En 2013, l’armée française est accueillie en libératrice au Mali. En 2022, rejetée par la population, elle lève le camp. Un échec que décrypte le documentaire “Guerre au Mali, coulisses d’un engrenage”, ce soir sur Arte. Et un tournant géopolitique pour l’Afrique, explique la chercheuse Caroline Roussy.
Le 16 février, Emmanuel Macron annonçait le retrait des troupes françaises du Mali, après neuf années de coopération militaire. Dans Guerre au Mali, coulisses d’un engrenage, diffusé sur Arte, le documentariste Jean Crépu s’empare du sujet pour proposer une synthèse éclairante du long et douloureux « partenariat » franco-malien. Il en restitue les principales étapes pour mieux expliquer ce crépuscule de la relation postcoloniale au Mali, et en Afrique francophone. Comme l’explique Caroline Roussy, responsable du programme Afrique à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le départ des troupes du Mali scelle indéniablement une nouvelle époque pour la France en Afrique dans un contexte sous haute tension.
Le départ des forces françaises signe-t-il la fin des ambitions hexagonales face à l’avancée djihadiste au Sahel ?
Il me semble plus juste de parler de la conclusion d’une séquence historique. La France reste mobilisée dans la lutte contre le djihadisme, mais doit désormais repenser son dispositif militaire dans une géographie différente, avec l’aval de pays partenaires. Une coopération qui semble devenir de plus en plus délicate, compte tenu d’un fort ressentiment antifrançais. Ce rejet assez violent est sensible au Mali mais s’étend à toutes les anciennes colonies françaises. Cela risque de complexifier la « réarticulation » (le terme officiel) du dispositif militaire français……telerama.fr