Dans notre parution du mercredi dernier N° 6550, nous publions une longue contribution du Dr Bouréima Gnalibouly DICKO que nous avons intitulé « ‘’PAYS DOGON’’ : Amalgame et stigmatisation », dans laquelle, il donne sa version sur l’appellation ‘’Pays dogon’’. Aussi, il accuse-t-il, ‘’les partisans zélés de Dan Nan Ambassagou et leurs soutiens tapis dans l’ombre (des intellectuels), parfois au sein des institutions’’, de vouloir abuser de cette appellation pour revendiquer la paternité de ce territoire au détriment spécifiquement des Peuls avec la récente crise en cours.
Or, selon lui, cette appellation « Pays Dogon » n’est consécutive qu’au boom touristique qu’a connu la région dans les années 80-90 avec les « Tours Operators », principalement Français qui proposaient trois destinations en direction du Mali : Tombouctou, Djenné et le « Pays Dogon » avec Mopti et le Lac Débo. En réplique à ce raisonnement ‘’fallacieux’’, un connaisseur du ‘’PAYS DOGON’’, M. Adaman DIONGO, estime que le Dr Bouréima Gnalibouly DICKO doit « remboursez le peuple pour avoir étudié avec notre argent sans avoir rien compris sur l’appellation «PAYS DOGON» ». Il lui propose, à travers ces lignes qui suivent ‘’un simple cours de rattrapage’’.
Au lieu de vous presser pour rédiger un article sur la question et le faire publier, il aurait fallu me prévenir.
En vous lisant dans le journal INFO-MATIN, qui n’est pas votre première publication, j’ai eu l’estomac attaché, mais j’ai fini par comprendre que votre connaissance de l’histoire, de la géographie et du vivre ensemble est très limitée et je m’en vais vous donner un simple cours de rattrapage.
Vous affirmez que : «Il faudrait être clair, il n’existe pas de Pays dogon et il n’en existera pas. C’est une appellation des «tours operators» pour vendre cette destination de cette partie du Mali. Sinon, elle n’est ni géographique, ni historique et ni sociologique»
Comprenez pour une seule fois que les tours operators ont trouvé le mot Pays Dogon et ils s’en ont servi. Le pays dogon a été toujours cet ilot imprenable qui a échappé au contrôle de l’Empire Songhaï, des royaumes Mossi et Bamana encore moins du royaume éphémère de Macina (43 ans).
Le pays dogon n’a jamais été colonisé et les écrits du Macina dont vous parlez pour justifier une quelconque emprise des royaumes peulhs sur cet espace, sont très bien connus de tous les chercheurs, pour leurs caractères incohérents et inexacts.
Le peuple dogon a habité cette partie du Mali trois siècles durant avant de recevoir les Mossi et les Dafing. Les peuhls y sont arrivés en troisième position. La première communauté peulhe accueillie par les dogon sur leur terre était arrivée du Niger et il y a de cela seulement 3 siècles. Ensuite, d’autres vagues ont suivi jusqu’à la création du royaume de Macina.
La seule fois que l’armée de Sékou amadou a eu le malheur de pénétrer dans l’espace du pays dogon, elle y a perdu 600 chevaux et un nombre incalculable de victimes humaines.
Le Pays Dogon est un espace typiquement Dogon, un sanctuaire et c’est une réalité que même les Carpeaux chantent chaque saison de pluie.
Mon Docteur, l’appellation «PAYS DOGON» est la traduction littérale du mot «DOGON GINNA». Il n’y a pas d’invention à ce niveau et le pays Dogon, c’est à la fois le plateau, la falaise et la plaine. Ça va de SOMADOUGOU jusqu’à HOMBORI.
Adaman DIONGO
Connaisseur de mon terroir.
Source: info-matin