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Gouvernance IBK : De la panique à l’impasse !

Le dossier qui défraie la chronique depuis plusieurs mois à Bamako est celui des malversations autour de l’achat de l’avion présidentiel et des contrats d’acquisition d’équipements militaires. Désormais connu sous le nom évocateur de  » dossier des surfacturations « , la gestion de ces marchés publics met toute la République en ébullition, comme jamais auparavant. Au point que l’ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, vient de s’insurger publiquement contre les investigations faites par le Bureau du Vérificateur général sur l’exécution de ces marchés. Or, c’est sur instruction du Premier ministre que les services du Vérificateur ont fouiné dans ce dossier visiblement nauséabond. Et le Chef du gouvernement a fait cette « saisine inadéquate » du BVG sur injonction du FMI.

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Le ministre Maïga brandit la violation du secret-défense pour affirmer haut et fort l’incompétence du Vérificateur général à se pencher sur ce dossier sensible. Avant de dire : « Je ne connais pas d’Etat ou de gouvernement souverain qui étale sur la place publique des contrats relatifs à l’acquisition de son outil de défense « . Et jusque là, l’on peut remarquer que Soumeylou Boubèye Maïga ne s’est pas attardé sur le contenu des observations provisoires des services d’Amadou Ousmane Touré. Il a plutôt souligné que c’est avec l’autorisation voire les instructions du chef de l’Etat, chef suprême des armées que tout le processus d’exécution de ces marchés a été mené. Ce qui veut dire que si malversations il y a, elles ont été cautionnées par le président de la République. Ce qui fait bien désordre !

En outre, les rapports d’audit du BVG et de la section des comptes de la Cour suprême permettent de se convaincre d’une chose au moins : des dépenses extrabudgétaires pour l’achat de l’avion présidentiel. Or, il est reconnu partout qu’il y a faute de l’ordonnateur en cas de dépense extrabudgétaire. Et l’ordonnateur principal du pays à ce niveau est le ministre de l’Economie et des Finances. Mme Bouaré Fily Sissoko a donc une entière responsabilité dans l’exécution de ces dépenses portant sur plusieurs dizaines de milliards F CFA. Pour moins que cela en France (simple déclaration inexacte d’impôt) des ministres ont démissionné ou ont été contraints à la démission. A cela s’ajoute la garantie de l’Etat de 100 milliards F CFA pour les contrats d’équipements militaires ! Il faut y ajouter les commissions ou pots-de-vin de différents intermédiaires. La facture est salée pour les pauvres finances d’un Mali encore sous perfusion internationale. C’est là que tous les observateurs s’attendent à ce que des sanctions soient prises. Elles auront le mérite d’apaiser le Malien lambda et sûrement le FMI qui a exigé que des suites judiciaires soient données à ces malversations. Mais, visiblement, il n’est pas facile pour le pouvoir de châtier, même si IBK a déclaré récemment qu’il ne protégera personne.

 

On se demande aujourd’hui comment le président de la République va s’y prendre pour rétablir la confiance des partenaires du Mali avec cette brouille avec le FMI. S’il n’y a aucune sanction dans ce sulfureux dossier, le FMI et les autres bailleurs reviendront-ils à de meilleurs sentiments en reprenant leur assistance financière au Mali ? Le gouvernement ne doit-il pas au moins faire preuve d’une repentance pour renouer avec une certaine austérité en revendant par exemple l’avion présidentiel de tous les malheurs ? Ce sont là des pistes de réflexions à explorer.

 

Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui est que la gouvernance de ce début de mandat du président Ibrahim Boubacar Kéita peine à prendre son envol. Elle a du plomb dans l’aile. Un tour dans Bamako prouve à suffisance que le gouvernement a des difficultés énormes à assumer ses responsabilités. A titre d’exemple, l’entretien routier régulier que nous admirions à la Cité des trois caïmans est carrément abandonné ; tant les caisses de l’Etat sont vides et la priorité de l’Etat n’est désormais que le paiement des salaires. A cela s’ajoute l’étouffante dette intérieure qui asphyxie les opérateurs économiques du pays avec à la clé la rareté de l’argent dans le pays. A IBK de tirer toutes les conséquences de cette situation regrettable pour repartir sur de bons pieds. Le tout pour le Mali d’abord !    

 

Bruno D. SEGBEDJI

 

 

SOURCE: L’Indépendant  du   23 oct 2014.
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