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Faux médicaments en Afrique : « L’initiative de Lomé » pour renforcer et coordonner la riposte contre le fléau

A l’initiative de la Fondation Brazzaville et à l’invitation  du président togolais Faure Gnassingbé, un sommet spécial de Chefs d’Etat africains se tiendra à Lomé les 17 et 18 janvier 2020 et portera sur la lutte contre le trafic des faux médicaments sur le continent. Cette rencontre internationale marquera le lancement de « l’Initiative de Lomé » qui se veut un accord intergouvernemental qui engage les Etats à criminaliser et à mieux collaborer dans le cadre de la lutte contre le trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés.

Au moins six Chefs d’Etat et leurs délégations sont annoncés à Lomé en janvier pour le Sommet sur la Lutte contre le trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. Outre Faure Gnassingbé, hôte de cette assise, seront présents, Macky Sall du Sénégal, Issoufou Mahamadou du Niger, Adama Barrow de Gambie, Yoweri Museveni de l’Ouganda et Denis Sassou Nguesso du Congo. Face au drame humanitaire que causent les faux médicaments sur le continent avec près de 900 000 décès dont 120 000 enfants chaque année, « il est temps d’agir », selon le président togolais qui a publié à cet effet une tribune dans la parution du 20 décembre dernier dans Jeune Afrique. « Il est temps d’agir ! C’est une ardente obligation. D’abord parce que les victimes se comptent par centaines de milliers chaque année, et que beaucoup d’enfants sont concernés. Ensuite, parce que ce trafic ne cesse de croître, le mal progresse et s’étend partout. Une nécessité, aussi, parce que ce trafic est l’une des sources du financement de la criminalité internationale, notamment du terrorisme, qui fait de trop nombreuses victimes en Afrique mais aussi à l’échelle de la planète » a écrit Faure Gnassingbé.

Pour le dirigeant, « le trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés est un scandale humanitaire qui se déroule chaque jour ; il touche des millions de personnes, soit indirectement parce que ces médicaments ne soignent pas ceux qui croient se soigner, soit directement parce que les produits utilisés falsifiés tuent ».  Pour renverser la tendance, il annonce que « les présidents de six pays d’Afrique – de la République du Congo, du Ghana, du Niger, de l’Ouganda, du Sénégal et moi-même – avons décidé de lancer une initiative africaine pour changer la donne en Afrique ».

Il s’agit de l’initiative de Lomé portée par la Fondation Brazzaville dirigée par Jean-Yves Ollivier. Il déclare pour sa part que : « La prédominance de faux médicaments est une crise de santé publique que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer. Des personnes partout dans le monde meurent encore chaque jour parce que ce fléau n’a pas été suffisamment considéré. Ce trafic abject génère d’énormes profits pour les criminels et les terroristes, déstabilisant certains des pays les plus fragiles. C’est pourquoi nous sommes fiers de développer l’Initiative de Lomé. Nous devons tous prendre position contre ce fléau, et j’espère que l’engagement politique de ces six chefs d’État africains poussera d’autres dirigeants à se joindre à notre combat ».

L’initiative de Lomé a en effet pour vocation de s’étendre au reste du continent africain avec pour but renforcer et coordonner la lutte contre le trafic de médicaments, et autres produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. Dans la capitale togolaise, les participants signeront une Déclaration politique et un Accord-cadre avec un calendrier clairement défini qui  permettront : d’introduire rapidement de nouvelles législations visant à criminaliser le trafic de manière harmonisée ; de signer et ratifier la Convention Medicrime et la Convention de Palerme contre la criminalité transnationale organisée ;  de mettre en place des mécanismes afin d’assurer l’application rigoureuse de la nouvelle législation pénale au niveau national et une coopération renforcée entre les Parties.

Pour coordonner le suivi et le pilotage des accords, trois organismes impliquant directement les États signataires seront créés : la Conférence des Présidents ; la Commission intergouvernementale; composée des directeurs généraux des comités nationaux, d’un représentant de la Fondation

Brazzaville et d’un commissaire général qui sera nommé par la Conférence des Présidents pour l’animer et les Comités nationaux; établis par les Chefs d’État et directement sous leur autorité, ils comprendront deux entités: un groupe de travail opérationnel et une unité d’évaluation et de contrôle.

L’initiative de Lomé vise également à « alerter les décideurs internationaux et l’opinion publique du monde entier pour prendre à bras-le-corps ce combat, d’impliquer tous les acteurs possibles, de coordonner les actions des ONG, des entreprises, des organisations internationales et des États pour que ce drame humain cesse enfin » a indiqué Faure Gnassingbé.

S.B.

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