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Gouvernance difficile : IBK a-t-il lâché le RPM ?

« Si l’appareil du RPM était impliqué dans la gouvernance, Ibrim (NDLR : Ibrahim Boubacar Kéita) allait mieux amorcer son second mandat ». Ce propos, tenu récemment par un haut cadre du bureau politique national du parti présidentiel, en dit long sur le désamour entre le président de la République et sa machine politique originelle. Est-ce le divorce définitif ?

De cette source, l’attelage gouvernemental actuel ne compte presque pas de « RPMistes bon teint » ou de « RPMistes de souche ». Quid du vice-président, le ministre Hamadou Konaté, de Mohamed Ag Erlaf ? D’Arouna Modibo Touré ?

L’observateur avertit se désole que ces ministres peuvent être classés au rang des « arrivants de la vingt cinquième heure… ». Et de préciser : « Il n’y a plus aucun des membres de fondateurs du RPM au sein du gouvernement ». Et de susurrer que ce constat, largement partagé, est un facteur de démotivation et fait très mal au point que certains cadres du parti vert et or boudent la gouvernance. « Les gens ne se sentent pas concernés », soupire-t-il.

Analyse faite, il semble, en effet, que plusieurs cadres du RPM s’interrogent les liens actuels entre le président de la République et le parti, dont il demeure le « président fondateur ». Ce qui fait que les réunions de l’organe dirigeant du parti n’attirent plus, comme avant. Comme si de nombreux cadres se disent qu’il y a plus grand-chose à espérer en termes de rétribution politique…

Parlant de rétribution politique, nombreux sont ces responsables du parti présidentiel très amers sur le dernier casting gouvernemental. Le président du RPM et certains lieutenants comme Moussa Timbiné, Mamadou Diarrassouba avaient fait un travail de sape pour se mettre en orbite. Mais ils avaient sous-estimé le discernement du président de la République, le véritable maître à bord !

En effet, après avoir discrètement comploté pour l’éviction du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, ces responsables du parti présidentiel se sont rendu compte que le président de la République n’est pas dans leur schéma sectariste et partisan. IBK a donc propulsé un Soumeylou Boubèye Maïga, « sécurocrate » diplomate et plus « homme de dossier » que Bokary Treta, le président du parti présidentiel. Alors que Tréta depuis Paris, en décembre 2017, s’apprêtait à rentrer à Bamako en « nouveau Premier ministre ». La suite, on la connaît… Il se contentera plus tard d’un titre de Directeur de campagne pour la présidentielle 2018, « sans aucune maîtrise des opérations ». Non sans avoir digéré le ravissement de la primature par un certain Soumeylou Boubèye Maïga. Les deux hommes seront, depuis lors, presque chien et chat ! Et si une pratique établie fait du directeur de campagne l’un des nouveaux hommes forts du gouvernement post-élection, l’enfant de Diondiori, lui, apprendra à la télé, comme tous les Maliens, la composition du gouvernement actuel. La goutte d’eau qui a failli faire déborder le vase ! Il piqua une colère noire mais se résout à garder son calme. En attendant la tempête interne au RPM ? Comment peut-il aussi déclencher une tempête quand il n’a pas les soutiens nécessaires. On le dit aussi homme de clan. Et le vice-président Nancoman Kéita ne dira pas le contraire… Peut-il susciter le renouveau du « parti de récupération par des prédateurs intérieurs et extérieurs de tout horizon avec la complicité intéressée des premiers responsables » ? Parviendra-t-il à pousser au congrès extraordinaire du RPM ou au débat interne pour laver le linge sale en famille ? Rien n’est moins sûr.

Le président du parti présidentiel rumine sa frustration. S’en cache-t-il ? Sûrement mais la majorité présidentielle Ensemble (EPM) pour le Mali aussi ne le sent pas. « Il ne communique aucun enthousiasme comme président de la majorité au pouvoir », confie un président de parti de l’EPM. Dr Bokary Treta est hostile au report des élections législatives, qui fait durer son…purgatoire ! mais aussi le sursis à son dernier rêve, celui de président de l’Assemblée nationale et de la majorité au pouvoir !

Or, il est évident que si le président de la majorité au pouvoir n’a aucun dynamisme communicatif, les autres alliés politiques se considèrent spectateurs de la gestion des affaires de la cité. Conséquence : aucun lobbying, aucune action visant par exemple à calmer le front social en ébullition. Aucune sortie politique pour apporter la contradiction aux adversaires politiques du FSD (opposition pro Soumaïla Cissé) et de la COFOP (farouchement opposée au report des législatives).

Au final, la gouvernance IBK de ce début du second quinquennat ne dispose d’aucune carapace pour amortir les éventuels chocs politiques. C’est au point que l’on se demande quel intérêt le président aurait à abandonner le RPM pour être ainsi exposé à divers vents. Ce qui pousse certains esprits alertes à supputer sur un nouveau réaménagement gouvernemental pour plus d’adhésions populaires. Ce qui ne devrait se faire en principe qu’après les élections législatives. Vers juin ou juillet 2019. En attendant, l’on ne peut que prier et tenter de résoudre la grogne sociale…

Bruno D. SEGBEDJI

 Mali-Horizon

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