. D’où le refus de vos concitoyens de vous suivre dans cette voie.

Ah bon, c’est comme cela qu’ils voient cela ?

Oui, Mr le président. Les Maliens sont convaincus que vous ne pouvez pas dire Non à la France. Et ils se disent prêts à tout pour mettre en échec ce dessein inavoué de l’Elysée.

Pour moi, il s’agit de réviser la constitution pour une mise en œuvre rapide de l’accord de paix.

Mr le président, les Maliens estiment que la sécurisation des personnes et de leurs biens, sur toute l’étendue du territoire national, est plus urgente que la révision constitutionnelle…

Tout est urgent dans notre pays, la sécurisation des personnes et de leurs biens, autant que la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Et pour ce faire, il faut réviser la constitution.

Mr le président, le pays est dans l’impasse, selon qu’on se tourne au nord, au centre, ou au sud. Partout, la colère le dispute à l’indignation. Pire, personne ne croit encore aux promesses du gouvernement. Qu’allez-vous faire pour redonner espoir et confiance aux Maliens ?

Je sais que la situation est difficile ; mais elle n’est pas désespérée au point de perdre espoir. Je demande à mes concitoyens de me donner une dernière chance, pour que je leur montre de quoi je suis capable. Avec ou sans Boubeye à la Primature.

Propos recueillis par Le Mollah Omar 

Source: Canard Déchaîné

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