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Guerre en Ukraine : comment l’Afrique va tenter une médiation entre Kiev et Moscou

Une délégation de sept chefs d’Etat de pays africains est attendue à Kiev puis à Moscou en fin de semaine, dans le cadre d’une mission pour trouver une solution pacifique au conflit.

“Face à un tel drame, l’Afrique ne peut pas rester silencieuse ou indifférente”, estimait lundi le président congolais Denis Sassou Nguesso en référence au conflit en Ukraine. Avec six autres chefs d’Etat du continent africain dont le président de l’Union africaine, il fait partie d’une mission qui doit se rendre à Kiev vendredi 16 juin, et à Moscou samedi 17, pour rencontrer Volodymyr Zelensky puis Vladimir Poutine.

Mais derrière des inquiétudes autour des importations de céréales, plane aussi la volonté de l’Afrique du Sud de solidifier sa relation avec la Russie et sa position sur la scène africaine

Qui compose la délégation ?

La délégation pourrait être composée des présidents de l’Afrique du Sud (Cyril Ramaphosa), du Congo-Brazzaville (Denis Sassou Nguesso), du Sénégal (Macky Sall), de l’Ouganda (Yoweri Museveni), de la Zambie (Hakainde Hichilema), de l’Egypte (Abdel Fattah al-Sissi) et des Comores (Azali Assoumani), présent en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, a indiqué une source diplomatique congolaise à l’AFP il y a quelques jours.

Comment est née cette initiative ?

C’est l’Afrique du Sud qui a proposé en mai dernier une mission de médiation et de paix afin de “trouver une solution pacifique” à la guerre en Ukraine. La proposition avait reçu l’aval de Vladimir Poutine et de Volodymyr Zelensky. Le rendez-vous a été confirmé le 7 juin par un communiqué publié par la Fondation Brazzaville.

Sur la question du conflit russo-ukrainien, le continent africain a eu jusqu’ici du mal à parler d’une seule voix. Lors du dernier vote aux Nations unies pour la fin de la guerre en Ukraine et le retrait par la Russie de ses troupes, le Mali et l’Erythrée ont donné leurs voix contre, et de nombreux pays africains se sont abstenus – y compris l’Afrique du sud, le Congo-Brazzaville et l’Ouganda, le Sénégal s’étant absenté.

Selon le président sud-africain, Washington et Londres auraient apporté un soutien “prudent” à la mission africaine. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, “a accueilli favorablement” le projet de mission africaine, estime encore Cyril Ramaphosa. Antonio Guterres a toutefois estimé que les négociations de paix n’étaient “pas possibles en ce moment”, les deux parties étant “convaincues qu’elles peuvent gagner”.

Que veulent les pays participants ?

Sur le papier, l’objectif affiché est de délivrer “un message de paix tout au moins d’apaisement” pour “faire comprendre aux belligérants quelles sont les souffrances causées par cette guerre aux peuples faibles du monde et en particulier aux peuples d’Afrique”, d’après le président congolais interrogé lundi par l’AFP.

Il faut dire que les pays africains ont été particulièrement touchés par la hausse des prix des céréales qu’a engendré l’invasion russe en Ukraine, grand exportateur de blé et d’autres produits agricoles. Plus généralement, le continent a également souffert de la guerre sur le commerce mondial.

Réunis virtuellement début juin, les pays africains participants “ont convenu de proposer des éléments” à la Russie et l’Ukraine “pour un cessez-le-feu et une paix durable dans la région”, d’après un communiqué des services du président sud-africain, afin de “finaliser les éléments d’une feuille de route vers la paix”.

“Nous pourrons donner notre propre point de vue en tant qu’Africains sur la façon dont nous percevons l’incidence de cette guerre sur l’Afrique au sujet des prix alimentaires, des prix des céréales et du carburant, ainsi que sur l’Europe et le reste du monde car c’est devenu un type de conflit plutôt mondialisé”, a également indiqué le chef d’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa. Mais pour son pays, il semble qu’il s’agisse aussi de renforcer sa position sur la scène africaine et sa relation avec Moscou.

Quelle rôle joue l’Afrique du Sud ?

Car si un pays sera particulièrement scruté lors de ces rencontres, c’est bien celui-ci L’Afrique du Sud s’efforce de nier les accusations selon lesquelles elle soutient Moscou, qu’elle refuse de condamner depuis le début du conflit en Ukraine. Pretoria assure rester “neutre” et privilégier le dialogue, une réponse qui peine à convaincre sur la scène internationale. Les deux pays entretiennent une proximité depuis l’époque de la lutte contre l’apartheid.

La tension est montée d’un cran le mois dernier, lorsque l’ambassadeur américain à Pretoria a accusé le gouvernement sud-africain d’avoir livré des armes à la Russie via un cargo ayant accosté au Cap, en violation de sanctions américaines contre Moscou. En réaction, plusieurs élus américains ont lancé un appel visant à sanctionner Pretoria.

L’Afrique du Sud fait aussi face à un autre défi diplomatique pour trancher à propos de la liste des conviés au sommet du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) organisé en août à Johannesburg. Le groupe des Brics, constitué en 2011, réunit principalement de grands pays émergents et cherche à contrebalancer la domination traditionnelle des Etats-Unis et de l’Europe sur la scène internationale. Vladimir Poutine, l’un des invités de la réunion, est visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour “déportation” d’enfants ukrainiens, ce qui oblige normalement l’Afrique du Sud, membre de la CPI, à l’arrêter à son arrivée sur son sol. Pour l’éviter, une alternative est envisagée : déplacer tout simplement le sommet en Chine.

Mais à propos de la visite à Kiev et Moscou, les propositions précises des pays africains n’ont pas encore été dévoilées. “Ils veulent nous parler et nous avons hâte de les recevoir à Kiev”, expliquait le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kuleba à la presse africaine début juin. “Parler avec eux, ça compte à nos yeux. Mais si vous voulez parler d’un plan spécifique proposé par ces leaders africains, s’ils en ont un, ils ne l’ont pas partagé avec nous jusque-là.”

Source : lexpress.fr

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