Le 27ème sommet Afrique-France, tenu dans notre capitale, Bamako du 13 au 14 janvier dernier, a été un véritable exploit, pour les Maliens et le président Ibrahim Boubacar Keïta. Les hommes et les femmes qui ont été impliqués dans l’organisation ont relevé le défi et honoré le Mali. Une soixantaine de délégations, dont 30 délégations présidentielles, des chefs de gouvernements et des institutions internationales ont séjourné dans notre capitale durant au moins deux jours. Ils ont été dans leur grande majorité, impressionnés par l’organisation matérielle, sécuritaire et le chaleureux accueil qui leur a été réservé par les Maliens. Quatre ans avant cette date, peu de gens pouvaient parier que le Mali pouvait réussir à relever un tel défi. Mais comme par miracle, le peuple du Mali, dont l’existence avait été compromise en 2012 par une crise sans précédant a bien su se relever en un laps de temps. Même si beaucoup reste encore à faire. D’où cette déclaration du président français, François Hollande : « aujourd’hui alors que nous sommes réunis, nous devons prendre la dimension de ce qui a été engagé ici en 4 ans. Les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire, la démocratie a repris son cours, les élections ont eu lieu : présidentielles, législatives. Ibrahim Boubacar KEITA est l’élu du peuple malien, l’économie repart et la réconciliation, avec les accords d’Alger, est en cours ».
Plus loin, comme pour répondre à certains détracteurs du régime qui prennent du plaisir, tout le temps, à peindre tout en noir, le président François Hollande ajoute : « voilà ce qui a été fait en 4 ans. Il y a peu d’exemples au monde où un pays déchiré, menacé par le terrorisme, divisé en son sein et qui pouvait douter à un moment de son propre avenir, ait été capable de se redresser aussi vite et de se tenir debout aujourd’hui devant nous ».
Pour lui, en relevant ce défi, le Mali adresse à l’ensemble de la communauté internationale, une leçon d’espoir.
« Il n’y a pas de fatalité, il n’y a pas de processus irréversible. Dès lors que nous sommes unis, dès lors que nous sommes solidaires, dès lors que nous sommes ensemble pour relever le défi majeur de la paix, il est possible de réussir, il est possible de réussir là où l’on pense que l’horreur s’est installée. Elle était présente au Mali mais elle est en Syrie, elle est en Irak, elle est en Libye » dit-il. Avant d’ajouter : « Donc nous devons dire là encore à ces peuples martyrs, à ces pays qui affrontent des difficultés sans nom, à ces réfugiés et à ces déplacés, à ces hommes et à ces femmes qui ont souffert et qui souffrent encore : il y a de l’espoir : regardez vers le Mali ».
La France s’engage à former 25.000 soldats africains dans les trois prochaines années
Pour mieux lutter contre le terrorisme, un des thèmes majeurs du sommet de Bamako, le président français François Hollande, a pris l’engagement devant les chefs d’Etats et de gouvernements africains que son pays formera, 25 000 soldats africains dans les trois prochaines années.
« J’avais fixé au Sommet de Paris il y a 3 ans, l’objectif de former 20.000 soldats africains par an. Nous avons tenu cette promesse et elle a même été dépassée. Je vous propose aujourd’hui de réévaluer encore l’engagement de la France et de porter à plus de 25.000 la formation des soldats africains pour les trois prochaines années », a-t-il déclaré.Avant de préciser que ces formations se feront dans les domaines du déminage, des forces spéciales et du renseignement. Car dit-il, les réseaux criminels et terroristes utilisent les nouvelles technologies pour commettre leurs forfaits.
23 milliards d’euros d’aide pour l’Afrique dans les 5 ans prochaines années
Outre le secteur de la Sécurité, le Chef d’Etat français, François Hollande a annoncé que son pays accompagnera l’Afrique en matière de développement économique et professionnel. A cet effet, il a promis que l’aide au développement au profit du continent sera revue en hausse et passera de 20 milliards à 23 milliards d’euros durant les cinq prochaines années.
« Nous avons aussi lancé un fonds d’investissement franco-africain. La Banque Publique d’Investissement Française s’est entourée de partenaires, français et africains, pour réunir les fonds nécessaires pour que l’investissement des PME, des entreprises, sur les deux continents, puisse être encore amplifié. Ce fonds sera géré par une équipe franco-africaine… », a-t-il ajouté. Dans la même dynamique, il a révélé que la France soutiendra le projet d’énergie renouvelable en Afrique à hauteur de 3 milliards d’euros.
Ce que François Hollande pense de Kidal
En marge de ce sommet, bon nombre de Maliens avaient besoin d’être édifiés par les voix les mieux autorisées sur deux sujets majeurs. Il s’agit de la position de la France par rapport à la ville de Kidal qui échappe toujours au contrôle du gouvernement malien et le prétendu accord de réadmission entre la Mali et l’UE.
Interrogé sur le premier sujet, à savoir l’absence du Mali à Kidal, le président français, François Hollande a été quelque peu évasif dans ses réponses. Car pour lui, la France souhaite que l’autorité du Mali s’exerce sur l’ensemble du territoire national. Et préconise l’application de l’accord de paix et de réconciliation comme solution.
Pourtant le 13 janvier, soit un jour avant la cérémonie inaugurale du Sommet, le président français, rendant visite aux troupes françaises ‘’Barkhane’’ basées à Gao, avait eu la ‘’maladresse’’ de déclarer que le Mali a entièrement recouvré son intégrité territoriale.
Les révélations fracassantes du journaliste de RFI Christophe Boibouvier
Venu à Bamako pour la couverture du Sommet, notre confrère de la Radio France Internationale (RFI), Christophe Boibouvier a présenté le jeudi 12 janvier à la Maison de la Presse son livre intitulé ‘’Hollande l’Africain’’. Un titre qu’il juge ironique. Pour l’occasion, plusieurs personnalités étaient présentes. Parmi lesquelles : les anciens Premiers ministres, Diango Sissoko (transition), Moussa Mara, et Ali Nouhoum Diallo ancien président de l’Assemblée Nationale.
A cette rencontre, la question de ‘’Kidal’’ s’est vite invitée dans les débats. C’est alors que, répondant à la question de l’assistance, notre confrère Christophe Boubouvier a révélé que la DGSE (Direction Générale de la Sécurité d’Etat) française veut toujours garder contact avec les ex-rebelles du MNLA pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel. Ce qui sous-entend que les intérêts de la France priment sur ceux de l’Etat malien.
Pour lui, en intervenant au Mali, la France cherche à conforter son influence sur la scène internationale et sa place de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU.
François Hollande, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et Paul Kagamé ont eu du mal à dissimiler leurs différends devant les journalistes
Le samedi 14 janvier, quelques heures avant l’ouverture officielle des travaux du Sommet, le président Ibrahim Boubacar Keïta et son homologue français, François Hollande, sont arrivés au CICB, plus tôt que les autres chefs d’Etats et de gouvernements afin de les accueillir.
A l’arrivée des Chefs d’Etats, on pouvait distinguer les présidents les plus expérimentés (qui ont duré au pouvoir) des novices à travers leurs gestuelles.
Les habitués aux grand rendez-vous internationaux comme le congolais, Dénis Sassou N’Guessou, le Tchadien Idriss Déby Itno, le Togolais Faure Gnassingbé, le Nigérien Mahamadou Issoufou ou encore le Guinéen Alpha Condé sont arrivés les bras ouverts avec un large sourire à la rencontre des présidents IBK et Hollande. Tandis que les moins expérimentés comme le président ghanéen Nana Akufo Addo sont arrivés les traits tirés avec des pas hésitants.
Après les accolades, certains d’entre eux ont eu un bref échange amical avec leurs homologues malien et français, IBK et François Hollande, avant la photo de famille.
Par contre, d’autres comme le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, et le Rwandais Paul Kagamé ont eu du mal à dissimuler leurs différends avec le président français devant les projecteurs des caméras.
Ce jour, devant une pléiade de journalistes, le temps de salutation entre l’équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et son homologue français François Hollande a été trop bref pour qu’ils aient des échanges. Il n’y a pas eu plus qu’un bonjour et des accolades entre les deux hommes. Idem pour le Rwandais Paul Kagamé à qui le président français a juste dit « merci ». A l’origine : l’affaire dite des biens mal acquis qui oppose la justice française au président équato-guinéen et son fils, Teodorin Obiang Nguema. Ainsi que le génocide rwandais.
N’eût été leur bon rapport avec le président malien, IBK, Kagamé et Obiang Nguema seraient probablement parmi les absents.
Rassemblées par Lassina NIANGALY
Source : Tjikan