Ce vendredi 10 janvier, des activistes préparent une grande manifestation à Bamako pour demander le départ des troupes françaises du Mali. Il s’agit de ceux de l’opération Barkhane (4500 militaires) et de soldats hexagonaux au sein des casques bleus de la Minusma (13 000 hommes).
Une partie de l’opinion publique malienne leur reproche de ne pas avoir mis fin aux attaques djihadistes qui ensanglantent le Mali, le Niger et le Burkina Faso, alors que l’armée malienne, qui s’est effondrée en 2012, et ses homologues des pays voisins, de la Mauritanie et du Tchad peinent depuis plusieurs années à mettre sur pied une force commune de 4000 hommes, baptisée G5, pour lutter contre les islamistes qui regagnent du terrain. En cause: le manque de volonté politique et la faiblesse de ces armées, à l’exception de la tchadienne.
Macron veut des réponses claires
La manifestation doit se tenir trois jours avant le sommet des chefs d’Etat du G5 avec Emmanuel Macron à Pau (France), le 13 janvier. Il était prévu initialement pour le 16 décembre mais avait été reporté. Le président français, lassé des déclarations – notamment de responsables politiques locaux – et manifestations antifrançaises, avait indiqué fin 2019 qu’il attendait de ses invités “des réponses claires et assumées” sur la présence militaire hexagonale.
Celle-ci remonte, pour l’essentiel, à l’opération Serval qui, en 2013, avait mis fin à un an d’occupation du Nord-Mali par des groupes islamistes étrangers et maliens, occupation permise par l’effondrement de l’armée de Bamako.
En décembre dernier, le chef d’état-major français, le général François Lecointre, avait souligné que la présence de ses soldats au Sahel devait permettre que “des solutions politiques puissent être mises en oeuvre sans que l’on sombre définitivement dans des situations de guerre civile”. Mais si le travail de Barkhane “n’est pas complété par une action politique (…) en partenariat entre les gouvernements des pays que nous venons aider et l’ensemble de la communauté internationale (…) notre action ne servira à rien” et “les Etats sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes”.
Directeur du « Centre pour la Stratégie et la Sécurité dans le Sahel Sahara » de Nouakchott, ex-ministre mauritanien des Affaires étrangères et ex-diplomate onusien, Ahmedou Ould Abdallah soulignait le mois dernier, au micro de la Deutsche Welle, que les trois pays les plus visés par les djihadistes devaient non seulement travailler à “une meilleure formation des armées mais aussi ouvrir un débat, un dialogue national, pour ouvrir le champ politique”.
Le Mali, où l’élite politique est particulièrement fermée, a bien organisé un dialogue, mais, trop balisé, il n’a attiré qu’une partie de l’opposition et on en attend peu. L’armée, dépourvue de moyens, doit être “professionnalisée”, selon M. Ould Abdallah: il faut “s’assurer qu’il y ait de vrais entraînements, des recrutements, des promotions de manière professionnelle et au mérite”.
Des politiciens fort actifs
Selon le site Mali Actu, la manifestation du 10 janvier contre la présence française est organisée par “des gens qui ont pignon sur rue, des parlementaires, des responsables d’organisations de la société civile parmi les plus considérées et, derrière tout, des politiciens fort actifs”. “Cerise sur le gâteau”, ajoute le journal, “sera à Bamako pour la circonstance l’activiste franco-béninois Kemi Seba”.
Source lalibre.be