La célébration de l’Aïd el-Kébir, fête la plus importante pour les musulmans, représente un coût souvent lourd à supporter pour les familles musulmanes. Alors que débute le 15 octobre cette fête de trois jours qui marque la fin du pèlerinage à la Mecque, certains se serrent la ceinture tant le prix du mouton, l’aliment traditionnel, est élevé. Passage en revue de la situation dans différents pays.
France : 280 euros le mouton
En France, la crise économique et les restrictions en matière d’abattoirs ont contribué ces dernières années à la hausse du prix du mouton. “Entre 10 et 15 euros de plus par an”, précise M’Hammed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, contacté par FRANCE 24. “Mais cette année, contrairement à ce que l’on redoutait, le prix a stagné, le mouton coûte 280 euros, comme l’an passé”, ajoute-t-il.
Un coût dur à supporter pour beaucoup de familles. “La communauté musulmane fait partie de la classe populaire ouvrière en France. Les musulmans sont donc beaucoup plus touchés par la crise que d’autres couches de la société. Cette année, les gens ont attendu le dernier moment pour commander leur mouton, contrairement aux autres années,” poursuit M’Hammed Henniche, interprétant cette réticence comme une preuve de difficultés financières.
“Nous constatons, par ailleurs, davantage de dons aux plus démunis,” observe-t-il. Le mouton dégusté pendant l’Aïd est divisé en trois parties : un tiers pour la famille qui l’a acheté, un autre tiers pour les voisins et le dernier pour les plus pauvres.
Maroc : des crédits à la consommation pour acheter un mouton
Au Maroc – où un mouton coûte entre 130 et 450 euros alors que le salaire moyen net s’élève à 400 euros -, l’achat de la pièce maîtresse du repas de l’Aïd est devenue une véritable compétition, explique Brahim Benjelloun, journaliste à Medi1 TV contacté par FRANCE 24. “C’en est à qui achète le plus gros mouton ! Même si les gens n’ont pas beaucoup d’argent, ils préfèrent s’endetter plutôt que ne pas sacrifier l’animal. Ce qui est aberrant étant donné que ce sacrifice n’est pas obligatoire dans l’islam”, déplore-t-il, expliquant que l’augmentation du gazoil dans le pays, et de fait la hausse du prix du transport, se sont répercutées sur le prix du mouton.
Ainsi, les crédits à la consommation se sont multipliés depuis quelques années dans le pays. “Les gens s’endettent sur des périodes allant de un an à trois ans”, commente pour sa part Omar El Hyani, blogueur résidant à Rabat.
Égypte : un mouton pour cinq familles
En Égypte, l’instabilité économique pousse beaucoup de familles à renoncer à cet achat. Certaines, parmi les plus démunies, optent pour l’acquisition d’un mouton en commun avec d’autres personnes, allant parfois jusqu’au partage d’une bête entre cinq familles. Selon le journal saoudien “Alriyadh”, d’autres encore louent un mouton pour la journée “pour faire plaisir aux enfants.”
Soudan : une dépense impossible
Au Soudan, l’un des pays les plus pauvres du monde, les prix ont explosé, notamment ceux du carburant, et l’inflation est passée de 23 % en août à 29 % en septembre. Le mouton coûte désormais autour de 1 000 livres soudanaises (environ 168 euros), une dépense impossible pour beaucoup. “Pour l’Aïd normalement nous devons acheter beaucoup de choses, mais tous les prix ont augmenté. Ce ne sera pas comme avant”, explique à l’AFP Hannan Jadain, vendeur de thé dans le sud de Khartoum.
Employé d’une entreprise privée, Essam Mohammed Hassan a dû lui limiter ses dépenses et renoncer au traditionnel voyage de visite à sa famille à l’occasion de l’Aïd.
SOURCE : France 24