La principale suspecte était une récidiviste qui n’était pas prête à abandonner la vente de produits stupéfiants. Elle avance des raisons de famille pour justifier son acte
Depuis le début de l’opération « Founou-Founou », dont l’objectif est d’assainir le secteur relevant du commissariat de police du 3ème arrondissement, la pression n’a pas faibli sur les malfrats de tout acabit. Après les petits délinquants qui perturbaient le sommeil des populations des quartiers concernés, le commissaire Sadio K. Tomoda et ses éléments se sont attaqués aux vendeurs, revendeurs et/ou consom-
mateurs de stupéfiants des dites zones ; à savoir Bagadadji, Bozola, Niaréla, Médina-coura, etc.
Le résultat est jugé satisfaisant, car les limiers ont démantelé un réseau de trafiquants et de consommateurs de drogue dont des jeunes dames. Comme pour prouver que cette activité est loin d’être l’apanage de la seule gente masculine. L’opération policière qui a abouti à cela s’est déroulée à Bagadadji, en plein centre de la Commune II du District de Bamako.
Le réseau se composait de cinq individus qui, outre la consommation de drogue, vivaient également de son commerce. Il sagit de FK dit « Merma » (vendeuse), AT alias « Fantis » (dealer et revendeuse), BC dit « Wesch » (consommateur), AS alias « Tosch » et SD dit « Sy », tous deux livreurs. Les éléments du réseau ont entre 18 et 27 ans. Selon nos sources, « Merma » est mariée et mère de deux enfants. Parallèlement à sa vie de femme de ménage, elle est une véritable « baronne » de la drogue, selon le mot employé par nos amis policiers qui ont traité leurs dossiers.
C’est la principale raison qui fait d’ailleurs qu’elle entretenait une étroite relation avec « Fantis », l’autre dame du groupe, qui s’avèrera être une revendeuse de drogue sans vergogne. « Fantis » est reconnue pour son efficacité dans le domaine. Elle avait su constituer toute une chaîne autour d’elle pour écouler rapidement les quantités de drogue qui lui étaient envoyées par sa patronne et complice « Merma ». Durant des semaines et des mois, tout marchait comme sur des roulettes, car nos deux jeunes dames animaient le réseau de la façon la plus régulière et efficace sans la moindre crainte.
Ainsi, pour le succès de leur collaboration, « Merma et « Fantis » avaient élaboré une stratégie qui leur permettait de servir leurs clients, même en présence d’un intrus sans que ce dernier ne se rende compte de rien dans leurs gestes de la vente des drogues dures, dérivées de la cocaïne et de l’héroïne telles que les « cailloux » et autres « off ».
Tout laisse à penser que les deux jeunes dames étaient les principales animatrices du réseau qui a finalement été défait, il y a quelques jours par les policiers du 3è arrondissement. Il s’est d’ailleurs avéré qu’en plus de la vente, le duo consommait également les produits prohibés sans se soucier outre mesure. Les policiers étaient bien renseignés sur le réseau avant qu’ils ne s’y attaquent pour le défaire.
Pour y parvenir, ils ont sollicité et obtenu la collaboration des populations. Notamment celles du quartier Bagadadji où le réseau était basé, et d’où il menait ses activités. C‘est à cause de cela d’ailleurs que le citoyen lambda a pris contact avec les limiers pour décrier le comportement de ces deux dames qui constituaient un danger pour les jeunes du quartier. Cependant, bien avant ce plaignant, d’autres l’avaient précédé pour le même but. Ils avaient tous unanimement dénoncé la présence d’un réseau de vente et de consommation de produits stupéfiants dans leur quartier.
C’était suffisant pour qu’une équipe de la Brigade de recherches, dirigée par le capitaine de police Youssouf Coulibaly, monte le guet devant l’antre de Merma, la patronne. C’était en plein jour, le 30 juillet dernier. Ce jour-là, aux environs de 13 heures, les policiers étaient aux aguets. Dans cette attente, leur attention a été attirée par un mouvement inexpliqué de va-et-vient dans la cour de la dame suspectée. Parmi ceux qui allaient et venaient, ils ont constaté la présence d’une autre dame. Celle-là même qui a été identifiée plus tard comme AT alias « Fantis ».
Les policiers de la Brigade de recherches ont attendu pour la prendre les mains dans le sac. Dès qu’elle est ressortie de la cour de sa « patronne », elle a été cueillie en possession d’une certaine quantité de drogue. Plus précisément, elle détenait deux boules de « cailloux », dérivé de la cocaïne, et autant de « Off », dérivée de l’héroïne. En plus, les limiers l’ont fouillé pour trouver une pipe avec elle. C’était suffisant comme preuve pour la conduire directement dans les locaux du commissariat de police.
Sommairement interrogée « Fantis » a reconnu sans détour, les faits qui lui étaient reprochés. Mieux devant les officiers de police judiciaire, elle a dénoncé la vendeuse «Merma» qu’elle a qualifiée d’être la principale fournisseuse de nombreux clients. Cela par le biais de ses propres enfants adoptifs SD dit «Sy» et AS alias «Tosch».
26 boules de « cailloux » et 8 de « off »- Pour se défendre, la suspecte a déclaré n’être qu’une simple consommatrice de drogue. Durant son audition, la jeune fille a expliqué en détails les raisons qui l’ont amené à se droguer depuis à bas âge. Elle a expliqué les raisons pour lesquelles elle est devenue accro depuis des années. Elle a dit que le jour où elle a été prise par la police, elle avait été envoyée par des connaissances pour leur acheter de la drogue et, elle en a fait d’une pierre deux coups en achetant pour elle-même. Par la suite, les policiers ont interpellé « Wesch » qu’elle avait dénoncé durant son audition.
Avec l’interpellation de « Fantis », des arrestations en cascade dans le milieu des vendeurs et/ou consommateurs de stupéfiants qui sévissaient dans certains quartiers de la Commune II du District de Bamako, ont été opérées, dont celles de « Merma », AS dit « Tosch » et SD alias « Sy ». Ils ont tous reconnu être des livreurs de drogue au service de « Merma ». Pour se défendre, cette dernière a évoqué des problèmes de ménage pour justifier sa participation à cette activité. Elle a expliqué pratiquer ce métier pour subvenir aux besoins de la famille en l’absence de son époux aventurier.
Les policiers lui ont apporté la preuve de son mensonge, car elle avait été prise pour les mêmes faits, il y a des mois, dès les premiers jours de l’opération « Founou-Founou ». Pour la dissuader de faire une activité illégale, le commissaire Tomoda lui a fait une sévère mise en garde. Sur ce point, la dame s’est défendue en soutenant qu’elle n’avait pas trouvé mieux pour nourrir sa famille.
Mais ces propos étaient insuffisants pour justifier son acte. Ainsi, une perquisition effectuée à son domicile a permis aux limiers de saisir 26 boules de « cailloux » (cocaïne) et 8 boules de « off » (héroïne). Après la clôture des dossiers, tous les membres du réseau ont été déférés devant le procureur général près du Tribunal de grande instance de la Commune II du District de Bamako, où ils doivent comparaître pour « détention, vente et consommation de produits stupéfiants ».
Yaya DIAKITÉ
Source : L’ESSOR