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Faits divers : LA PROVIDENCE VEILLAIT

Abandonné en pleine rue et en pleine nuit, le bébé a été miraculeusement secouru 

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L’exode rural est devenu au fil du temps un phénomène qui s’est tellement ancré dans la pratique malienne qu’on s’en émeut beaucoup moins qu’au moment où il faisait son apparition. Ces derniers mois il suscite pourtant une émotion plus perceptible. Mais cela est principalement dû à la ruée des ruraux vers les placers un peu partout dans les régions du sud de notre pays. La saignée subie par certains villages est telle impressionnante à cause de la fièvre de l’or que ces localités sont devenues des agglomérations fantômes, habitées majoritairement par les personnes âgées et les jeunes enfants.

Il y a quelques décennies, le départ des jeunes gens de leur terroir natal était vécu sans trop de vacarme. L’exode était accepté comme le seul vrai remède  au chômage des jeunes garçons dans les coins de brousse. Les intéressés quittaient leurs villages pour se rendre dans les grandes villes du pays, principalement dans la capitale à Bamako. Une fois arrivés sur place, la plupart de ces jeunes gens n’avait plus qu’une seule obsession : tout mettre en œuvre pour éviter de retourner bredouille au village. Pour écarter ce scénario catastrophe, ils accumulaient tous les petits boulots qui leur tombaient sous la main afin de pouvoir honorer leurs familles respectives à leur retour au village.

Le temps passant, toujours dans le même registre de l’exode des jeunes, un autre phénomène semble avoir pris le pas sur le premier que nous venons d’évoquer. Il s’agit de celui des aides ménagères, que la plupart des familles employeuses désignent sous la dénomination de « bonnes ». Là aussi, les contingents ont explosé avant que les sites aurifères n’attirent un nombre de plus en plus important de jeunes paysannes. Comme les jeunes garçons, ces très jeunes filles émigrent aussi vers les villes pour des raisons purement économiques. Elles arrivent à la recherche de fonds qui leur permettraient de constituer leurs trousseaux de mariage.

NE PAS SALIR L’HONNEUR DE LA FAMILLE. Nombre de ces filles représentent une vraie providence pour les familles de leurs employeurs. Cependant à l’approche de l’hivernage, une grande partie d’elles font le choix de retourner au village pour diverses raisons. Certaines doivent se marier, pendant que d’autres se font un devoir d’aider leurs parents pour les travaux champêtres durant les trois mois de la saison des pluies.

Malheureusement, il arrive que les projets de retour soient contrariés par une raison qui se rencontre de plus en plus souvent. Durant leur séjour citadin, nombre de ces filles succombent aux tentations de la grande ville. Conséquence, elles contractent des grossesses non désirées. Dans la plupart des cas, ces bonnes qui tombent enceintes à Bamako ne peuvent pas du tout ramener avec elles leur enfant au village. Cela pour ne pas salir l’honneur de leur famille et pour ne pas devenir la pestiférée du village. Certaines – la minorité – choisissent de garder leur progéniture. D’autres, par contre, cherchent à se débarrasser par tous les moyens de leur progéniture. D’où la multiplication des cas d’infanticide ou d’abandon d’enfant ici et là à Bamako.

Pas plus tard qu’hier nous avons relaté dans les colonnes de cette même rubrique une histoire d’abandon d’enfant. Aujourd’hui, c’est un autre cas très différent qui fait l’objet de notre fait du jour. Les deux cas se rejoignent dans l’acte commis. Parce qu’il s’agit d’enfant abandonné. Mais ils diffèrent totalement en ce qui concerne le profil des auteurs. Dans les deux affaires, les mères sont des jeunes filles certes. Mais l’auteur du premier cas est une élève de second cycle du fondamental, donc une jeune personne d’un certain niveau d’instruction. Alors que dans le cas d’aujourd’hui, il semble selon tous les indices recueillis qu’il s’agisse d’une bonne.

UN MAXIMUM DE CHANCES. « Il semble », parce que la coupable n’a toujours pas été retrouvée. Depuis plusieurs jours déjà, le chef du poste de police de Faladié, l’inspecteur principal de police Moussa Traoré a sous la main le dossier de cette affaire et son intime conviction est faite quant au profil de la responsable de l’abandon. Les limiers nous ont assuré qu’ils feraient de leur mieux pour mettre la main sur la mère indélicate qui s’est débarrassée de son enfant âgé de quelques semaines, en pleine rue en début de nuit. Les faits se sont passé il y a environ une dizaine de jours à Magnambougou en Commune VI du District de Bamako. Partant de son expérience et vu que la période du retour des bonnes s’approche avec les premières pluies que le pays vient de connaître, l’inspol Moussa Traoré demande aux employeurs des aides ménagères d’être beaucoup plus de vigilants, surtout concernant les cas d’abandon d’enfants dans la rue, cas dont ces filles se rendent fréquemment responsables.

Revenons-en aux faits proprement dits. Ce jour là, donc aux environs de 21 heures 30, un citoyen vivant à Magnambougou se chargea de mettre la puce à l’oreille aux policiers du poste de Faladjé, poste qui relève de l’autorité du 7ème arrondissement à Sogoniko en Commune VI. L’informateur informera le chef du poste l’inspol Moussa Traoré de la découverte d’un nourrisson abandonné dans la rue à Magnambougou. Le nouveau né de sexe féminin était emmitouflé dans un pagne. La personne qui avait abandonné le bébé avait déposé ce dernier dans sa couverture derrière la concession d’un habitant de la zone avant de disparaître sans laisser de trace. Cependant, tout portait à croire que l’auteur de l’abandon avait sciemment agi pour donner à l’enfant abandonné un maximum de chances d’être récupéré par des personnes au grand cœur qui accepteraient peut-être de lui donner un vrai foyer. En effet, le lieu où l’enfant avait été abandonné était contigu à une des auberges qui pullulent dans le quartier et qui sont très fréquentées, surtout au milieu de la nuit.

Pourtant le calcul de la mère a failli être faussé. En effet, plusieurs personnes passèrent  près de l’enfant sans se douter de rien. En outre plus l’obscurité s’installait, moins il y avait de passants dans la rue. Fort heureusement la Providence a veillé sur l’innocente. Alors que la nuit était bien tombée, deux personnes qui se promenaient en bavardant eurent leur attention attirée par de faibles pleurs de bébé. Elles s’arrêtèrent pour tendre l’oreille et à ce moment l’enfant réagit comme s’il savait qu’il avait une chance d’être sauvé. Il se mit en effet à vagir de toute la force de ses poumons. Ce fut ainsi qu’il fut repéré par ses deux sauveteurs.

UNE SCÈNE ÉTRANGE. Comme c’est le cas généralement dans ce genre de situation, le bouche à oreille se chargea du reste. La nouvelle commença à se répandre dans le secteur comme une trainée de poudre. Une foule de curieux se rassembla en un temps record autour du petit être qui ne cessait de pleurnicher. Le bébé fut recueilli par une bonne volonté qui accepta de s’en charger le temps que les services compétents interviennent. Les plus averties des  personnes présentes avaient déjà appelé les agents de la protection civile du centre de secours de Sogoniko. D’autres eurent le bon réflexe de toucher les policiers. Le premier d’entre eux était le fameux informateur dont nous parlions plus haut. Les policiers sont en effet incontournables pour la gestion de la suite des événements. Car tout abandon d’enfant fait l’objet d’une enquête.

C’est ainsi que les limiers du 7ème arrondissement ont pris en charge le dossier. Le délégué du poste de Faladiè, l’inspol Moussa Traoré, qui était de garde ce jour là, s’est rendu sur le terrain accompagné de certains de ses éléments. Pendant que les policiers et les sapeurs pompiers s’activaient à trouver un endroit approprié pour mettre le bébé à l’abri, une scène étrange se produisit. Comme sortie de nulle part, une femme se présenta avec une sollicitation inattendue. Elle demandera aux policiers de lui accorder la garde de l’enfant qui venait d’être retrouvé abandonné dans la rue. Les limiers lui expliquèrent que les choses étaient loin d’être aussi simples qu’elle ne l’imaginait.

La bonne dame dans un premier temps ne voulut rien comprendre. Elle réitéra sa demande avec insistance sans pouvoir donner une explication claire quant à sa motivation. Les policiers s’armèrent donc de patience pour la convaincre qu’un bébé ne se confiait pas ainsi et que son adoption se faisait au bout d’une procédure longue et méticuleuse. Poussant un profond soupir de déception, la demanderesse fit signe qu’elle avait compris. Elle se retira des lieux, la mort dans l’âme. Ensemble les policiers et les agents de la protection civile se sont chargés de transporter le bébé à la Pouponnière à Bamako-coura, la structure qui a en charge d’accueillir les enfants abandonnés.

L’inspol Moussa Traoré a lancé un appel aux employeurs pour qu’ils montrent beaucoup plus de vigilance en cette période où nombre de bonnes sont appelées à retourner au village. Quant aux autorités, celles-ci doivent sensibiliser et essayer de dissuader les auteurs potentiels (les bonnes surtout) de tels actes. Celles-ci doivent surtout savoir qu’abandonner un bébé est un acte qui peut être lourdement sanctionné. L’annonce du châtiment pourrait freiner certaines. Dans certains cas, la crainte peut inspirer un début de sagesse.

MH.TRAORÉ

source : essor

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