La loi du sport est souvent triste et elle n’est pas forcément juste. Et les Maliens s’en rendent maintenant compte après l’élimination de notre équipe nationale masculine de football, les Aigles, dès le premier tour de la 30ème phase finale de la Can «Guinée Equatoriale 2015».
À égalité parfaite, le Mali et la Guinée Conakry ont été finalement départagés à «pile ou face» dans la plus grande fraternité. Et nos frères Guinéens sont les heureux gagnants de cette loterie qu’aucun joueur ne souhaite sans doute vivre dans sa carrière. Félicitations et bonne chance au Sily National ! Bravo aux Aigles qui ont fait honneur aux couleurs nationales sans aucun complexe.
Nous sommes déçus ! Déçus, parce que nous avons rarement eu une sélection aussi talentueuse et solidaire. Une équipe nationale qui a démontré assez de valeurs pour prouver qu’elle pouvait rivaliser avec les meilleures du continent. Nous sommes déçus parce qu’une sélection invaincue est éliminée de la compétition.
Mais, dans notre déception, n’oublions pas non plus la peine des joueurs qui se font sans doute beaucoup de reproches. Ils s’en veulent et ils s’en voudront longtemps d’être passés à côté du tournoi de façon si dramatique. En leader consciencieux, Seydou Kéïta risque longtemps de se culpabiliser pour le penalty raté.
Mais il y a des jours sans gloire ! Et l’histoire du football est aussi écrite avec les penalties ratés par de grands joueurs, des occasions manquées par les stars comme on l’a récemment vu à Coupe du monde «Brésil 2014» avec Neymar (pays organisateur), Christiano Ronaldo (Portugal), Lionel Messi (Argentine), Baloteli (Italie), Didier Drogba (Côte d’Ivoire), Samuel Eto’o (Cameroun)…
L’adage dit : «Den bè bi à tabaga dé bolo». Littéralement, le «bébé ne glisse que des mains attentionnées». Pour une fois, on peut dire qu’il a tout manqué à cette sélection, tout sauf la volonté, l’envie et la solidarité du groupe. Quelle déception pour Seydou Kéïta et Fousseyni Diawara qui espéraient tirer les rideaux sur leur carrière internationale avec un éloquent parcours à cette CAN !
Que de désillusions pour les Bakary Sako, Abdoulaye Diaby, Yacouba Sylla, Germain Berthé, Salif Coulibaly, Mohamed Konaté… qui rêvaient d’écrire l’une des plus belles pages de la participation malienne à la Can, dès leur première phase finale !
Nous sommes intimement convaincus que, quelle que soit notre déception, elle ne vaut pas la peine d’être ressentie par Seydou Kéïta et ses coéquipiers, leur frustration d’être privés de la suite de la Can 2015 par un tirage au sort. Mais c’était la règle du jeu. Et elle était connue de tous avant cet instant fatidique de ce 20 janvier 2015. Nous acceptons donc notre sort par fair-play.
Nous l’acceptons avec nos regrets et notre amertume. Nous l’acceptons parce que le sport est un jeu qui veut souvent qu’il y ait un vainqueur et un perdant. Le Mali a perdu au tirage au sort, mais il n’a pas été vaincu. Il faut maintenant tirer tous les enseignements et tourner la page pour aller de l’avant. Nous ne devons plus tomber dans le péché de la culpabilisation qui nous a toujours ramenés à la case-départ dans notre quête de sacre continental.
Nous devons assumer tous cet échec comme nous étions prêts à être célébrés comme des héros d’une consécration. L’éternel changement d’entraîneur ne conduit nulle part. La Guinée avec Michel Dussuyer en est la preuve concrète. Les Guinéens ont fait confiance à ce technicien français pour travailler sur la durée et le résultat est de plus en plus probant. Il faut refaire confiance à l’encadrement technique avec une nouvelle feuille de route, donc de nouvelles missions. Ce n’est surtout pas le moment de chercher la petite bête ou un bouc émissaire. Il faut se remettre au travail pour préparer les échéances futures.
Nous avons le potentiel pour parier les yeux fermés sur l’avenir. La preuve c’est que, dans quelques semaines, nos juniors (Sénégal 2015) et nos cadets (Niger 2015) seront sur d’autres fronts africains. Avec une moyenne d’âge tournant autour de 23 ans, le Mali avait sans doute l’un des effectifs les plus jeunes en Guinée équatoriale. Cela est un atout pour l’avenir. Le potentiel est donc indéniable, mais le vrai défi demeure sa gestion.
Avant certainement les éliminatoires de la Can 2017 et du Mondial 2018 en Russie, deux événements doivent aujourd’hui focaliser l’attention du Département et de la Fédération : les Jeux africains de Brazzaville (Congo) en septembre prochain et les éliminatoires du tournoi de football des Jeux Olympiques «Rio 2016» (Brésil). Il est temps de prendre les choses en main à ce niveau.
La performance sportive se construit progressivement sans brûler les étapes. Et aucune compétition n’est à minimiser, car elle représente toujours une opportunité de se mesurer aux meilleurs et d’évaluer ses progrès et insuffisances. Il serait surtout souhaitable que notre pays soit présent dans le tournoi de football des prochains Jeux Olympiques.
Dans le temps, nous rappelait récemment le président Habib Sissoko du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm), l’Afrique de l’Ouest avait peu d’intérêt pour le tournoi olympique de football. Mais, il a fallu la qualification du Mali et l’excellent parcours (quarts de finale) de nos Olympiques (Espoirs) en 2004 à Athènes (Grèce) pour que les pays accordent l’importance requise à cette compétition. De nombreux pays accordent aujourd’hui une grande importance à leurs équipes olympiques en investissant dans l’encadrement confié à des techniciens de plus en plus expérimentés.
Les éliminatoires vont bientôt commencer et il est donc important que l’opinion ressente la détermination de nos dirigeants (ministère et fédération) à créer les conditions d’une qualification de notre sélection olympique pour Rio 2016. C’est très important pour le Mali et cela se prépare dès maintenant. Certes, pour paraphraser Habib Sissoko, «le football n’est pas le sport le plus populaire des J.O, mais c’est le baromètre de la performance sportive dans nos pays, singulièrement au Mali».
Il ne serait pas judicieux de perdre notre temps et notre énergie sur ce qui vient de se passer en Guinée équatoriale. Il faut aller de l’avant et préparer les futures échéances avec la plus grande énergie. N’oublions jamais que nous sommes une Nation, donc que c’est l’unité qui fera toujours notre force. Unis, aucun défi ne sera insurmontable !
Moussa BOLLY
Source: Le Reporter