Ce visionnaire confectionne tous les modèles possibles avec le coton

L’artiste a côtoyé les Asiatiques en 2000, à l’École de la Chambre syndicale de couture parisienne Gaoussou Goïta. Il a constaté que ces derniers sont en France pour acquérir la science et la technique de la coupe et de la coûture. Aussitôt leur formation terminée, ils devaient tous retourner dans leurs pays pour contribuer à valoriser les tissus et autres supports de leurs pays respectifs. Dès lors, le jeune Minianka s’est rappelé que ses parents sont de grands cultivateurs de coton. Il décida de rentrer au Mali pour contribuer à valoriser les tissus faits à base de cette matière. Ainsi naquît une vocation. En 2005, il crée et dépose la marque Goïta. Il participe à une multitude de défilés où, il présente divers modèles pour homme et femme avec des supports en coton. Il se fait connaître du grand public parisien lors d’un défilé en plein cœur de la capitale française, sous la tour Eiffel. Gaoussou Goïta a vu le couronnement de son projet : valoriser le coton biologique. Il obtient un grand succès à travers les nombreux contacts à l’issue de ce défilé. Ce visionnaire estime qu’on peut faire tous les modèles possibles avec le coton. Il le prouve à travers des costumes et jeans plaqués pour homme, des robes, des jupes, des vestons, gilets, chemisier en décolleté ou avec manches. Il propose même des robes de mariées en pure cotonnade. Une robe qui remporte depuis un certain temps un franc succès auprès des Bamakoises. Il crée le concept de « Fassokan » ou « l’élégance utile » ! c’est-à-dire l’élégance qui permet de valoriser le « Bougouni » une bande tissu traditionnel, « le niaga » ; « koba » ; « Kassa » à travers une utilisation systématique. Valoriser le patrimoine vestimentaire en le mettant au goût du jour. Aider au transfert du savoir- faire par la formation. Participer à la limitation des effets négatifs de la mondialisation en encourageant la transformation sur place, qui permet à la fois de faire émerger les compétences et de créer des emplois. Le génial modéliste est né à Niono, dans la région de Ségou. Le créateur Gaoussou Goïta se retrouve à Bagadadji à Bamako pour apprendre la couture. Il travaillera deux ans comme apprenti. Un temps record. La durée normale d’apprentissage étant de cinq à dix ans , avant d’ouvrir son propre atelier. Il décide d’aller tenter sa chance au Gabon et au Cameroun, où il perfectionne son art de la coupe et de la couture. Huit ans après, il émigre vers la France et l’Europe « pour aller chercher de l’argent et de meilleures machines », explique le styliste de 44 ans. Depuis lors, il a représenté son pays en exposant ses créations à la Semaine de l’Afrique organisée par l’Unesco en mai 2009 à Paris. Il a habillé les dix finalistes de Miss Mali France 2010. Il a même convaincu l’ancien président malien Amadou Toumani Touré d’arborer une casquette Goïta et le Premier ministre Moussa Mara de porter un costume avec le Bougouni sur les poches. De même, en 2010, il se porte volontaire pour habiller la troupe de la Biennale artistique et culturelle du cinquantenaire, à Sikasso. Dans sa carrière, il a déjà accompagné de nombreux stylistes comme les Camerounaises Micheline Tatou et Vicky Toudou, le Nigérien Alphadi, l’Afro-Asiatique Almen Gibirila. Le défunt Chris Seydou, qui de son temps valorisa le bogolan, demeure son principal référant. Goïta a d’ailleurs fait de ce dernier son modèle. Il possède désormais un business plan en bonne et due forme, qui requiert un financement assez conséquent.

Y. D.

Source : L’ Essor