Plus de 3.000 espèces animales au Mali sont sérieusement menacées d’extinction à cause notamment du braconnage et du commerce illicite d’animaux sauvages. Du moins, si l’on en croit la direction générale des eaux et forêts, qui plaide pour “une nouvelle approche” contre ce phénomène qui prend de l’ampleur.
Le Mali ne touche aucun océan et aucune mer. Il compte cependant quelques grands lacs tels que le lac Faguibine dont la superficie est de 860 kilomètres carrés ou encore le lac Niangay. Aussi, le Mali est traversé par le fleuve Niger ou encore le Bani. Ces milieux aquatiques lui permettent d’héberger une faune rare comme la tortue sillonnée, la sarcelle marbrée, la tortue à clapet du Sénégal…
Le Mali dispose de parcs naturels tels que la réserve partielle de faune D’Ansongo-Menaka ou encore le parc national de la Boucle du Baoulé. On y retrouve plusieurs espèces végétales et animales menacées dont le mouflon à manchettes, le calao à casque jaune, l’éléphant d’Afrique…
« À l’heure actuelle, plus de 3.000 espèces animales et 16.000 espèces végétales sont sérieusement menacées d’extinction », averti un document de la direction des eaux et forêts.
Certaines espèces ont disparu suite au changement intervenu dans leur milieu naturel, d’autres disparaissent ou sont menacées parce que l’Homme perturbe leur habitat, ou en raison de la chasse ou du braconnage. Soulignant la richesse biologique du Mali considérée comme élevée à l’échelle régionale et mondiale, le document relève néanmoins que « l’état de conservation de notre patrimoine faunistique reste préoccupant » et un déclin des populations est observé en raison du réchauffement climatique, des feux de forêt, du commerce illicite des animaux ainsi que le braconnage.
Outre l’extinction de certaines espèces animales, le trafic illégal d’espèces sauvages présente des risques pour la santé sur le plan mondial, puisqu’il peut être vecteur de maladies mettant en péril à la fois l’homme, le bétail et les écosystèmes. Selon la direction des eaux et forêt, plusieurs mesures ont été prises pour faire face à cette situation dont la mise en place d’un arsenal juridique assurant la protection et la préservation du patrimoine faunistique en interdisant toute forme de braconnage ou de commerce illicite, notamment pour les espèces à haute valeur patrimoniale.
Au plan international, le Mali a adhéré à la convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvage menacée d’extinction.
Nouvelle approche contre le braconnage et le commerce illicite
Le document plaide que l’impulsion d’une nouvelle dynamique à l’échelle internationale pour la protection du patrimoine s’avère “nécessaire” moyennant une synergie et une implication “forte” de la part des différentes plateformes internationales dédiées à ce domaine. Avant d’insister qu’il est temps d’adopter une nouvelle approche contre le braconnage et le commerce illicite d’espèces sauvages, en incitant toutes les parties prenantes à faire de cette préoccupation une priorité absolue.
Au plan national, les mesures et actions à entreprendre, conformément, à la législation en vigueur “doivent placer la nécessité d’une protection intégrale de notre patrimoine biologique comme priorité absolue” dans la stratégie que mène actuellement l’État en matière de conservation de la faune et de la flore, selon la Direction des eaux et forêt.
Au Mali, une liste de 23 espèces menacées d’extinction a été déjà publiée dans une loi en 2006, relative à la protection et à la préservation de certaines espèces animales menacées de disparition, alors que 226 espèces protégées disposent d’un statut particulier. Dans sa lutte contre le commerce illicite et le braconnage, la Direction des eaux et forêt a saisi 15.774 animaux entre 2011 et 2016 et répartis sur 15 espèces notamment des oiseaux dont la première espèce est le vautour à tête blanche. Le plus grand nombre de cet oiseau appartenant à la famille des charognards a été saisi dans la région Ouest du pays principalement à Kayes où il fait objet d’un “grand trafic” sur les frontières Mali-Mauritanie.
Un nombre important de faucons et de chimpanzés communs a été également saisi, selon le bilan des forestiers. Il s’agit aussi du faux gavial d’Afrique (une espèce de crocodilien) et de la gazelle Dama qui subit un grand braconnage au niveau des frontières Mali-Sénégal (son aire de répartition). Sa population est en déclin constant.
Pour lutter contre ce fléau, la Direction des eaux et forêt et la Gendarmerie nationale ont décidé d’élargir leur champ d’action, portant initialement sur la lutte contre les feux de forêt, pour conjuguer leurs efforts afin de lutter contre le braconnage des animaux sauvages.
En attendant, un atelier est nécessaire pour sortir un plan d’action qui permettra aux deux parties de fédérer leurs moyens afin de faire face à ce phénomène.
Arouna Traor