Kidnappé le 8 avril 2021 à Gao, notre confrère français Olivier Dubois (qui aurait été utilisé comme appât par Barkhane) a été libéré le lundi 20 mars 2023. Et depuis cette libération (avec l’otage américain), on a constaté une recrudescence des attaques terroristes dans le centre du Mali et au Burkina Faso. Selon des sources bien introduites, cela n’est pas un fait du hasard car la rançon payée pour la libération du Français et de l’Américain ont renfloué les caisses du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali qui était en difficulté financière et logistique après les sérieux coup portés à son organisations et à ses satellites par les Forces armées maliennes (FAMa).
E ntre le 27 avril et le 20 mai 2023, plus de 800 motos (notamment de marque Apsonic) ont été saisies dans le centre et le nord de notre pays. C’est ainsi que le 20 mai 2023, un camion transportant des motos a pris feu sans que l’on ne sache pourquoi. En effet, si certaines sources avaient accusé (dans un premier temps) l’armée d’avoir utilisé un drone pour détruire la cargaison, d’autres sources (opérateurs économiques) ont plutôt souligné que le camion a pris feu de lui-même. «Il n’a ni été attaqué encore moins visé par une frappe de drone», a mentionné l’un d’entre eux. Le hic, c’est qu’on ne comprend pas la reprise soudaine du commerce des motos dans des zones où leur circulation est en partie interdite à cause de l’usage qui en est faite par les groupuscules terroristes. «Ce n’est pas un fait du hasard. Ces motos sont ess e n t i e l l e m e n t commandées par des organisations terroristes à travers souvent des intermédiaires au-dessus de tout soupçon», souligne une source au niveau du renseignement militaire. Selon des commerçants, le coût d’une moto Apsonic sur le marché régulier est d’environ 475 000 F CFA. Comment les Groupes armés terroristes (GAT) parviennent-ils à payer ces motos ? Si le trafic du bétail enlevé aux éleveurs du centre et du nord (pour être revendu dans d’autres villes du pays et dans des pays de la sous-région) est aujourd’hui source de revenus pour les GAT, ce sont surtout les rançons qui constituent une grosse part de leur budget. Un lien est donc vite fait entre la libération de notre confrère Olivier Dubois et la recrudescence des attaques dans le centre du Mali et dans les régions frontalières du Burkina Faso avec notre pays. «Avant la libération d’Olivier Dubois et de l’humanitaire américain Jeffery Woodke, le GSIM était confronté à d’énormes difficultés financières au point de ne plus pouvoir nourrir et payer les éléments des réseaux affiliés. Sans compter les difficultés logistiques liées aux coups portés par les FAMa qui ont détruit beaucoup de ses bases avec des motos et des véhicules. Mais, moins d’un mois après la libération du journaliste français et de l’humanitaire américain, Iyad a repris ses attaques», a analysé notre source au niveau du renseignement militaire. En effet, le GSIM a revendiqué l’attaque de Sévaré qui a causé la mort d’au moins 10 civils (plus de 60 blessés et d’importants dégâts matériels) le 22 avril 2023. Il a aussi revendiqué l’attaque d’un convoi logistique des FAMa le même jour dans le nord-ouest du pays. Et ces derniers jours, il a déclaré avoir imposé un blocus à certaines localités coupées désormais du reste du pays. Si peu d’informations ont filtré sur les conditions de libération d’Olivier et de son compagnon de circonstance, nous savons aujourd’hui l’usage qui a été fait de la rançon payée officieusement. «Nous avons assisté à une recrudescence des attaques au centre du Mali… après la libération d’Olivier Dubois qui était retenu par le groupe terroriste Jamma’t Al Islam Wal Muslimin (JNIM/GSIM). Il n’y a pas de doute que la rançon payée pour la libération des otages a remis à flot cette organisation terroriste en lui permettant de se doter des armes et des moyens de logistiques.
La multiplication des saisies ou la destruction des motos attestent aussi cela», défend notre source. «Les Forces de défense et de sécurité doivent redoubler de vigilance pour empêcher les commerçants d’approvisionner les GAT. En dehors des pertes humaines, chaque moto saisie est un sérieux coût porté aux organisations terroristes, à leurs finances», a-t-elle conclu. «La guerre profite à beaucoup de fils indignes qui se remplissent les poches. Et tant pis pour le pays et les familles endeuillées», s’est récemment offusqué un cadre du centre du pays à juste raison. Mais, avec les équipements récemment acquis, les Forces armées maliennes (FAMa) sont déterminées à traquer ces ennemis de la patrie comme les réseaux terroristes qui sont leurs partenaires d’affaires.
Hachi Cissé
Source: Journal le Matin- Mali