Il y a une semaine s’ouvrait en Suisse la conférence de Genève 2, un rendez-vous diplomatique censé permettre de trouver une issue politique au conflit syrien. Après de nombreuses et inconciliables déclarations de principe, les représentants du régime et de l’opposition semblent aujourd’hui s’accorder pour discuter sur la base de Genève 1, autrement dit sur la mise en place d’un gouvernement de transition. Le Royaume-Uni, de son côté, a confirmé qu’il allait accueillir « plusieurs centaines » de réfugiés syriens.
La délégation du régime accepte donc que la déclaration de Genève 1, le texte rédigé en juin 2012 par les grandes puissances et qui prévoit la mise en place d’une autorité de transition, serve de base aux discussions. Mais cela fait déjà deux jours que la transition est censée se trouver au coeur des pourparlers. Lakhdar Brahimi, le médiateur de l’ONU, avait demandé lundi à chaque partie de présenter leur vision de Genève 1.
Au lieu de cela, le régime a de nouveau mis en avant le risque terroriste en pointant une information selon laquelle Washington aurait repris l’armement des rebelles. L’opposition a dénoncé cette attitude consistant, selon elle, à éviter les questions politiques. Face à l’impasse, l’émissaire de l’ONU avait dû mettre fin aux discussions.
L’opposition a, elle, soumis une feuille de route prévoyant la formation d’un gouvernement de transition et la restructuration des services de sécurité.
Les futurs échanges promettent d’être tendus car si les émissaires de Damas acceptent pour la première fois de discuter de transition politique, ils estiment en revanche toujours qu’il ne peut être question de changement de régime.
Le médiateur de l’ONU dit ne pas s’attendre pas à une avancée substantielle d’ici la fin de cette session vendredi. Lakhdar Brahimi se félicite néanmoins de voir la glace peu à peu se briser entre les deux camps et compte sur un progrès lors du deuxième round des discussions, espéré pour la fin de la semaine prochaine.
Le Royaume-Uni prêt à accueillir des réfugiés syriens
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Le Royaume-Uni va finalement accueillir « plusieurs centaines » de réfugiés syriens dans les mois à venir. La ministre de l’Intérieur Theresa May l’a officiellement confirmé ce mercredi 29 janvier au Parlement. Le gouvernement de coalition précise que ces réfugiés seront parmi les plus vulnérables. Un geste jugé néanmoins tardif et limité par certaines ONG qui reprochent au Royaume-Uni de traîner des pieds.
Le gouvernement de David Cameron s’opposait jusque-là farouchement à accueillir des réfugiés syriens. L’argument avancé était les quelque 725 millions d’euros déjà consacrés par Londres en aide humanitaire pour la Syrie. En réalité, la crainte principale était de voir cet engagement compromettre la promesse du Premier ministre de réduire drastiquement le nombre de migrants au Royaume-Uni d’ici 2015.
La question de l’immigration domine le débat politique britannique à l’approche des scrutins européens en mai puis général l’an prochain, et le gouvernement a durci le ton sous la pression de l’aile droite des conservateurs et du parti anti-immigration UKIP (United Kingdom Independence Party).
Des réfugiés prioritaires
Néanmoins, sur la question des réfugiés syriens, David Cameron avait contre lui l’ensemble de la classe politique, et l’opposition travailliste avait même proposé un vote sur la participation de Londres au programme du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Finalement, la peur de paraître insensible et de subir un échec humiliant lors de ce vote à la Chambre des communes a fait changer le gouvernement d’avis. Sans préciser le nombre exact de réfugiés, la ministre de l’Intérieur a annoncé que le pays accueillerait en priorité les femmes et les enfants victimes de violences sexuelles, les victimes de torture et les personnes âgées. Londres n’ira pas malgré tout jusqu’à adhérer au programme onusien, contrairement à l’Allemagne ou à la France.
rfi