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FMI : Le Mali mis en observation

Après plus de cinq mois de suspension de ses financements, le Fonds monétaire international (FMI) vient d’approuver le dossier du Mali, en décaissant 6 milliards de FCFA, au terme des première et deuxième revues des résultats économiques obtenus par notre pays. Si pour obtenir ce résultat, le gouvernement malien s’est plié aux conditionnalités de l’Institution financière internationale, en respectant des engagements pris, il reste entendu que cette reprise est une mise en observation, car jusque là les sanctions sont attendues et la justice demeure saisie. 

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Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), a fait le constat du respect par le gouvernement des engagements pris, entre autres : la publication des rapports d’audits du Vérificateur général et de la section des comptes de la Cour suprême, l’adoption du décret modifiant à l’article n° 8 du Code des marchés publics et le rapport sur l’état d’avancement du processus de prise de sanctions.
 À l’issue des délibérations du Conseil d’administration, M. Naoyuki Shinohara, Directeur général adjoint et Président par intérim du Conseil d’administration, a publié la déclaration suivante : «La reprise économique est en cours, mais elle reste fragile, et les perspectives sont assombries par une situation sécuritaire difficile et le risque d’une épidémie Ébola. De graves manquements dans la gestion des finances publiques ont causé des retards dans la première revue du programme appuyé par le FMI et la fourniture d’aide au budget général. Afin de rétablir la confiance des entreprises, des consommateurs et des bailleurs de fonds, il est essentiel de durcir l’application des règles budgétaires et de passation de marché, en s’appuyant sur les résultats des audits officiels récents… Un contrôle plus étroit des dépenses, soutenu par une meilleure gestion de la trésorerie, aidera à prévenir l’accumulation d’arriérés. Une conclusion de l’audit des arriérés intérieurs et l’apurement rapide de ces arriérés favoriseront la reprise économique… ».

Le chef de mission de l’institution de Breton Woods, Christian Josz au cours d’une vidéoconférence a expliqué que trois préalables ont permis l’adoption de notre dossier à savoir les engagements pris et respectés par le gouvernement (les rapports d’audits, la révision de l’article 8 sur le secret défense, et le rapport sur de prise de sanctions).

Par rapport aux sanctions, Christian Josz a expliqué que le gouvernement a pris des engagements en promettant de situer les responsabilités et de laisser la justice faire son travail en toute indépendance. Le FMI fera connaître son appréciation à temps opportun, a-t-il laissé entendre. Notre pays est donc en réalité mis en observation par le FMI. Les bailleurs n’ont pas levé les sanctions parce que le Mali est devenu un pays vertueux, mais c’est, comme l’écrivait notre chroniqueur dans l’édition du vendredi 21 novembre, « un compromis avec les faiblesses de Bamako » pour éviter un ultime effondrement. Ce sur quoi, majorité, opposition et société civile semblent s’accorder. Pour Boubacar Touré, vice-président de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle, « la rupture n’était dans l’intérêt de personne. Avec cette rupture les deux parties avaient beaucoup à perdre. Quelle que soit la situation interne, ce n’est dans l’intérêt de quiconque qu’il y ait une rupture entre le Mali et ses partenaires techniques. En cette période difficile, les Maliens doivent s’unir pour la cause du Mali ».

Majorité et opposition

Lassana Koné, vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), ne dit pas le contraire :« nous pensons que la reprise de la coopération entre le Mali est ses partenaires comme le Fonds Monétaire International (FMI)  est dans l’intérêt du Mali tout entier. L’important est que le pouvoir mette en œuvre les exigences du FMI, notamment les corrections portant sur la réduction de la facture de Guo star, rectifiée à 40 milliards au lieu de 69 milliards de FCFA, la suppression du crédit bancaire, l’immatriculation de l’avion et autres. Si on arrive à satisfaire les exigences des bailleurs de fonds ce serait une bonne chose. Mais il reste les sanctions administratives que nous attendons. Cette reprise de coopération est un soulagement pour toute la population malienne. Il faudrait maintenant suivre de près pour éviter de décevoir. Nous allons surveiller de près et dénoncer s’il y a des dérapages ».

Le communiqué de presse de la CNAS-Faso Hèrè sur la levée de la suspension de l’aide budgétaire générale du FMI et de la Banque Mondiale, en date du 26 novembre est dans le même sens. La CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) prend acte avec soulagement de la levée de la suspension de l’aide budgétaire générale des institutions de Bretton Woods et « engage vivement le Président de la République et son Gouvernement à mettre en œuvre de façon vigoureuse et sincère les mesures de redressement ainsi que les sanctions envisagées contre les auteurs et complices des graves malversations financières dénoncées par la Cour Suprême et le Bureau du Vérificateur Général ». La CNAS-Faso Hèrè rappellait que, « avant d’être une conditionnalité des bailleurs de fonds extérieurs, la bonne gouvernance économique et financière est d’abord une exigence fondamentale du Peuple malien à l’endroit des autorités chargées de la gestion des ressources publiques d’origine nationale ou internationale ». Elle a demandé instamment aux pouvoirs publics « de mettre le Peuple malien et ses maigres ressources financières à l’abri de l’appétit vorace de groupes mafieux étrangers et de leurs acolytes nationaux ».

B.Daou

SOURCE: Le Républicain  du   3 déc 2014.
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