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Filière avicole au Mali : Près de 25 milliards Fcfa, 42 millions de têtes de volailles, 15 000 tonnes d’œufs par an

L’histoire semble se répéter : revoilà la grippe aviaire aux portes du Mali. Pour rappeler 2006, année au cours de laquelle cette maladie était apparue dans des pays voisins, notamment au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger et au Nigeria. Conséquence immédiate : une baisse drastique de l’élevage avicole commercial au Mali, à cause de la psychose.

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Mais dès l’année suivante (2007) l’activité avicole a repris de plus bel avec un cheptel aviaire estimé en 2012 à plus de 42 millions de sujets. Une tendance haussière que la nouvelle menace ne devrait pas entraver.

La grippe aviaire sévit au Burkina Faso où plus de 50 000 têtes de volaille ont été éliminées pour éviter la propagation de l’épidémie. Les autorités publiques maliennes ont donc bien raison de régir promptement pour mettre en garde les producteurs contre les risques. Après avoir rassuré qu’aucun cas, soupçonné ou avéré, n’a été enregistré au Mali. Cependant, en plus de la vigilance, la fermeté est de mise, notamment pour le respect scrupuleux de l’interdiction d’importation de volailles. Une interdiction qui d’ailleurs date de l’année 2009, sur la base de l’Arrêté Interministériel N°09-1651/MIIC-MEF-MEP-MSIP du 08 Juillet 2009, portant interdiction d’importation et de transit des oiseaux et produits avicoles. Une mesure de protection fondée, dans la mesure où il faut non seulement veiller sur la santé des populations consommatrices de la viande de volaille, mais aussi et surtout, éviter au cheptel du pays une quelconque contamination.

L’aviculture du Mali est en train de se frayer un chemin vers la performance. La filière a donc besoin de beaucoup d’intérêt et d’attention de la part des pouvoirs publics, pour lui permettre d’exploiter ses immenses potentialités. Effectivement, bien encadrée et appuyée par des investissements adéquats, la filière avicole peut se retrouver en bonne place dans le lot des grands produits d’exportation.

L’on se rappelle que le lundi 26 novembre 2012,  le ministre de l’Elevage et de la Pêche d’alors,  Makan Alou Tounkara, s’était rendu au siège de la Fédération des Intervenants de la Filière Avicole au Mali (FIFAM), situé à la cité UNICEF de Niamakoro, pour une rencontre d’échanges. Sur place, après avoir pris connaissance des nombreux problèmes soulevés par les professionnels de la filière, le Ministre Tounkara avait  reconnu que la filière avicole est délaissée. Enfonçant le clou, il disait que « même dans la vision stratégique du département de l’Elevage et de la Pêche, l’aviculture ne fait pas partie. On n’a pas compris que dans la production animale, il y a aussi l’aviculture, le poulet. On entend parler d’une Direction nationale de la pêche, mais rien pour l’aviculture ».

Pourtant l’aviculture, au vu des résultats de ces dernières années, est en train de jouer un rôle important dans l’économie nationale. Mais elle peut mieux faire si elle n’était pas confrontée à des difficultés et contraintes qui retardent, voire même entravent son évolution. On peut citer, d’abord, la dépendance de l’extérieur à environ 55% pour l’approvisionnement en poussins d’un jour, avec comme problèmes connexes les aléas liés à l’importation.

Ensuite,  le manque de fonds de garantie adapté à la filière pour faciliter l’accès aux crédits afin de faire face au coût élevé des infrastructures avicoles tels que les bâtiments adéquats pour garantir la santé et l’hygiène lors de la production, le matériel de stockage, de conservation, de transformation et de transport des produits avicoles.

En outre, l’accompagnement des autorités est jugé insuffisant pour juguler l’anarchie dans le circuit de distribution. Ce qui favorise la concurrence déloyale exercée par des importateurs de poulets congelés d’origine douteuse et à très bas prix, malgré l’interdiction par un arrêté interministériel (Arrêté Interministériel N°09-1651/MIIC-MEF-MEP-MSIP du 08 Juillet 2009).

Enfin, l’insuffisance de sites appropriés de productions avicoles pour y installer des unités de production modernes, est un handicap important.

Profitant de cette visite du Ministre Tounkara, les professionnels de la filière réunis au sein de la Fifam avaient posé leurs doléances : obtenir une parcelle pour abriter le siège de  la Fédération, avoir un centre de formation pratique en aviculture, mettre en place un système d’information sur les marchés, implanter  une unité centrale industrielle de fabrique d’aliment pour la volaille  (cédé à un coût favorisant la compétitivité des agriculteurs), la création d’unités de transformation et de commercialisation, parmi tant d’autres doléances. Il s’agit de tout ce qui permet d’obtenir une meilleure organisation de la filière en vue d’en faire   un vrai créneau de création d’emplois et un levier de développement économique. Ce qui est réalisable au vu des potentialités de la filière avicole du Mali.

Selon la FAO qui a consacré une étude à l’aviculture au Mali dans le cadre de ses revues annuelles, en dix ans, soit entre 2002 et 2012, le Mali a connu une nette progression dans la production de viande de poulet, mise à part la forte baisse de production en 2006, à la suite de la «psychose » de la grippe aviaire qui a régné dans le secteur.

Sur la base des estimations de la Direction nationale des productions et des industries animales (DNPIA) en 2012, l’effectif des volailles est constitué d’environ 42 millions de têtes : environ 38,5 millions de volailles de races locales et près de 3,5 millions de volailles modernes.

Quant à la production de viande de volailles en 2012, selon la revue de la FAO, elle comprend : d’abord, le nombre de poulets traditionnels consommés annuellement et qui se chiffrent à près de 12 millions et demi (12 340 453). Il s’agit du nombre de volailles vendues dans les différents marchés et foires au Mali, selon un rapport DNPIA en 2012. Ce qui correspond à 12 340 tonnes de viande (avec un rendement carcasse de 1 kg). Ensuite, le nombre de poules de réforme provenant des élevages de ponte (500.000 poules) soit 600 tonnes de viande (avec un rendement carcasse de 1,2 kg) et enfin le nombre de poulets de chair dérivés des importations et des couvoirs locaux: environ 2 500 000 poussins dans l’année; en tenant compte d’un taux de mortalité pendant l’élevage de 5% et d’un rendement carcasse de 1,5 par sujet, la production annuelle en viandes de poulets de chair s’est élevée à 3 560 tonnes.

La consolidation de ces données aboutit à une offre de 16 500 tonnes de viande de volailles (cette production ne concerne que la production commercialisée, elle ne prend pas en compte l’autoconsommation au niveau des producteurs). Cela fait une contribution de 29,11% que les volailles apportent dans la production totale de viande au Mali estimée à 56.685 tonnes toutes viandes confondues, selon toujours la DNPIA.

En ce qui concerne la production d’œufs, le cheptel de poules pondeuses se chiffrait à environ 1 million de sujets en 2013. En tenant compte des paramètres zootechniques suivants : taux de mortalité (10 %)  et production annuelle d’une poule par an 250 œufs, le Mali peut atteindre une production totale annuelle de 225 millions d’œufs.

Ce qui équivaut à peu près (avec un poids moyen de 50 grammes par œuf) à une production annuelle de 11 250 tonnes d’œufs pour le secteur moderne, non comprise la production d’œufs de pintade du secteur traditionnel.             Comme indiqué par Sangaré (2005) dans sa monographie sur l’aviculture traditionnelle en Afrique de l’Ouest (cité par la FAO), la population de la volaille locale est constituée de poulets pour près de 80 % et de pintades à environ 18 % ; le reste est constitué de canards, de dindons et de pigeons. Le cheptel de pintades au Mali pourrait être estimé à environ 6 millions de têtes. Comme l’a encore démontré l’étude de la FAO, en se basant sur les trois paramètres zootechniques suivants: sex-ratio (50%); taux de mortalité annuel (10%) et une période de ponte de Juin à Octobre, le nombre d’œufs pondus par pintade en saison de production serait de 90 œufs, soit pour les 2,7 millions de femelles, une production annuelle de 243 millions d’œufs de pintade.

Environ 60 % de la production sont réservés à la reproduction et 40% à la vente ; ce qui représente 97 millions d’œufs de pintades disponibles pour la consommation humaine. Avec un poids moyen de 30 g l’œuf, le poids de la production annuelle d’œufs de pintade s’élèvera à 2.910 tonnes. La production totale d’œufs de consommation humaine sera de 322 millions d’unités pour un poids total de 14.160 tonnes.

La production commerciale des poulets de chair (estimée à près de 3560 tonnes (DNPIA 2012) et les poules de réforme (pondeuses 600 tonnes) sont consommées en partie par le secteur de la restauration (à côté de l’apport du secteur avicole familial 12 340 tonnes) (DNPIA 2012).

Il est actuellement difficile de dire avec exactitude le chiffre d’affaires consolidé de la filière, faute d’une documentation fiable. Mais déjà en 2005, il dépassait  25 milliards de Francs CFA, comme le laisse entendre la FAO qui précise, toujours dans sa revue annuelle sur le Mali de l’année 2013 : « Ce qui semblait bien correspondre à la 5ème place occupée à l’époque par la filière avicole du Mali dans sa contribution aux 200 milliards de Francs CFA de chiffres d’affaires rapportés pour l’ensemble de la zone UEMOA ».

Amadou Bamba NIANG

Source : L’Actu- Economie

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