La position conciliante de la France vis à vis des rebelles touaregs qui refusent l’autorité de l’État à Kidal est de plus en plus mal perçue par les Maliens. Cette attitude de la France, soupçonnée de collusion avec le MNLA, est aussi ouvertement critiquée par la presse et par certains hommes politiques. Interpellé sur la question lors d’une interview accordée à RFI, France 24 et TV5, François Hollande s’en est défendu déclarant qu’il n’y a aucune complaisance vis-à-vis du MNLA. Il a par contre ajouté que la France est respectueuse de la réalité touarègue et fera en sorte qu’il n’y ait pas d’affrontement.
L’absence de l’administration malienne et de l’armée à Kidal empoisonne depuis quelques jours les relations entre Bamako et Paris. Il ne se passe de jours sans qu’une organisation de la société civile ou une formation politique de la place ne dénoncent le blocus fait autour de cette ville.
Jeudi dernier, des milliers de jeunes de Gao ont bravé la canicule pour interpeller la France et dénoncer par la même occasion la mauvaise gestion par les autorités maliennes de la question de Kidal.
Le Front Uni pour la Sauvegarde de la Démocratie et la République (FDR), créé au lendemain du coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 a lancé, vendredi dernier, une plateforme dans laquelle il déclare que « sans la libération de Kidal, il n’est pas question d’organiser l’élection présidentielle du 28 juillet ». Le vice-président de ce front Iba N’diaye dira : « Si le Mali, la France, la CEDEAO et tous ceux qui ont soutenu notre pays jouent le jeu, dans les jours à venir l’armée malienne sera à Kidal avant le 28 juillet. Il faudrait que tout le monde se mobilise, que ça ne soit pas seulement une incantation », ajoutant qu’il ne faudrait pas que le processus électoral soit pris en otage par les groupes armés notamment le MNLA.
Le président français a écarté d’un revers de la main tout favoritisme accordé aux combattants du mouvement national de libération de l’Azawad lors de son interview. Et pour justifier la démarche de son pays à propos de Kidal, il précise que la France nourrit du respect pour la réalité touarègue et fait en sorte qu’il n’y ait pas d’affrontement avec l’armée malienne. Comme pour expliquer les négociations ouvertes à Ouagadougou entre le gouvernement malien et le MNLA dont il dit « bien entamées entre les deux parties ». S’agissant de l’élection présidentielle annoncée pour le 28 juillet, François Hollande ne se fait aucun doute quant au respect du calendrier électoral. Il part du principe qu’avant les événements du 22 mars 2012, le Mali était déjà avancé dans les préparatifs du scrutin présidentiel et que ce dispositif toujours en place doit permettre la tenue du scrutin à la date prévue.
Quid de Kidal ?
Le président français sans minimiser la question soutient que la France fera tout pour que l’élection ait lieu sur toute l’étendue du territoire national y compris à Kidal. « La France accompagnera l’administration civile à Kidal et si c’est nécessaire, elle va aussi accompagner l’armée malienne » a-t-il fait savoir. Auparavant, il s’était félicité du succès de l’opération Serval précisant que l’œuvre serait davantage parachevée si des élections crédibles et transparentes étaient organisées le 28 juillet.
Abdoulaye DIARRA