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Concertations populaires sur le projet de découpage administratif : Moussa Mara et ses alliés de la COFOP boycottent à l’avance !

Les Présidents des partis politiques membres de la Coalition des forces patriotiques (COFOP) ont adressé une réponse à l’attention du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, suite à la Lettre 001032/MATD-SG relative au projet de concertations régionales autour de l’initiative de découpage territoriale. Avec des mots amers, les destinataires rejettent en bloc ledit projet et le boycottent. « L’«initiative n’est ni opportune, ni utile, ni soutenable et encore moins souhaitable pour notre pays, ont-ils écrit noir sur blanc».

Après  la réunion du cadre d’information des partis politiques sur le projet de découpage territorial en vue, organisée le vendredi 26 octobre 2018, le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Mohamed AG Erlaf, a sollicité, dans une Lettre circulaire, la présence de tous les partis politiques lors des séances de concertations populaires sur ledit projet. Une Lettre qui réserve une réponse amère au Chef du MATD ; car, les destinataires l’ont accueilli et jeté directement à la poubelle. «Votre initiative n’est ni opportune, ni utile, ni soutenable et encore moins souhaitable pour notre pays. En conséquence, nous la rejetons et vous invitons à abandonner ce projet qui a déjà reçu une désapprobation unanime de nos compatriotes de l’intérieur comme de la diaspora. Les nombreuses manifestations d’hostilité organisées dans les Régions et à l’Extérieur du pays témoignent du rejet de nos compatriotes », peut-on lire leur note signée par, entre autres, Oumar MARIKO (Président du parti SADI) ; Housseyni Amion GUINDO (Président du parti CODEM) ; Moussa MARA (Président du parti YELEMA)  et Moussa Sinko COULIBALY (Président de la Plateforme pour le Changement). Selon eux, ce projet de découpage territorial qui fera du Mali un pays de 20 Régions, 93 Cercles et 10 Communes pour Bamako contient de nombreuses anomalies tant dans la forme que sur le fond. Ce qui rend nécessaire de le reprendre notamment : -L’absence totale de concertations sur la vision globale qui porte ce projet ainsi que sur ses modalités pratiques de mise en œuvre, pour un pays comme le Mali, très conservateur en matière de gestion territoriale ; donc, cela est rédhibitoire ;

– Votre volonté de « régionaliser » les débats alors que les reformes touchent principalement les cercles et les communes pour la création des circonscriptions et collectivités et ensuite les communes, villages, quartiers et fractions sur les questions de rattachement ;

-Votre précipitation à conduire cet exercice périlleux et très lourd en moins de quelques mois, sans doute la plus importante réforme territoriale du Mali indépendant alors que chacune des précédentes reformes en la matière ont nécessité plusieurs années de préparation.

En ce qui concerne les anomalies liées au fond, le projet du Gouvernement en dénombre plusieurs dont ils citent les principales : -Le projet n’a pas de rapport direct avec l’Accord de paix qui vise davantage l’opérationnalisation des collectivités, le transfert des pouvoirs et des moyens à leur bénéfice, le renforcement de leurs aptitudes à satisfaire des attentes des populations que la multiplication du nombre de circonscriptions administratives; autrement dit, vous serez mieux dans l’application de l’Accord de paix en faisant en sorte que les Régions, Cercles, Communes, actuels fonctionnent mieux et servent davantage les populations qu’en en créant de nouveaux !;

-Le projet ne peut être justifié ni par les questions de fichier électoral ni par l’ambition de rapprocher l’Administration des citoyens.

Quand on créera de nouvelles circonscriptions, les rattachements se feront naturellement comme cela a été fait par le passé, rien ne justifie la précipitation du Gouvernement en la matière ; en l’état actuel de notre Administration on n’a nullement besoin de créer une circonscription administrative sur une partie de notre territoire pour y amener les infrastructures appropriées en matière de sécurité, d’administration, de justice, de santé ou d’éducation.

À l’inverse, nombreuses circonscriptions administratives sont bien créées sans le niveau minimal d’équipements pour les supporter (absence de Gouvernorat à Taoudéni et de centres de santé de références ou de palais de justice dans certains cercles…) ; Il est, donc, plus opportun pour vous de combler d’abord les nombreux déficits existants avant de vous livrer à des créations de circonscriptions sans suite en matière de bien-être des Maliens ;

-Le projet n’est pas soutenable en termes de moyens humains, matériels et financiers : actuellement les effectifs d’Administrateurs territoriaux compétents ne suffisent pas à occuper tous les postes existants (gouverneurs, préfets, sous-préfets, adjoints) à fortiori les nouvelles circonscriptions que vous envisagez de créer ; le niveau de dénuement de nos administrations dans les régions et cercles est écœurant et vous le notez vous-mêmes dans vos interventions, les moyens du pays sont limités et les priorités étant souvent ailleurs, comment sera-t-il possible de faire face aux nouveaux besoins ?

En répartissant la pénurie entre un plus grand nombre de diviseurs, vous ne ferez qu’appauvrir davantage les représentants de l’État, exactement le contraire de ce que vous envisagez ;

-Le projet n’est pas équitable entre les communautés et entre les territoires : votre projet n’est pas équitable entre les différentes régions en termes de couverture spatiale du pays par les circonscriptions administratives, il ne l’est pas non plus en termes de présence étatique en rapport avec le nombre d’habitants ; il n’est pas justifiable et porte en lui les germes de la division voire de l’implosion du Mali !

-Le projet ne se justifie pas par l’ambition de représentation équitable des populations : vous vous souviendrez qu’en l’état actuel déjà existe une iniquité entre les communautés par rapport à leur niveau de représentation au sein des Institutions, consensus issu des précédents accords de paix ; votre projet accroit cette iniquité et la porte à un niveau insupportable pour nos compatriotes, ce qui explique les réactions très fortes de certaines organisations ; ce climat très volatil est porteur de conflits intercommunautaires déchirant davantage le tissu social déjà bien entamé par les crises que nous vivons depuis quelques années ;vos dénégations relatives à la déconnexion des circonscriptions administratives et des circonscriptions électorales n’y changeront rien, ce que les Maliens perçoivent clairement derrière votre projet est d’assurer un niveau de représentation de certaines communautés sans commune mesure avec leur poids démographique, autrement dit, un surcroit d’avantages indus pour certains au dépens des autres.

En raison de ces nombreuses faiblesses et anomalies, les contestataires invitent le gouvernement à renoncer à ce projet, dans l’intérêt de notre pays et, donc, dans son intérêt. «Le pays est au bord du précipice. Vous risquez de l’y jeter en persistant dans cette aventure injustifiée et injustifiable».

Seydou Konaté

 LE COMBAT

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