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FRANC CFA : Une monnaie coloniale qui hypothèque le développement économique

Le samedi 16 février 2019, le Forum pour un autre Mali (Foram) a organisé un débat sur l’avenir du F CFA. Une édition spéciale du forum des altermondialistes sur le thème « Le défi migratoire et le F CFA : enjeux et perspectives ».

« L’Afrique fait face, depuis près de deux décennies, à une véritable saignée humaine sans qu’une position collective concertée et partagée vienne changer, un tant soit peu, le cours désastreux des événements », a introduit Mme Aminata Dramane Traoré, présidente du Foram et ancienne ministre de la Culture du Mali.

Elle a naturellement tissé un lien visible de causalité entre ces deux défis (CFA et migration). D’où « l’importance pour les intellectuels africains de dénoncer une situation imposée à leurs pays », a souhaité la conférencière.

Elle sera par la suite rejointe par un panel composé d’éminents intellectuels (Martial Ze Belinga, Taoufik Ben Abdallah, Kako Nubukpo, Mamadou Koulibaly, Issa N’Diaye, Demba Moussa Dembélé…) venus de nombreux pays africains.

Les débats du samedi 16 février 2019 ont porté sur des thèmes comme « Les migrations africaines : une vision globale dé coloniale »,  « L’Europe des paradoxes et des impasses : Union européenne/Afrique-Caraïbes-Pacifique (UE/ACP), Programme d’ajustement structurel (Pas), Accord de partenariat économique (APE) F CFA » ; « Le franc CFA : de la nécessité des Etats généraux du F CFA » ; « Mémoire des luttes pour la souveraineté monétaire : les cas de la Guinée, du Mali, du Togo » ; « L’insoutenabilité du franc CFA »…

Les conférenciers n’ont pas manqué de rappeler que le franc CFA s’est invité avec fracas dans l’actuelle campagne des élections européennes. « La question du franc CFA est accusée d’être à l’origine de la migration, voire des morts qui jonchent semaine après semaine le fond de la Méditerranée, se dédouanant ainsi de leurs propres responsabilités en matière migratoire », a déploré un conférencier.

Il faisait allusion à la crise diplomatique entre la France et l’Italie sur fond de présence française en Afrique. Ainsi, le vice-président du Conseil italien, Luigi du Maio, a récemment accusé Paris d’utiliser « le franc des colonies » pour « financer sa dette publique ».

Un arrimage qui étouffe les économies africaines

« Arrimé à l’euro, le CFA est une monnaie trop forte pour les économies qui l’utilisent, car elle agit comme une taxe sur les exportations et une subvention sur les importations », a rappelé Mamadou Koulibaly, un économiste chevronné et ancien président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire.

Pour ces experts altermondialistes, le temps est venu de se « réunir et d’établir un bilan sérieux de cette monnaie » au regard de « la pauvreté endémique des 14 pays utilisant aujourd’hui encore le franc CFA », du « sang qui a coulé des héros africains qui se sont insurgés contre cette monnaie » et au regard de la « jeunesse qui s’embrase de Lomé à Douala, en passant par Dakar, Bamako ou Abidjan ».

Ils ont interpellé les universitaires, chercheurs, militants, acteurs de la société civile, responsables politiques,  citoyens africains et du monde entier à s’engager dans « cette entreprise vertueuse par la création et l’impulsion de comités locaux inclusifs et d’un comité de coordination ».

Des organisations qui auront la responsabilité de faire « un état des lieux exhaustif du franc CFA » afin d’identifier « les leviers d’une réforme monétaire profonde » pour tous les pays concernés et de définir « les alternatives idoines, sans à priori et dans le seul but de l’intérêt général ».

Cela est d’autant plus nécessaire que, ont souligné les responsables du Foram, « l’Afrique fait face, depuis près de deux décennies, à une véritable saignée humaine sans qu’une position collective concertée et partagée vienne changer le cours désastreux des événements ».

Rappelons que le président Ibrahim Boubacar Kéita a profité de son récent séjour en République fédérale d’Allemagne (7-9 février 2019) pour se prononcer dans le débat actuel sur le franc CFA. « L’arrimage me donne des possibilités à l’international et met à l’abri des tractations. Mais, je suis pour la souveraineté monétaire », a-t-il répondu à une question posée lors d’une conférence de presse co-animée avec la chancelière allemande, Mme Angela Merkel.

Cette édition spéciale du Forum altermondialiste fait suite à l’édition de « Migrances » qui a eu lieu le 20 janvier 2019 à la Bellevilloise (Paris, France). Le choix de la capitale malienne visait également à rendre hommage au président Modibo Kéita qui avait fait de la souveraineté monétaire l’une des exigences de l’indépendance de son pays. Le Forum du 16 février 2019 a d’ailleurs été organisé au Mémorial qui porte le nom du premier président du Mali indépendant, un panafricaniste convaincu.

Le franc CFA, officiellement franc de la Communauté financière africaine, est le nom de deux monnaies communes héritées de la colonisation et utilisées par 14 pays d’Afrique constituant en partie la Zone franc (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo en Afrique de l’Ouest ; Cameroun, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad en Afrique centrale.

Moussa Bolly

Le Focus

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