Lancé il y a 9 mois, Téliman, le taxi moto malien, a l’ambition de s’étendre au-delà des frontières. La société s’attelle également, comme l’explique sa Directrice dans cet entretien, à satisfaire aux mieux les besoins croissants et variés de sa clientèle.
Comment se porte Teliman ?
L’activité se porte bien, le marché s’affirme et nous répondons à de réels besoins de mobilité. Nous avons au quotidien plus de 6 000 utilisateurs réguliers actuellement. Avec plus de 60 000 courses réalisées, nous avons créé en 9 mois plus de 60 emplois viables et avons besoin de continuer à recruter.
La demande continue d’augmenter et nous refusons près d’une course sur deux par manque de chauffeurs. Mais nous augmentons actuellement notre flotte et nous aurons 50 chauffeurs de plus les semaines à venir.
Qui est votre clientèle actuelle ? Et votre clientèle cible ?
Nous proposons deux services actuellement : le transport de personnes, d’une part, et la livraison de colis et courses diverses, de l’autre. Notre clientèle actuelle couvre tous les âges, femmes et hommes, aux pouvoirs d’achat très différents, pour plein d’usages différents, comme aller au travail, à l’école, au marché. Elle a également des motivations différentes : gagner du temps dans les embouteillages, payer moins cher qu’avec un taxi, ne pas avoir à attendre un bus ou une sotrama ou même ne pas se déplacer du tout pour ses courses du quotidien. Nos clients envoient nos chauffeurs faire leurs commissions : pressing, marché, livraison de repas ou de cadeaux, etc…
Nous offrons aussi la possibilité de s’abonner aux clients qui veulent utiliser régulièrement nos services. Notre activité de livraison grandit également auprès des commerçants et des entreprises qui souhaitent faire livrer leurs produits chez leurs clients. Nous voulons davantage la développer auprès des restaurants et des e-shops.
Comment vous adaptez-vous à cette évolution ?
Nous nous organisons pour mieux performer opérationnellement. Nous développons en interne des technologies, avec une équipe d’informaticiens très qualifiés pour nous aider (GPS, application mobiles). Nous générons des informations plus fines sur nos chauffeurs et nos clients, pour mieux comprendre les demandes et ainsi bien nous orienter pour satisfaire les pics de demandes, surtout le matin et en fin de journée.
Quelles sont les modalités de gestion de vos motos ?
Nous sélectionnons, formons et proposons un contrat de partenariat aux futurs chauffeurs, ce qui équivaut à une franchise. Ensuite nous leur fournissons un kit complet, avec les équipements et les services nécessaires pour exercer le métier de taxi moto deux roues en sécurité.
Le kit, c’est la moto, les deux casques, le GPS (pour géolocaliser la moto), un smartphone avec l’application (pour estimer et enregistrer les courses), des tenues identifiables, l’assurance (en cas d’accident) et surtout l’entretien de la moto pendant deux ans.
En contrepartie, le chauffeur nous verse un montant journalier fixe, qui est actuellement de 4 000 francs CFA. Nous avons fait le choix d’un forfait journalier au lieu de prendre des commissions par courses car cela permet au chauffeur de gagner plus d’argent. Nos chauffeurs peuvent gagner mensuellement jusqu’à 3 fois le Smic malien, en fonction des efforts qu’ils fournissent.
Téliman est-il rentable aujourd’hui ?
Actuellement, pour le chauffeur c’est rentable, mais pour la société il nous faut avoir plus de volume d’activités pour atteindre la rentabilité.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
Les prochaines étapes, c’est de continuer à grandir au Mali et de pénétrer de nouveaux marchés en Afrique de l’Ouest. Au Mali, nous travaillons sur une application mobile client et le paiement mobile. Cela permettra au client de commander via l’appli. Pour les nouveaux marchés en Afrique de l’Ouest, notre modèle économique est très pertinent par rapport à la concurrence existante, qui est informelle ou moins qualitative.
Nous croyons en notre offre, qui se différentie des autres par la qualité, la sécurité et la conformité avec les lois mises en place par les gouvernements, qui essaient de réguler de plus en plus l’industrie du taxi moto.
Quelles sont les contraintes auxquelles vous faites face ?
Une des contraintes est d’arriver à répondre à toute la demande, croissante sur Bamako, qui est très vaste. Il faut donc constamment adapter l’offre à la demande.
Nous créons un nouveau métier, celui de chauffeur professionnel indépendant. Nos chauffeurs sont comme des auto entrepreneurs. Nous avons donc mis en place un programme de formation comprenant plusieurs volets, dont la formation terrain pratique et théorique sur la moto, le passage du Code de la route et du permis moto, la gestion de la relation client et la gestion de la trésorerie. Tout cela prend du temps et a un coût. Rien que pour le permis de conduire moto, il faut attendre plusieurs semaines. Je précise que les femmes aussi peuvent devenir chauffeures professionnelles Teliman.
Nous sommes une jeune start-up. En parallèle à la gestion quotidienne de nos services, nous travaillons à la recherche de financements, ce qui nous prend beaucoup temps et d’énergie.
Nous sommes en train de lever des fonds pour avoir les moyens de financer les ressources dont nous avons besoin pour croitre. Avec l’ambition, dans le futur, d’offrir la possibilité à des particuliers d’investir dans Teliman et ainsi de créer des emplois tout en investissant.
Journal du mali