En principe, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, celui du Sénégal Macky Sall et du Togo, Faure Gnassingbé, sont attendus cette semaine à Bamako. Ces présidents ont été désignés par leurs pairs de la CEDEAO pour venir solliciter la libération sans délai et sans condition des quarante-six autres soldats ivoiriens des quarante-neuf (49) interpellés à Bamako depuis le 10 juillet 2022 pour atteinte à la sureté de l’Etat malien.
Sauf manipulation ou déni de réalité, ces trois émissaires de la CEDEAO connaissent mieux ce dossier de soldats ivoiriens interpelés le 10 juillet 2022 à l’Aéroport international président Modibo Kéita à Bamako au Mali, surtout Macky Sall qui a effectué une visite à Bamako le 15 août 2022, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine. Au cours de cette visite, il a été question de cette affaire de mercenaires ivoiriens. Aussi, le 18 juillet 2022, Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, a été reçu en audience par le président de la Transition, le Col. Assimi Goïta. Au menu des échanges, il s’agissait de la même affaire des quarante-neuf soldats ivoiriens incarcérés à Bamako. A chacun, le chef de l’Etat malien s’est dit ouvert au dialogue, mais dans le strict respect de la souveraineté du pays.
Certes, Nana Akufo-Addo n’a pas été encore au Mali pour ce dossier, mais il a certainement eu les échos à travers les versions de chacun des deux pays concernés (Mali et Côte d’Ivoire), les rapports MINUSMA là-dessus et surtout lors du Sommet extraordinaire de la Conférence de chefs d’Etat et de gouvernement sur la Guinée et le Mali, tenu le 22 septembre 2022 à New York et qui a décidé de l’envoi de cette mission à Bamako. Mieux, il a déjà rencontré Col. Assimi au moins deux fois sur d’autres sujets importants concernés le Mali. Donc, il doit pouvoir se faire une idée sur la personnalité de ce dernier en matière de négociations.
En gros, cette rencontre qui pourrait se tenir dans cette semaine à Bamako, sera certainement une mission de toutes les vérités. Déjà, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, a indiqué, le 24 septembre 2022 dans un communiqué, que Bamako n’était pas prêt à recevoir ces émissaires de la CEDEAO hier 27 septembre 2022 comme annoncé, mais plutôt le 29 ou le 30 septembre 2022. « Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République du Mali présente ses compliments à la Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja et, se référant à sa note verbale ECW/92/DMNV146/vam du 23 septembre 2022, à l’honneur de l’informer que pour des contraintes d’agenda, la Mission de Haut niveau annoncée pour le mardi 27 septembre 2022 ne peut être reçue que le jeudi 29 septembre ou le vendredi 30 septembre 2022 à Bamako », peut-on lire dans ledit communiqué.
Au-delà de sa forme administrative et de son caractère diplomatique, il faut le dire, ce communiqué ou cette décision témoigne de la volonté des autorités de la transition de plus accepter que l’on leur impose certaines choses. Ce même principe pourrait également se poser lors de la prochaine visite de la mission de la CEDEAO.
La CEDEAO au service de Alasssane Dramane Ouattara
Ce qui est sûr, c’est que cette affaire de soldats ivoiriens au Mali est entrée dans une nouvelle phase et que sa gestion est devenue encore plus sensible qui risque de créer la frustration, dans la mesure où la CEDEAO est déjà accuse à la cause du président ivoirien, Alasssane Dramane Ouattara.
Il faut le reconnaître, les chefs d’Etats de la sous-région doivent comprendre que la CEDEAO est une grande organisation pour se laisser manipuler par un seul individu à cause d’une affaire implication son pays. D’ailleurs, Alasssane Dramane Ouattara devrait se sentir humilié si jamais les émissaires arrivaient à faire libérer ses militaires sans que la justice ne vide complètement ce dossier et prouve l’innocence de ses soldats.
En tout cas, les chefs d’Etats de la sous-région devraient, en toute objectivité, plutôt demander à l’Etat malien de transférer le dossier devant une juridiction à compétence étendue sur l’espace de la CEDEAO ou de l’Union africaine pour trancher l’affaire. Dans ce processus, la CEDEAO devrait plutôt jouer le rôle d’observateur, elle devrait aussi s’assurer que toutes les pièces fourniee par les deux pays et par les organisations nationales, sous-régionales et internationales concernées par l’affaire arrivent à la bonne destination et que le processus judiciaire se tienne dans les règles de l’art.
C’est la seule façon pour la CEDEAO de rester impartiale dans cette affaire hautement sensible. Aussi, elle a obligation de réserve, si elle veut réellement garder sa crédibilité auprès du peuple africain, surtout quand l’on sait que cette organisation a presque perdu toute la confiance de son peuple à cause de sa gestion lamentable de la crise politique au Mali.
Encore une fois, ce dossier est très sensible et sa mauvaise gestion risque de dégrader les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, de décrédibiliser davantage la CEDEAO et en souillant ses émissaires.
Ousmane BALLO
Source : Ziré