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I.U.G : Le cri de cœur des travailleurs à l’intention des autorités de la transition.

En effet, le Conseil de l’Université est l’instance suprême de l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako. Parmi les points à l’ordre du jour, figure « l’harmonisation des primes et indemnités » allouée aux responsables et agents des différentes structures ainsi que du rectorat de ladite université. Les propositions du rectorat sont listées comme suit : M. le recteur 330 000 FCFA, vice-recteur 300 000 FCA, le segal du rectorat 290 000 FCFA entre autres. Toutes ces sommes seront payées les ressources propres de l’USSGB. L’IUG fournit 80% de ces ressources propres de l’USSGB.

 

Il s’agit pour le Recteur de l’USSGB et son financier de s’accaparer officiellement, à travers une décision du Conseil d’Université, les ressources propres internes de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG), générées à travers ses formations payantes dénommées « Unité de Formation et de Production », l’UFP, communément appelée « les cours du soir de l’IUG ».

Cette manœuvre ne date pas d’aujourd’hui. Elle a commencé en 2014 avec l’arrivée d’un certain Traoré comme Chef des services financiers du rectorat de l’Université des Sciences Sociales et de Gestion (USSGB). A son arrivée à la tête des services financiers du rectorat, la clé de répartition des ressources générées par l’UFP était contenue dans une décision rectorale de 2014 modifiant une décision antérieure. En faisant fi de cette décision consacrant la clé de répartition des ressources générées par l’UFP, M. Traoré apercevait bien avant les responsables du rectorat un moyen rapide de s’enrichir illicitement. Ayant dépossédé l’agent comptable de l’IUG de ses prérogatives, il a fait main basse sur la manne financière de l’UFP. Pire, M. Traoré a réussi à embarquer le recteur d’alors dans son projet. Quant au directeur par intérim de l’IUG, M. BAH aujourd’hui vice-recteur de l’USSGB, il avait une disposition naturelle à accompagner le projet pour deux raisons. La première raison est que depuis qu’il avait été nommé directeur par intérim de l’IUG, il s’était permis de s’arroger des primes d’un montant de plus de 600 000, du moins celles qui figuraient sur les papiers comptables. Le comité SNESUP de l’IUG s’est battu pour la réduction de ces primes, et dès lors le directeur par intérim a nourri une haine viscérale contre les enseignants. La deuxième raison est que Monsieur BAH s’est battu pour être confirmé comme directeur général de l’IUG, car ayant pris goût à l’argent facile qu’il s’octroyait sur la sueur des enseignants et des agents administratifs et techniques.

Ayant compris l’intention des responsables du rectorat, en complicité avec la direction de l’IUG, de les spolier des ressources qu’ils génèrent en interne en vue de l’amélioration des conditions de travail et de vie des agents de l’institution, les enseignants entamèrent un bras de fer avec la hiérarchie. Pendant quatre mois consécutifs, des grèves intempestives paralysent l’IUG au vu et au su des hautes autorités « politiques » du pays.

Telle une malédiction, les problèmes de l’IUG s’envenimèrent avec l’arrivée du nouveau directeur en 2016.

En effet, depuis l’arrivée de M. MACALOU, il n’y a aucune vision pour la formation et de façon générale pour le pédagogique. Tout est tourné vers l’argent. On observe :

  • Un désintérêt total du directeur de l’IUG aux cours du jour, se traduisant par : aucune initiative de performance, une méconnaissance totale du fonctionnement des cours du jour, aucune relecture des programmes, aucune considération à l’endroit des Chefs de DER…
  • Un intérêt total porté sur le test d’entrée à l’IUG et le DUT, car ces évènements génèrent beaucoup d’argents.
  • Une dégradation des infrastructures : piteux état des salles de classes, pas de table-bancs n’eût-été la revendication insistante du comité syndical….
  • Les projets de budget sont élaborés sans tenir compte des préoccupations de l’IUG. Par exemple, dans le document de projet du budget 2019 de l’IUG, les primes et indemnités de responsabilité de l’UFP s’élevaient à 129 millions. Après observations du syndicat, le montant a été réduit à 77 millions, ce qui a d’ailleurs été adopté malheureusement par le conseil de l’université.

En 2016, le rectorat s’est permis de relire la décision de 2014 portant organisation et fonctionnement de l’UFP à l’insu des enseignants de l’IUG. Mais, malgré cela, ils n’ont pas réussi à changer la clé de répartition, qui est même devenue plus précise dans la décision n°2016-0312/USSGB/R-SG. En effet, la nouvelle clé de répartition se présente comme suit : A COMPLETER !‼

Mais, les choses empirent lorsque le nouveau recteur de l’USSGB prit fonction en 2019. Après tant de grèves intempestives et de nombreuses commissions de conciliations, le comité SNESUP de l’IUG et le rectorat et l’USSGB sont enfin parvenus à un accord. En effet, dans le PV de conciliation du 27/01/2019, la conclusion est la suivante : il s’agit là de mettre à la disposition de l’UFP sa part et de donner la délégation de gestion au Directeur de l’IUG.

Si le bras de fer entre le SNESUP/IUG et le rectorat de l’USSGB avait perduré, et s’était envenimé avec l’arrivée du nouveau recteur, depuis 2020 il ne s’agit ni plus ni moins que d’un refus d’appliquer les recommandations du PV de conciliation du 27/01/2019, adossées à la décision n°2016/USSGB/R-SG

D’ailleurs, plus qu’un refus d’application du PV, il s’agit aussi d’un refus d’obtempérer aux instructions de sa hiérarchie. En effet, l’ancien Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr FAMANTA,  dans l’intention de trouver une solution définitivement au problème de l’IUG, a souhaité rencontrer les protagonistes. Etaient présents à cette rencontre le Ministre et son Chef de cabinet, le recteur de l’USSGB, le directeur de l’IUG, le Secrétaire général du BEN-SNESUP et le Secrétaire général du comité SNESUP de l’IUG. La rencontré a été focalisée sur un seul point : l’application du PV de conciliation du 27/01/19. Au lieu de cela, il avait été rapporté au Ministre que les enseignants de l’IUG demandent l’ « autonomie » de l’UFP pour se partager les sous. A la fin de la rencontre, le Ministre a donné l’instruction au recteur de l’USSGB d’appliquer le PV de conciliation. Le suivi du processus était assuré par un conseiller du Ministre, auquel le vice-recteur s’est permis, lors d’une rencontre, de dire que tant qu’il est vice-recteur, rien se sera appliqué et l’IUG n’aura jamais la paix.

C’est sur fond de tension que se tiendra le Conseil d’Université le 04 février. Pour rappel, les ressources de l’USSGB proviennent de trois sources : les subventions de l’Etat, le financement extérieur et les ressources propres. Ces dernières sont principalement constituées des ressources propres générées par les différentes structures à travers leurs formations payantes. La contribution de l’Unité de Formation et de Production (UFP) de l’IUG représente à elle seule près de 90% des ressources propres de l’USSGB. Avant ce projet d’harmonisation des primes et indemnités, chaque structure payait à ses responsables et agents des primes et indemnités à partir de ses ressources propres internes. Mais puisque les ressources propres internes de l’IUG contribuent chaque année à plus de 500 000 000 FCFA aux ressources propres de l’USSGB, alors l’idée est venue de hausser les primes et indemnités de toute l’université au détriment des créateurs de cette richesse. Il ne s’agit de rien d’autre que d’un partage de la manne financière générée par les enseignants de l’IUG. Par une lutte syndicale de longue haleine, ceux-ci ont réussi à obtenir un certain nombre d’acquis parmi lesquels, le paiement d’une gratification pour les fêtes religieuses (Ramadan, Tabaski, Noël et Pâques) et une prime de 13ème mois. Quoi de plus normal pour des travailleurs qui génèrent des centaines de millions de francs CFA de ressources propres internes. Les gestionnaires des ressources humaines parleront d’intéressement et de participation, deux dispositifs visant à  récompenser les salariés pour la réalisation d’une performance collective et/ou des résultats. Mais depuis l’arrivée du nouveau recteur, ces avantages sont suspendus sous prétexte que « le nouveau contrôleur financier leur a intimé l’ordre de ne rien payer jusqu’au nouveau conseil de l’université. Sur un plan administratif, un subordonné peut-il intimé un ordre à son supérieur ?

Il faut souligner que la lutte des comités syndicaux de l’IUG va au-delà de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs de l’IUG. Il s’agit aussi d’une lutte pour l’amélioration des conditions de travail. Avant l’arrivée de M. Traoré à la tête des services financiers du rectorat de l’USSGB, de nombreux investissements étaient réalisés avec les ressources générées par l’UFP : construction d’un amphi, une salle de professeurs, acquisition d’équipements et de matériels didactiques, financements de bourses d’études des étudiants et de formation des enseignants, etc.

Paradoxalement, l’UFP, c’est-à-dire les cours du soir de l’IUG, génère annuellement des centaines de millions de FCFA, les cours à distance génèrent pas moins de 200 millions également, mais depuis 2014, aucun investissement en infrastructure n’a été réalisé. Pourtant, c’est le Directeur général lui-même qui clame partout que l’UFP a plus du milliard dans son compte. Pire, depuis 2016, les honoraires des cours de l’UFP et des Cours Délocalisés (dans les régions) sont payés avec un minimum de 4 mois de retard, alors qu’avant 2016, ils étaient payés au plus tard le 05 du mois suivant. Où va donc l’argent de l’UFP ?

Une question qui peut trouver sa réponse dans la complicité entre le directeur de l’IUG et le Chef des services financiers du rectorat dans l’ouverture d’un compte parallèle à Orabank. Après de multiples correspondances au rectorat pour la fermeture de ce compte, et face à l’inertie et au silence de celui-ci, le syndicat a alors saisi le pôle économique. Un dossier qui ne semble pas encore fermé à cause de nouveaux rebondissements. En effet depuis quelque temps, est né un conflit entre le directeur de l’IUG, Dr Badra Macalou, et le recteur de l’USSGB, Pr Balla Diarra, autour d’un compte caché à la BDM que l’un voulait s’accaparer à l’insu de l’autre. En plus, le recteur accuse le directeur de l’IUG d’avoir détourné plus de 80 000 000 FCFA.

La réponse à la question pourrait venir également du démantèlement du réseau mafieux qui s’est organisée autour des ressources de l’UFP depuis de longues années. Ce réseau s’étend de l’IUG au cabinet du ministre de tutelle. En effet, combien d’argent cet ancien Secrétaire général, Pr Massa Makan DIABATE du rectorat de l’Université de Bamako a-t-il réclamé et reçu pour fermer les yeux sur la déperdition des ressources par l’actuel vice-recteur quand il était directeur par intérim de l’IUG. Devenu conseiller au MESRS, l’ancien Secrétaire général du rectorat n’a fait qu’étendre le réseau mafieux au cabinet du Ministre. Et la relève est assurée malgré son départ à la retraite. Il n’est un secret pour personne que chaque mois, une enveloppe est adressée au Chef de cabinet actuel du Ministre de tutelle, M. Magassouba. Un monsieur connu dans la haute administration pour son penchant à exercer une influence sur les fournisseurs mais aussi sur les responsables des structures relevant de son ministère. Voilà pourquoi il était surnommé monsieur 10% quand il était Chargé de mission très contesté de Tereta au super ministère. Fort de son titre politique de responsable de la jeunesse RPM, Monsieur le Chargé de mission, actuellement Chef de cabinet du MESRS est un véritable business man. Rien qu’à faire un tour à Niamana pour voir la maison faramineuse et cossue qu’il a construite, soi-disant à partir de ses seules rémunérations de Chargé de mission et de Chef de cabinet. La rémunération d’un chargé de mission ou d’un Chef de cabinet n’est-elle pas connue ?

Il est grand temps que les plus hautes autorités prennent à bras le corps le problème de l’IUG, l’un des fleurons de l’enseignement supérieur au Mali, aujourd’hui dans l’agonie. Ceci est d’autant plus justifié que la refondation de l’école malienne fait partie de la feuille de route de la transition. Il urge également que le pôle économique et financier rouvre le dossier de l’IUG pour prendre en compte les nouvelles évolutions.

Pour terminer, au regard de tout ce qui arrive à l’IUG, ex-EHEP, tout porte ) croire qu’un sournois complot vise le fleuron de l’école malienne, dont de personnes haut placées tirent les ficelles.

SourceMalijet

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