Dans ce billet, Petit peulh dénonce le peu de considération des militaires tombés dans la lutte contre les djihadistes. Le Mali devrait en être fier et les montrer en exemple.
Pas le nom d‘un seul soldat parmi les 54 tués à Indelimane n’a été prononcé dans le discours du président de la République, le lundi 4 novembre 2019. Comme souvent, depuis le début de cette guerre dans laquelle le Mali a perdu des centaines de ses enfants, l’anonymat est devenu la meilleure des récompenses pour ces soldats engagés dans une guerre sans issue pour le moment. Ils n’ont ni nom, ni visage. Encore moins des cérémonies d’hommage. En parlant d’hommages, vous avez vu l’hommage rendu au soldat français tué à Indelimane ? C’était beau. Ses frères d’armes ont eu l’occasion de le pleurer. Ça donne envie de mourir pour une patrie reconnaissante. Ça rend ses parents fiers.
Ici, on s’étonne que des mères manifestent dans les rues pour dire que leurs enfants ne partiront plus à la boucherie. Ce n’est pas la seule raison, mais c’est aussi parce qu’elles ne savent pas pourquoi leurs enfants combattent pour un pays si ingrat envers ceux qui le défendent. Elles n’ont pas l’occasion de dire un dernier au revoir à leurs enfants, de voir la patrie mobilisée, reconnaissante pour rendre ce dernier hommage.
De plus en plus, on a l’impression qu’être soldat au Mali, c’est quitter sa famille un matin, partir au front avec toutes les insuffisances face à un ennemi invisible et surarmé, et ensuite finir par être enterré anonymement à la va-vite à Boulkessi, Indelimane, ou n’importe quelle autre localité du centre et du nord du Mali.
Pourtant, la nation qui a trouvé le moyen de transporter ces jeunes soldats sur les théâtres d’opérations doit absolument trouver le moyen de mettre un visage sur chaque nom lorsqu’ils sont fauchés par des tirs ennemis. Qu’ils ne tombent pas dans l’oubli ! Que leurs enfants qui grandissent sachent combien ils étaient engagés à protéger leur pays, à le rendre meilleur. Les familles ne peuvent pas continuer à garder comme souvenir de leurs enfants les corps tachés de sang filmés dans des vidéos de propagande des terroristes. Ce n’est pas humain. Il y a au moins une chose qu’on peut faire mieux que les terroristes: la reconnaissance.
Source : benbere