Au sein de l’opinion nationale, les sentiments de frustration sont manifestés à la fois, à l’égard des autorités pour leur incapacité à faire face aux défis du secteur y compris des acteurs œuvrant pour le Programme de développement à l’exportation de la viande du Mali (PRODEVIM) qui devraient en principe, agir pour la cause des éleveurs, mais brillent leur silence au cours de leurs différentes rencontres annuelles.
En effet, force est de reconnaître que notre pays regorge d’énormes potentialités en la matière mais ne dispose toujours pas d’usines de transformation du bétail en viande d’autant que les responsables dudit programme bénéficieraient de plus, des financements de la part du gouvernement pour l’amélioration du cheptel Malien qui manque d’infrastructures.
Le silence complice des acteurs du PRODEVIM serait de plus inquiétant dans la mesure où les recommandations issues de leur traditionnelle session annuelle tenue la semaine dernière, laisse à désirer. Car expliquent certains observateurs, celle-ci ne prendrait pas compte des préoccupations réelles des éleveurs notamment, dans le cadre de réalisation d’infrastructures en la matière surtout le silence des acteurs dudit projet étatique sur les 10% de la graine de coton promis aux éleveurs comme subventions lors de la campagne 2021-2022 et non tenues jusqu’ici par les autorités. Pour rappel, la pratique de l’élevage des animaux n’est pas seulement l’affaire d’une race spécifique dans notre pays encore moins d’âge. Elle est faite d’un peu partout du pays et contribue selon des statistiques, à plus de 80% des revenus génératrices des populations vivants dans les zones agro-pastorales. Par ailleurs, dans une étude rendue publique en 2021, la Direction nationale des productions et industries animales (DNPIA), relève que l’effectif du cheptel au Mali est estimé à 12 848 696 têtes de bovins; 21 149 809 têtes d’ovins; 29 201 079 têtes de caprins, 1 291 233 camelins, 607 786 équins. Et ces chiffres considérables placent le Mali au 1er rang dans l’espace UEMOA et 2ème dans l’espace CEDEAO et ce, après le Nigeria. Aussi, la même étude ajoute que le sous-secteur de l’élevage contribue à lui seul, environ 15,2% au PIB national. Cela étant, la viande demeure la plus consommée dans nos sociétés et contribue à stabiliser et améliorer l’économie de plusieurs ménages, mais elle semble être ignorée par le fait de la négligence des décideurs politiques en complicité avec certains acteurs évoluant dans le domaine de l’élevage du cheptel, un secteur qui fait de notre pays, une référence dans la sous-région. Malgré ces énormes potentialités, le Mali ne dispose pas depuis l’indépendance à nos jours, des usines de transformation du bétail en viande répondant aux normes internationales sanitaire, de découpe, d’abattage, de conservation voire d’exportation vers des pays voisins et d’autres continents. Enfin, il serait incompréhensible voire inconcevable que le PRODEVIM entièrement financé par l’Etat et ses partenaires dans le but d’améliorer les systèmes de conditionnement, de conservation, de transport et de commercialisation de la viande, n’arrive toujours pas à tenir un langage de vérité vis-à-vis des autorités pour le développement réel de l’élevage. Et les dirigeants politiques doivent se ressaisir afin de couper court, le doute sur la réalisation rapide de l’étude de faisabilité pour la construction des usines de viande en perspective, dans les régions de Sikasso, Mopti, Gao et le district de Bamako et pourquoi pas au-delà devant redorer l’image du Mali à l’international.
Yacouba COULIBALY
Source : L’Alternance