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Hayamania 5 : Haya et les médiateurs mal aimés de la junte

C’est connu de tous. Ils sont au nombre de 27 soldats à avoir fait le coup d’Etat de mars 2012. À désigner le capitaine Sanogo comme officier porteur du coup d’Etat. Certains militaires, soit de connivence avec Haya ou de par leur fonction au moment du coup d’Etat, ont rejoint le groupe. Ceux-ci n’ont jamais totalement intégré le groupe des 27. Ils ont toujours été objet de méfiance à Kati. Parmi eux, on peut citer : Diamou, Sidi Touré, Moussa Diawara, Moussa Sinko Coulibaly, Abdoulaye Koumaré. Ils sont tous des produits du Prytanée militaire de Kati de 1984 à 1989, y compris  Haya.

 Amadou Haya Sanogo

 Ceci explique bien peut-être cela. Ils partageaient tous l’ambition de ramener le pays dans l’ordre institutionnel. D’où leur rejet par le groupe des 27 éléments de Kati. Déconvenues des mal aimés de la junte, qui auront pourtant joué chacun à sa manière un rôle important pour la stabilité de ce pays, sous un capitaine Amadou Haya Sanogo entre deux enclumes : le groupe de 27 et les opportunistes civils. Pour notre  source, le colonel Sidi Alassane Touré, devenu général sous IBK, constitue un cas à part. Cet officier, qui vit du renseignement, s’est engagé pour le pays ; il informe toujours sa hiérarchie. Dans ce bas monde, il y a des gens qui ont de la chance et savent saisir leurs chances. Tel semble être le cas de Sidi Touré, à en croire  notre source.  Laquelle raconte : «je me souviens comme si c’était hier. Quand la délégation du ministre Sadio Gassama est venue à la rencontre des militaires à Kati, Sidi Touré en faisait partie. Il y avait Gamou et Ould Médou de part et d’autre du présidium et Sidi Touré. Avant le putsch, il dirigeait la sécurité militaire et avait tenté, en vain, d’attirer l’attention du pouvoir sur l’éventualité d’un coup d’Etat spontané. Celui qui fut patron de la cellule antiterrorisme dispose d’un excellent réseau international et jouit d’une bonne réputation auprès de ses homologues africains et occidentaux. Il a été formé à l’école américaine du renseignement. Voilà un monsieur qui sait où mettre les pieds. Ses études sur les services de renseignement ont été possibles grâce à Sadio Gassama. Mais, lors du début de la mutinerie, il a failli mourir à Kati. Le chef d’état-major général adjoint a été blessé. S’il avait été écouté, il n’allait pas y avoir de coup d’Etat. Et la bande à Haya a été le chercher grâce à son profil»,  affirme notre source.

 

 

Voici donc Sidi Touré, responsable de la SE sous la junte. S’il  fait objet de méfiance, il est pourtant disposé à assumer ses responsabilités. Il le fera savoir aux éléments de Kati à qui il demandera de ne pas faire une  confusion entre le pouvoir et la gestion des affaires personnelles. Classé parmi les intellos de la junte et élément du groupe des Moussa Diawara, Abdoulaye Koumaré, Diamou Keïta, Sidi aura été mêlé à des affaires à son insu, croit savoir notre source. À ce sujet, notre source se fonde sur le fait qu’il n’a jamais participé à la réunion ordinaire des mardis de l’ex-junte où les 27 se retrouvaient pour discuter. Il a été demandé de le remplacer parce qu’il se comportait comme un diplomate avec ses multiples voyages. Autre fait, toujours selon notre source, l’affaire qui a failli le faire partir : l’arrestation d’Oumar Mariko. Ce jour-ci, les éléments de Seyba Diarra sont venus voir Haya pour lui demander de faire changer Sidi Touré ; Haya a essayé de les faire calmer non sans peine. La réunion du mardi qui a suivi, Siméon Keïta avait demandé la tête de Sidi Touré pour qui il roulait plus pour les pouvoirs politiques que  pour les militaires. Selon notre source, les deux événements majeurs de la transition n’ont pas trouvé Sidi Touré à Bamako.

 

 

L’affaire des bérets rouges, comme exemple. «Pour cela il avait rassuré Haya qu’il n’allait pas avoir de confrontation. Sidi avait pu obtenir des postes dans les ambassades pour Abdine Guindo et son adjoint. Tout était bien réglé. Sidi Touré prend son avion vendredi pour l’Algérie pour rencontrer ses homologues. Lundi, les bérets rouges attaquent Kati. Sa surprise a été grande. La révolte du 30 septembre contre Sanogo ne l’a pas trouvé non plus à Bamako. Sidi était avec IBK en France. Et c’est de là-bas qu’il a appris que les militaires se sont révoltés à Kati contre le général Amadou Haya Sanogo. Sidi Touré, l’ancien directeur général de la SE, n’était pas au courant du charnier de Diago, car c’était une affaire d’un groupe restreint de 7 éléments qui se sont jurés de ne jamais se trahir. Diago est resté un secret pour les éléments du cercle restreint de Haya. Sidi Touré a été de beaucoup dans l’arrivée de Serval au Mali, affirme notre source.

 

 

 

Abdoulaye Koumaré est aussi parmi les mal aimés de la junte. À en croire notre source, le colonel, devenu général sous IBK, a même fait partie de la délégation qui est allée en France pour supplier Dioncounda Traoré à revenir au pays lors de son séjour sanitaire. Par ailleurs, le général Abdoulaye Koumaré n’était pas pour les sorties médiatiques du général Amadou Haya Sanogo. Pour lui, il devait se taire, ne pas trop se montrer surtout avec le retour à l’ordre constitutionnel. Dès lors, Haya l’a effacé. Mais, il ne pouvait plus le relever. Et notre source d’indiquer que «les arrestations de Boukary Daou, de Me Tapo, de Tiébilé Drame, d’Oumar Mariko sont des œuvres de Dioncounda Traoré, même si elles ont été exécutées par la SE au motif qu’il devait calmer les ardeurs de certains leaders politiques. Surtout Oumar Mariko qui était à la base de plusieurs complicités. Même quand Mariko est parti à Niafunké pour rencontrer Ansardine avec Yéhia Ag et envoyé, Sidi Touré n’était pas d’accord, et il l’a fait savoir à Seyba Diarra. Parce que Sidi Touré commençait à en avoir marre des caprices d’Oumar Mariko qui, pour les plus lucides de la bande de Haya, les traînaient vers le bas». Notre source pense que les généraux Sidi Touré et Abdoulaye Koumaré étaient des «stabilisateurs». «Koumaré n’est pas du genre ‘gros, grand, bête’. Les  autorités de la transition savent ce qu’ils ont fait, parce que ces deux faisaient revenir les autres à la raison tant bien que mal, même s’ils n’étaient pas tout le temps écoutés par le groupe de l’adjudant-chef Seyba Diarra, pour qui, Sidi Touré est un ennemi qui n’était pas avec eux le jour du coup d’Etat. Les deux hommes ont fait de leur mieux, Dioncounda Traoré et Diango Cissoko le savent très bien, parce qu’ils les envoyaient souvent pour convaincre les autres de la pertinence de certaines décisions».

 

 

En somme, Sidi, Haya, Diamou, Sidi Touré, Moussa Diawara, Moussa Sinko Coulibaly, Abdoulaye Koumaré étaient considérés comme des intrus par certains éléments de Kati. Tous des produits de l’enfant de troupes, pardon du Prytanée militaire de Kati de 1984 à 1989. «Koumaré a été exclu des réunions de mardi à Kati. Mais, Sidi Touré, je me demande s’il savait qu’il y avait une telle réunion, car il n’y a jamais participé», croit savoir notre source. La vraie rupture entre Sidi Touré et les hommes de Kati provient des manifestations des 8, 9 et 10 janvier 2013 dans les rues de Bamako. Des manifestations qui avaient pour dessous la prise du pouvoir, quand bien même qu’elles ont créé des incompréhensions entre les militaires de Kati. Certains pensaient que si le régime était renversé, que ce serait IBK qui prendrait la tête. D’autres voyaient Oumar Mariko. Pendant que Haya lui-même se positionnait pour une nouvelle transition, ayant les cartes en main. Sidi Touré, fort en renseignement, en avait avisé son chef, Dioncounda Traoré.

 

 

Au menu du prochain numéro : les dessous des manifestations de Bamako ; l’agression de Dioncounda Traoré ; le rôle joué par le cercle des 7 de Kati, celui de certains acteurs politiques ; le financement des organisations et autres associations spontanées organisées par la junte.

 

 

Békaye DEMBELE

SOURCE: Le Reporter

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