Le discours du Directeur régional du Fond des Nations- Unies pour la Population, Mabingue NGom, devrait véritablement soulager le Premier ministre, Boubou Cissé, sur la question de l’école. En effet, dans son intervention, au Forum de Bamako, jeudi dernier, à l’hôtel Salam, il a d’abord attiré l’attention sur la relation entre la démographie, la paix et la sécurité. C’est pourquoi, a-t-il dit, c’est extrêmement important que cette réunion se tienne à Bamako qui est l’un des trois pays de l‘épicentre de la crise du sahel. En fait, le défi démographique et la crise sécuritaire sont une menace pour la scolarisation des enfants. Ces deux défis combinés à des tensions sociales ne feront qu’augmenter la gravité de la crise scolaire.
Mabingue NGom a soutenu qu’entre 2018 et 2020, les performances des pays du sahel sont bonnes, selon le rapport de l’UEMOA de 2019, cette tendance devrait se poursuivre avec un taux de croissance économique de 6%. Cependant, cette embellie serait menacée par la crise sécuritaire persistante dans la région. A ce titre, il a attiré l’attention sur les actions terroristes et tensions de toutes sortes tant sur le plan social que politique. Parmi les défis majeurs, il a cité au premier plan, le défi démographique. Il a ajouté que des projections indiquent que, selon la croissance accélérée de la population, son doublement est prévisible pour l’année 2040. Il a fait état du continent africain qui regorge actuellement d’une population de 1, 3 milliard et qui atteindra plus de 2 milliards, en 2040. Or, les pays du sahel figurent parmi les pays les plus pauvres.
Le Directeur régional du Fond des Nations-Unies pour la Population, a indiqué : « Au Niger sur les 600.000 enfants qui doivent aller à l’école cette année, seuls 300.000 vont à l’école. » Le taux observé dans la plupart des pays de la sous-région indiquent « que 50% des enfants qui doivent aller à l’école ne vont pas à l’école ». Près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté avec la question cruciale du non accès aux services sociaux de base. Il a signalé qu’au Mali, au Burkina Faso et au Niger, plus de 60% de la population a moins de 15 ans et en 2018, plus de la moitié de cette population est non scolarisée, alors qu’ils sont obligés de consacrer l’essentiel de leurs ressources pour répondre aux besoins sécuritaires, a-t-il fait remarquer. Au Sahel, on observe, selon lui, 30% de dépenses consacrées à la sécurité. Il a cité 24% pour le Mali et 18% pour le Niger. Vu les défis démographiques, il est déjà difficile de mettre tous les enfants à l’école, à fortiori, quand on fait face à des crises sécuritaires. On est obligé, a-t-il dit, de faire des ponctions dans le budget pour assurer la sécurité.
Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, a-t-il affirmé, plus de 8 millions d’enfants de 6 à 14 ans ne sont pas scolarisés, ce qui représente 55 % des enfants de cette tranche d’âge.
B.D
Source: Canard Déchainé